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Chronique de Concert

Ghost + Dead Soul

Ghost + Dead Soul  en concert

Le Bikini, Toulouse 1er décembre 2015

Critique écrite le par



En cette période où la laïcité fait débat dans notre pays, un petit détour par la ville Rose pour un concert mené par un Papa Emeritus troisième du nom ne se refusait pas. Pour notre part ce concert était le premier concert depuis les terribles attentats Parisiens et, impossible de s'y rendre sans une pensée hommage aux victimes décédées du Bataclan mais également à toutes les autres. Le meilleur hommage à notre sens étant de continuer à vivre nos passions alors nous décidons de profiter pleinement de cette soirée et retrouver nos amis du cru.
Une queue immense nous accueillera sur le parking du Bikini, reflétant l'engouement actuel pour nos amis Suédois. Saisis par le froid local nous ne traînerons peu dehors et c'est au chaud que nous attendrons le premier groupe de la soirée.




Dead Soul

Quel groupe peut donc ouvrir pour Ghost ? Nous nous sommes laissés la surprise de la découverte en live sans chercher à connaître le groupe avant le concert. Le plat d'entrée sera donc servi par Dead Soul, également Suédois. Un trio sans batteur composé d'un chanteur dandy chapeau visé sur la tête (Anders Landelius alias Slidin' Slim) accompagné de deux acolytes aux guitares déboulera donc sur scène.



Ambiance sobre et sombre, aussi bien dans la composition scénique des deux claviers situés de part et d'autre de la scène, que dans le jeu de lumières. Un mélange new wave électro planante blindée de samples animera la scène pendant une trentaine de minutes. Si le groupe n'est pas désagréable à écouter et colle plutôt bien à l'ambiance générale de la soirée, cependant, le public ne semblera pas plus conquis que ça.



Ils viennent présenter leur dernier projet intitulé The Sheltering Sky sorti en octobre dernier. Une découverte pas mauvaise en soi mais pas assez convaincante pour pousser la curiosité au-delà de la soirée malgré la motivation et le professionnalisme du trio.






Ghost

Alors que la scène se prépare pour la tête d'affiche de la soirée, une forte odeur d'encens se répand dans la salle, accompagné de chants grégoriens. Immersion totale oblige, le ton de la soirée est donné et deux bâtons d'encens brûlent allègrement de chaque côté de la scène histoire de nous titiller les papilles avant l'arrivée du plat de résistance. Les Suédois qui ont le vent en poupe en ce moment en France - une dizaine de dates sur la tournée, une semaine de programmation sur Canal + - sont ce soir dans la ville Rose pour leur premier passage dans le sud ouest de la France. Une messe qui réunira ce soir plus de 1000 fidèles au sein du Bikini. 21h30 passée de quelques minutes et enfin l'introduction "Masked Ball" (de Jocelyn Pook et thème musical du film Eyes Wide Shut) avec ses déclamations très religieuses annonce l'arrivée de Ghost.



Un public préchauffé et déjà en transe accueillera comme il se doit le groupe sur le titre "Spirit" extrait du dernier album. Le son est énorme, avec une basse très - voire trop ? - mise en avant, des guitares incisives et une batterie très puissante, la couleur est annoncée le groupe est là pour en découdre. Les Nameless Ghouls aux noms liés aux 5 éléments (Fire ghoul (alpha), Water ghoul, Air ghoul, Aether ghoul, (omega) Earth ghoul) et au nouveau look arrivent sur scène et première constatation : le fait d'avoir troqué les capuches pour des masques leur donne une liberté de mouvement qu'ils n'avaient pas avant, ils peuvent headbanger et sont plus libres de leurs mouvements, qui améliore grandement le jeu de scène et la communication non verbale entre le groupe et le public.



Les nouveaux masques des Ghouls sont superbes, à la fois intrigants et maléfiques. Papa Emeritus III quand à lui est beaucoup plus loquace que ses prédécesseurs et communique souvent avec le public en demandant sans cesse si Toulouse va bien. La scène, sobre, représente la pochette arrière du dernier album avec une fresque de vitraux. Terminé les rangées d'amplis "Orange", seulement place aux musiciens sur scène. "From The Pinacle to the Pit" également du dernier album met encore une fois la basse bien en avant et annonce également ce que l'on s'attendait : le dernier album est bien mis à l'honneur puisque 7 titres seront interprétés ce soir. Au groupe ensuite de balancer en 3ème et 4ème position les titres qui au début (tournée du 1ier album) étaient les 2 titres les plus mis en avant dans leur set comme pour dire que ce soir le Ghost actuel n'a pas tout dit et croit dur comme fer en ses compositions les plus récentes. Et en effet, passés ces deux titres, le groupe ne jouera plus que des morceaux des 2ème et 3ème album. Ghost a le luxe d'avoir en 3 albums un nombre de morceaux de qualité suffisant pour pouvoir déjà en leur courte carrière faire l'impasse sur les chefs d'œuvres d'hier. Ils n'interprètent plus sur cette tournée "Elizabeth", "Prime Mover" ou "Genesis". Ils se payent même le luxe de jouer l'excellent "Jigolo Har Megiddo" issu de Infestissumam en acoustique et au final le titre passe très bien.



Ghost fait ce qu'il veut pour sa première tournée en tête d'affiche et cela conforte son succès actuel. Avant d'interpréter "Body and Blood", un morceau sur les cannibales, Papa Emeritus III fera monter sur scène deux nonnes - gagnantes du concours organisé en amont - qui pendant le morceau seront descendront auprès du public. Ensuite le groupe enchaînera sur l'instrumental (très Alice Cooperien) "Devil Church" qui introduit la surprise du set : après ce morceau, Papa Emeritus reviendra habillé en redingote grande classe dans un look surprenant et beaucoup moins religieux que d'habitude. Un changement d'attitude ira avec ce changement de costume et notre frontman communiquera comme jamais sur les tournées précédentes avec le public, allant jusqu'à déverser un discours très porté sur le sexe, non sans une certaine touche d'humour.



Papa Emeritus III quitte un peu son poste Papal pour devenir frontman et emmener le groupe dans la deuxième partie du set. Les morceaux s'enchaînent et même les morceaux du dernier album sont des classiques instantanés, décidément Ghost brûle vraiment du feu sacré, et ce n'est pas le public qui chantant tous les refrains qui dira le contraire. Le public mange dans la main du pape quelle que soit sa tenue, une preuve que le groupe à réussi un joli pari et à su évoluer subtilement. Avant le morceau acoustique, le groupe amène des chandeliers sur scène afin de marquer un peu l'ambiance au coin du feu (ou au coin du cierge dans leur cas) et les fans présents n'ont pas manqué de réagir au quart de tour en entonnant un "joyeux anniversaire" repris en chœurs par une partie de la salle. Il faut croire que lumières éteintes + bougies déclenchent pour certain des souvenirs d'anniversaire chez Buffalo Grill, mais peine perdu car ce soir c'est la messe. La fin du set approche doucement et Ghost interprète l'excellent et planant "Ghuleh/Zombie Queen" avant de clôturer son set sur la reprise de Roky Erickson "If You Have Ghost". Le groupe sous les acclamations du public, ne quittera pas la scène avant d'interpréter l'ultime set du soir, un hymne à l'orgasme féminin - dixit notre frontman -, avec l'entraînant "Monstrance Clock" qui clôturera un set parfait. Une outro de Dead Can Dance nous sortira doucement de notre envoûtement nocturne.



Décidément, tous les ans Ghost enfonce encore plus le clou en live, ils prouvent avec cette tournée en headliner qu'il va falloir compter avec eux demain. D'ailleurs ils reviennent en France en février avec une nouvelle tournée de 7 dates et seraient co-headliner de King Diamond au Hellfest 2016 selon les récentes rumeurs. On ne peut que souhaiter que cela soit vrai !
Amen.



Intro : Miserere Mei, Deus (Gregorio Allegri song)
Masked Ball (Jocelyn Pook song)
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Majesty
Body and Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
Jigolo Har Megiddo
Ghuleh/Zombie Queen
If You Have Ghosts (Roky Erickson cover)

Monstrance Clock
Outro : The Host of Seraphim (Dead Can Dance song)


Remerciements : Le Bikini, Nous Productions et Replica Promotion.
Texte : Oso et Abigail
Photos : Abigail

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