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Interview The Stranglers

Interview The Stranglers en concert

l'Espace Julien Marseille 26 janvier 2009

Interview réalisée le 30 janvier 2009 par Jacques 2 Chabannes




" (Jean)Jacques The Strangler ! "

Bassiste et co-fondateur des Stranglers, Jean-Jacques Burnel (basse/voix) a la particularité de pouvoir manier indifféremment, langue de Molière et lignes de basse acérées : rencontre avec un " Homme en Noir " toujours très, très, en forme, surfant sur la vague d'une popularité retrouvée et d'un album ( Suite XVI) enfin au niveau de leur splendeur musicale passée...
L'Espace Julien est noyée sous des trombes d'eau, la petite troupe de Grands-Britons en transit se resserre frileusement autour d'un banal thé en sachets ! Tandis que le sévèrement " Burnel " avale un truc bien peu ragoûtant (avec du riz dedans !) debout, à la hâte, j'affûte mes questions, me bat avec mon parapluie, souffle sur les piles de mon MD encore humide des débordements du " dehors "...

J'ai été faire un petit tour sur le site Strangled.co.uk ce matin, afin d'y quérir des nouvelles fraîches vous concernant. J'y ai lu que vous travailliez sur des nouveaux morceaux entre les diverses dates, en vue d'un prochain album, Suite XVI datant déjà de 2006 ! Tu y décris par ailleurs l'un des titres, intitulé Goodbye , comme l'un des meilleurs que tu aies jamais composé...

JJ Burnel :
" C'est vrai... C'est son titre actuel de travail, mais, bon, ça pourrait changer, tu sais... Ça pourrait aussi bien être une " omelette aux champignons ", ou, je ne sais pas...

... Aux morilles !

JJ (sourire plaisir sous moue gourmande) :
... Aux morilles, oui, voilà, c'est encore mieux ! On commence juste à accumuler des idées, des morceaux, pour le prochain, mais... On n'a pas vraiment eu le temps de les répéter vraiment ou quoi que ce soit... J'accumule des idées, des morceaux. Je joue tous les soirs un petit peu, comme on fait d'habitude, quoi.

Ce ne sont encore que des titres de travail ?

JJ :
Ce sont des titres de travail, pour la plupart, même si certains des textes sont déjà faits entièrement, mais... Je me contente pour l'instant de les accumuler avant de les présenter au reste du groupe pour qu'ils y mettent leur touche...

Tu travailles toujours seul, comme ça, sur les titres de départ...

JJ :
Au début, oui. Ensuite, une fois que j'ai suffisamment confiance dans l'arrangement, dans la mélodie, je les présente au groupe et on les décortique ensemble, on voit alors ce que les autres peuvent y amener...

Vous avez toujours travaillé de la sorte, même avec Hugh Cornwell (guitariste/chanteur et co-fondateur du groupe).

JJ :
Avec Hughes, c'était différent. Hughes et moi, souvent on avait une idée... Ou chacun avait une idée... On passait alors des nuits à boire et à fumer ensemble, on se présentait les morceaux, on commençait à travailler dessus comme ça... Avant de les présenter finalement à Dave ( Greenfied /claviers) et Jet ( Black : batteur). Ça a donc toujours été un peu comme ça, oui, depuis le début...

Suite XVI date déjà de 2006... Je sais que la tournée à été et est encore longue, mais... Vous avez une date en tête, pour le prochain ?

JJ (fataliste du regard) :
J'aimerais bien le sortir en 2010... Mais, Suite XVI a été extrêmement bien reçu, comme jamais, même, mondialement, et, donc, depuis... Ça n'a pas arrêté...

La première fois où je l'ai écouté, justement, j'ai retrouvé mes sensations d'antan : j'avais carrément l'air benêt, j'arborais même un sourire béat en écoutant le début de l'album, surtout lors des deux premiers titres...

JJ (visiblement ravi) :
... Unbroken , et Spectre Of Love ...

Tu sais... Il me manquait toujours quelque chose, avec les albums des années 90'. J'avais perdu quelque chose, un contact, une envie... Que j'avais déjà un peu retrouvé avec Norfolk Coast , mais qui me manquait tout de même et que j'ai enfin retrouvé avec Suite XVI ! Est-ce que c'est quelque chose que tu peux comprendre, que tu as aussi ressenti ?




JJ (il se redresse, heureux) :
Tant mieux ! Oui, absolument ! La complicité qu'il y a entre Baz Warne (guitares/voix) et moi, ressemble un peu à celle que j'ai connue avec Hughes, au début, mais... Qui s'est perdue petit à petit à cause de la corruption.

Le succès ?

JJ :
Le mode de vie ET le succès ! Le succès et l'argent, ça corrompt. La grande déception avec Hughes, c'est qu'il voulait sonner de plus en plus commercial, maintenir le statu quo du moment, c'est-à-dire le succès, le luxe, et toutes les conneries qui vont avec... (œil dans le vague)... J'ai donc retrouvé une belle complicité avec Baz et le résultat de celle-ci, c'est Norfolk Coast et Suite XVI ... J'ai aujourd'hui quelqu'un sur lequel je peux m'appuyer, qui me renvoie les choses, j'ai toujours eu besoin de ça...

Tu ne l'avais donc pas avec Paul Roberts - chanteur du groupe après le départ de Hugh Cornwell, et jusqu'à Norfolk Coast - qui donnait plus l'impression d'être un chanteur, un " showman ", un " frontman ", qu'autre chose...

JJ :
Oui, c'est ça ! Je sentais pas les choses de la même façon avec lui... (Moment de latence, pour mieux choisir ses mots)... Bon... Il nous a bien aidé à une époque où ça n'allait pas, quand je tournais en rond, mais, en dépit des quinze ans qu'il a passé avec nous, il ne reste que quatre ou cinq bons morceaux, en tout... On fonctionne mieux à quatre ! Les Stranglers , ça a toujours été quatre !

Ce qui était bizarre, à cette même époque, quand on te voyais sur scène, c'était de ne pas te voir chanter, de te voir comme dans ton coin, mal à l'aise... Alors que tu as toujours chanté, en studio ET sur scène,

JJ (sourire aux lèvres) :
La période avec Hughes, je chantais un tiers de TOUS les morceaux... Je suis plus épanoui en chantant. On a finalement bouclé la boucle, aujourd'hui, et ça, ça me va.

Avec cet album, Suite XVI ... On a l'impression d'écouter un best of des Stranglers en un seul disque, de passer par tous les meilleurs moments du groupe en " ? " et quelques...

JJ (interrogateur du sourcil) :
Ha bon ? D'accord. J'y avais pas pensé, mais... Pourquoi pas, oui, c'est vrai, en un sens... C'est possible, mais... Ça n'a pas été fait consciemment !

On a les morceaux très classiques " rock " dont on parlait tout à l'heure : Unbroken , et Spectre Of Love ... Le morceau très polémique I Hate You ... Les très râpeux She's Slipping A way et Summat Outanowt ... Le magnifique et très classique Relentless ...

JJ :
C'est vrai que c'est très possible... Relentless est un très beau morceau. Il est costaud, je l'aime bien, oui...

Vous vous y êtes pris comment, avec Suite XVI ...

JJ :
On est parti sur la côte, tous les deux, isolés avec Baz. J'ai emmené toutes mes idées, pour les mettre dans la marmite commune... On a passé quelques mois en Cornouailles, en hiver, et c'est ce qui en est sorti...

Cette formule à quatre vous donne un côté plus dense, plus brut, on sent de nouveau un groupe qui avance ensemble... Ce qu'on ne sentait pas vraiment à l'époque de Paul, où on sentait plus un collectif d'individualités qui cohabitait...


JJ (content) :
Oui... C'est vrai ! C'est celle qui marche le mieux, en tout cas. C'est vrai que ça marche très bien pour nous en ce moment, partout... C'est incroyable... On joue très bien... Il y a également beaucoup de teen-agers qui nous suivent, qui viennent nous voir en concert, c'est fou...

Tu crois qu'elle vient d'où, cette " transmission ", cette passation d'une génération à une autre ?

JJ (bras écartés de surprise) :
Je ne sais pas. Peut-être à cause des deux derniers albums qui sont vraiment bons, et puis... Les jeunes recherchent des choses authentiques, loin du commercial, du business, c'est bien... C'est en tout cas bien pour nous. Mais je n'ai pas vraiment cherché à analyser pourquoi !

Pendant les 90's, quand vous étiez en rade, dans le creux de la vague, est-ce que l'Angleterre elle aussi vous a boudée, délaissée...

JJ (pale sourire) :
Il y avait toujours des fans hardcore, mais, bon... Pas beaucoup. C'était difficile. Les gens nous avaient abandonné, ça ne les intéressait plus, alors que, maintenant, c'est fou... On fait des chiffres qu'on n'a pas fait en 25 ans, c'est incroyable !

La tournée est très dense... Des dates partout...

JJ :
Tu sais, y'avait surtout pas de demande, pendant longtemps, c'est vrai qu'on n'a pas fait autant depuis très, très, longtemps. À l'époque, les promoteurs ne voulaient pas de nous, et puis les gens n'étaient pas intéressés. Tu sais... On a toujours eu mauvaise réputation, alors, ça n'a pas aidé non plus, mais, depuis quelques années, c'est comme si on était un nouveau groupe, en train de monter...

Vous faites des festivals, c'est toujours un signe de popularité, de demande populaire, ça...


JJ :
C'est vrai. On fait des grands festivals, et les commentaires, les papiers sont bons. À Hyde Park, par exemple, où nous avons joué juste avant Police... Les comptes rendus étaient cruels pour Police , du style : " les Police devraient prendre des cours à l'école des Stranglers ... ".

... Oui, mais, vous, vous ne vous êtes jamais arrêtés...

JJ :
On ne s'est donc jamais reformés, juste pour le fric !

Vous n'avez jamais dévié de votre trajectoire, ou peu...

JJ :
Oui. Et puis, on se parle toujours entre-nous, parce que, Police , par contre, et...

... Attends, attends ! J'ai des souvenirs d'une interview, à l'époque d' Aural Sculpture, ou, avec Hughes, c'était déjà pas la joie non plus...

JJ :
... C'est surtout vers la fin, que c'était comme ça, mais, bon... (Il réfléchit un court instant)... C'est vrai qu'il y avait déjà des trucs à cette époque, que ça c'était déjà refroidi ! Mais nous n'avons jamais été des caricatures, comme les Sex Pistols !

À ce propos, tu as eu récemment une passe d'armes avec John Lydon ( Johnny Rotten ! ).

JJ (œil malicieux) :
J'aurais bien aimé, mais... Quelqu'un m'a juste demandé ce que je pensais d'eux, j'ai dit que c'étaient des caricatures... Que c'était juste une blague, rien de plus ! C'est dépassé, c'est vieux, ça SONNE vieux, c'est une farce ! John a alors répondu " qu'est-ce que c'est que les Stranglers ? Ils n'ont jamais eu de vrai succès, ils ne sont pas comme nous, NOUS sommes de vrais punks ! " Quoi ? ! ! On était PLUS que punk. On avait une attitude plus punk que la leur, en tout cas, et...



... Musicalement ?

JJ (dur de l'iris) :
Quoi, musicalement ? Qui est-ce qui a fait les règles du punk ? Qui a dit, " il ne faut pas avoir de synthétiseur ! ", ou " il faut s'habiller de telle ou telle façon ! ", qui en a écrit LES règles ? Nous étions le seul groupe capable de faire À LA FOIS la première partie de Patti Smith ET des Ramones , pas les autres !

La plupart des groupes Punks ne savaient pas jouer, en plus...

JJ (il secoue la tête) :
On ne savait pas très bien jouer nous non plus, à l'époque, pas comme aujourd'hui (rires !). Ça m'a toujours paru bizarre, tu sais... Cette façon de faire, de classer, ce fondamentalisme Stalinien ! Moi, je voulais, explorer, essayer, ne pas rester figé dans le temps... On a eu ce luxe, plus que beaucoup d'autres groupes dans le monde. On a eu du succès, pas le très grand succès, c'est vrai, mais pas assez pour nous corrompre. On a donc pu expérimenter, faire des albums comme Feline , La Folie ... Des singles comme Peaches , Midnight Summer Dream ou Golden Brown , honnêtement, on ne dirait pas le même groupe, non ? On a pu et on peut encore le faire... On n'est pas stéréotypés !

Vous avez quand même fini par exploser au moment où vous aviez le plus de succès, avec Always The Sun , par exemple...

JJ :
Ça date même d'avant, en fait ! Le problème avec Hughes, c'est qu'il voulait avoir son propre styliste, qui lui dirait comment s'habiller, se comporter. Quand on a vu ses trois pages dans Cosmopolitain où il posait avec différents costumes, vêtements... Et puis... Il commençait à sortir avec des mannequins... Nous, le groupe, on se moquait de lui, on se demandait ce qu'il lui arrivait vraiment. Il voulait voir son nom dans les journaux, aller à tous les vernissages... C'était vraiment horrible à voir, maintenant, il joue devant vingt personnes...

Et vous ? Vous êtes toujours restés intègres...

JJ (il se redresse, se rapproche, me jauge le fond de l'œil) :
Main sur le cœur, je peux dire oui ! Plus ou moins, bien sûr... Mais nous sommes restés dans la ligne. Hughes ne voulait même plus parler avec les fans de la première heure ! Il était complètement corrompu par l'argent, par... Il y avait un morceau que j'avais écrit pour Ten mais qui n'est jamais paru, bref... La phrase disait " Jésus Christ n'était pas un chrétien, c'était juste un jeune garçon juif... ". Ce qui est totalement correct...

... Historiquement parlant !

JJ :
Oui ! Il n'était pas Chrétien ! La Chrétienté a été inventée 300 ans plus tard, et il prétendait pas l'être, c'était donc juste un bon petit juif... Hughes m'a tout de suite dit : " on ne peut pas faire, ça, parce que la maison de disque au USA ne va pas aimer ça... ".

Parce qu'il pensait qu'elle était tenu par des juifs, ou quelque chose dans le genre...

JJ :
Oui, peut-être... Mais aussi, par ce qu'il ne voulait offenser personne ! J'étais soufflé. D'abord, ce n'est pas offensif, agressif... Et puis, est-ce que c'est si grave, si on offense quelqu'un ? Qu'est-ce qui avait donc changé ? Ça m'a vraiment perturbé...
`




Pourtant, vous en aviez fait des conneries, jusque-là... Comme se faire jeter en prison à Nice !

JJ :
On a été plusieurs fois en prison, et pas seulement à Nice, d'ailleurs ! Ça m'a un peu déçu, de sa part... Et puis, je me suis toujours méfié du succès. Quand tu en as un, les maisons de disques, et pas qu'elles, te mettent la pression pour que tu répètes la même chose, ça n'a aucun intérêt. Tiens, Golden Brown , ils ne voulaient pas le sortir, et puis, quand ça a eu fait un succès mondial, ils nous ont dit " est-ce qu'on peut avoir la même chose ? ". On leur a alors donné un morceau en Français appelé La Folie , qui durait sept minutes... Juste pour mettre les choses au point ! C'est malsain, autrement.

Ça ne vous a pas mal réussi, non ?

JJ (torse bombé de fierté) :
C'est vrai ! Y'a combien de groupe qui sont encore côtés, 34 ans après leur formation, hein ? Y'en a pas tant que ça... Finalement, on n'a pas eu tort... Non ?

Vous vous permettez même de faire des choses assez étonnantes, depuis que vous avez retrouvé votre vitalité à quatre... Tu veux bien parler du Roundhouse ...

JJ :
Au Roundhouse , l'année dernière, c'était l'anniversaire des 30 ans, de... quand on avait battu les Rolling Stones et les Who pour le record des concerts joués consécutivement dans cette salle très côtée de Londres, en 77. On a retrouvé la setlist de l'époque et on a décidé de jouer les morceaux exactement dans le même ordre, au jour près, mais pas de la même façon, forcément, trente ans plus tard... Tout ça est sorti sur un DVD et ça a un bon son...

C'est en vente sur le site et au cours des concerts, sur les stands...

JJ :
On en a vendu beaucoup comme ça. De toutes façons, c'est le futur, le Net, donc...

Vous avez été parmi les premiers à faire un fanzine à destination des fans, à l'époque, très tôt, à le faire vous-même, à écrire dedans...

JJ :
Ça nous donnait une autre voix d'expression, une façon de nous expliquer, de nous excuser, d'apporter une autre version des choses, de rétablir des choses quand c'était nécessaire...

... Par rapport à la presse...

JJ :
Tu sais... On avait une très mauvaise presse, à l'époque : vis-à-vis du Clash et des Pistols ... Qui étaient adorés par la presse, eux !

Quelle différence fait-tu entre la version Internet et la version " papier " d'époque ?

JJ :
À l'époque, on y contribuait plus directement. Aujourd'hui, on n'écrit pas des articles pour la version du Web, mais c'est vrai qu'on peut toujours s'expliquer grâce à celui-ci, si on en a vraiment besoin... Et puis, les jeunes sont directement connectés au Web, c'est leur truc...

À l'époque, en tout cas, Strangled (le magazine) était une vitrine, quelque chose d'un peu à part, quelque chose qui comptait, alors qu'aujourd'hui, votre site est directement noyé dans la masse, perdu au milieu des millions et trillions d'autres... Ça change la donne, non ?

JJ :
Oui, c'est vrai. C'était vraiment cool, Strangled . Mais, tu sais, c'est un peu comme avec les téléchargements et les disques, la même différence ! Le vinyle, ou même le CD, avec tous les détails qu'ils contenaient sur les musiciens, leurs noms, le lieu d'enregistrement, les photos, et... Tu n'as plus ça aujourd'hui avec le Net.

... De toutes façons, je n'ai plus les yeux pour les livrets CD non plus ! Mes bras s'allongent désespérément dans le vide... Vive le vinyle !

JJ (il rit, mime la scène) :
À partir de 40 ans, les bras ne sont jamais assez longs pour arriver à lire... C'est inévitable ! Suite XVI est d'ailleurs sorti en vinyle, deux ou trois mille, je crois, d'après la demande... Spectre Of Love est aussi sorti en 45 tours ! S'il y a une demande, pourquoi ne pas continuer, autant le fournir dans le format dont ils ont besoin, beaucoup adorent le vinyle...

Vous avez beaucoup expérimenté sur scène... Avec une section de cuivres, des projections, un orchestre philharmonique...

JJ :
... En acoustique aussi ! J'aime beaucoup l'acoustique, en ce moment ! On en a enregistré un avec un percussionniste, qu'on vend sur la tournée, Live In Bruges c'est le meilleur live qu'on ai jamais fait, enregistré. C'était une belle soirée, on a joué comme des dieux, pour une fois... (Rires) ... Tout s'est bien articulé, tout... Tous ensemble, au même moment ! C'était une salle belle, incroyable, un peu comme un mini Albert Hall (salle de concert mythique, située à Londres !).

Vous aviez déjà sorti un enregistrement acoustique appelé Laid Black , qui, excuse-moi, mais... N'apportait pas grand-chose aux chansons originales, à mon sens...

JJ : (il opine du chef) :
Ça n'a rien à voir ! C'était pas terrible. Je ne l'aime pas beaucoup. C'était juste des versions acoustiques des morceaux ! Ça n'a rien à voir avec celui-là, le nouveau ! L'autre n'apportait rien de plus aux morceaux...

Surtout que certains des morceaux joués sur Laid Black , sont déjà semi-acoustique sur disque, ainsi que sur scène...

JJ :
Oui, oui ! Tu as raison ! Il n'apportait rien de plus aux morceaux... Rien ! Pas celui-là, pas le nouveau.

Tu as envie d'essayer autre chose, des jongleurs, des animaux virtuoses, des matériaux de récup', une chorale de banquiers en déroute...

JJ :
Pour les premières parties, pourquoi pas...

Autre problème vous concernant en partie, c'est le nombre insensé de compilations et " live ", qui sortent un peu partout, tout le temps, depuis près de quinze ans ! Difficile de vous suivre, de s'y retrouver... Est-ce que vous pouvez lutter contre ça ? Vous n'avez pas peur que ça vous décrédibilise...

JJ :
C'est un problème... Absolument ! Mais on ne peut rien faire à ce sujet-là ! Rien ! Je ne crois pas que ça décrédibilise, non, j'espère que non, mais, ça... Dilue ! C'est fait n'importe comment, parfois.

Les morceaux utilisés ou leurs versions sont parfois bizarres, les mélanges d'années, " discutables "...

JJ :
Oui, ça, oui, je suis d'accord... Au niveau des morceaux, y'a vraiment des compiles bizarres ! On devait par contre en sortir une nouvelle, pas mal : tout un beau " package ", avec disque et vidéo, mais, on s'est disputé avec la maison de disque, donc... Ça ne sortira pas !

Quant tu repenses un peu à tout ce que vous avez fait sur scène, niveau provocations, est-ce qu'avec le recul, y'a des choses qui t'on marquées, des choses que tu regrettes ou que tu aurais fait différemment...

JJ :
Ben je pense qu'on a un peu manqué de psychologie quand on a enculé un jeune homme sur scène avec une banane, à Lyon ! Ça a été mal vu, heu... Ça a été considéré comme un peu " fasciste "... Mon regret, c'est qu'on ne l'ait pas fait avec du céleri... (Rires gras !).

Vous avez également enregistré une partie de vos concerts, que vous avez ensuite rejoué au public en direct, ce qui a provoqué pas mal de controverses...

JJ :
Qui a été très mal pris, complètement ! Très mal reçu par le public, qui n'a pas compris la blague. On a enregistré le concert, je me suis arrangé avec le studio mobile pour qu'il puisse le passer... J'ai annoncé au public qu'on était entièrement en play-back depuis le début, et on leur a passé les bandes pour le prouver ; on a alors rejoué ce que nous venions de jouer une demi heure avant, sans les mains, sans toucher à nos guitares, mais il ne l'ont pas très bien pris...

C'est étonnant ?

JJ :
On faisait des blagues, mais les gens ne comprenaient pas du tout notre humour... Moi, je nous trouve très marrants, parfois, mais personne d'autre... Y'a un décalage... Y'a souvent eu un décalage, depuis le début...

Y'a certaines de ces chose, que tu ferais différemment aujourd'hui ?

JJ (catégorique) :
Non ! C'est leur problème, je ne demande pas au public de nous suivre... Ils peuvent nous rattraper plus tard, s'ils le veulent comme en ce moment, mais... Je ne vais pas attendre qu'ils le fassent... Je respecte les fans et les gens qui ont le courage de nous écouter, je leur porte attention, oui, mais, je ne vais pas... C'est comme expliquer une blague, ça ne sert à rien ! S'ils ne la pigent pas du premier coup, que faire...

Sur < i> Suite XVI , il y a une chanson qui s'appelle I Hate You , apparemment adressée à W Georges Machin Bush ...

JJ :
... Et certaines autres personnes... Spécifiquement parlant !

C'est une chanson très dure, très frontale : au jour d'aujourd'hui, Bush a plié bagages, est-ce que tu penses que ce genre de chansons ne perd pas un peu de force, de pertinence, au fil du temps, des évènements...

JJ :
Du tout ! Tu regardes les paroles, ça peut encore servir pour n'importe qui ! En fait, je ne l'ai pas écrite pour Georges Bush ... À l'époque ! C'était pour quelqu'un d'autre, mais tu peux t'en servir pour n'importe qui...

C'est totalement interchangeable ?

JJ :
Absolument ! Je ne dis pas " je hais Georges Bush ", je dis, " je TE hais ! ", donc, c'est parfait !

Ça a été assimilé à Georges Bush à l'époque donc, à cause de la guerre en Irak , et de tant d'autres choses lamentables...

JJ :
Absolument ! Mais il est exécrable, de toutes façons. Il devrait d'ailleurs être jugé pour crimes de guerre aujourd'hui, comme Tony Blair , mais il ne le feront pas...

C'est vrai qu'il a suivi tous les commandements de Georges Bush à la lettre, qu'il les a même précédés, parfois, comment vous avez vécu ça, à cette période, en Angleterre ...

JJ :
Avec de la honte, parce que, la gauche est soi-disant, traditionnellement, soi-disant... À plus d'humanité, de conscience, et... On a eu la plus grande manifestation démocratique Britannique de tous les temps, à cause de la guerre en Irak ... La plus grande de notre histoire, et ça a été complètement ignoré ! En France , ça n'aurait pas pu se passer comme ça... Vous avez des manifestations tout le temps en France , c'est vrai...





Tu sais, on va un peu vers ce genre d'extrémités actuellement, avec le gouvernement Fillon/Sarkozy ...

JJ :
Oui, mais ça n'est pas la même chose, c'est différent : il y a un conservatisme en France qui n'existe pas en Grande-Bretagne . Les Français veulent conserver un statu quo qui n'est plus rentable, difficile à maintenir, mais c'est une autre histoire... Cette démonstration anti-guerre, à Londres...

C'était plus d'un million, non ?

JJ :
Plus d'un million ! C'était énorme ! Pour des Britanniques qui ne manifestent pas beaucoup, qui ne vont pas beaucoup dans la rue... Ils aiment bien la guerre, par contre, tu sais, on aime bien une " bonne " guerre de temps en temps, et...

Il savent bien la faire, en tout cas...

JJ :
Oui ! Ils savent bien la faire, ils sont vraiment efficaces, mais... Ils ont été un peu maltraités par ce Parti Socialiste , qui ne soutient pas souvent la guerre d'habitude, à fait que... L'armée Britannique est engagée sur 5 fronts, actuellement, et qu'elle n'a pas les moyens de maintenir ces 5 fronts de guerre... Et Gordon Brown , qui tenait les cordons de la bourse, lui,

Gordon " Golden " Brown !

Oui... Il voulait maintenir ces 5 fronts, envoyer les soldats mourir, se sacrifier, mais sans leur donner les moyens techniques, l'équipement... Toute cette histoire, cette coucherie avec Bush a été exécrable, horrible, choquante... Mais pour en revenir à la gauche, en dix ans de régime " Blair ", on soit devenu l'état le plus policé en Europe... Quel héritage pour la future gauche, c'est horrible...

Quand on voit le gouvernement Sarkozy s'en inspirer, ça fait froid dans le dos... Autre chose avec la crise actuelle, l'Angleterre qui était très arrogante, qui semblait avoir bâtie toute sa société, tout son modèle économique autour de la " City " est très touché, comment vous ressentez les choses, comment vous vous en sortez...

JJ :
Avec l'humour ! L'humour Britannique, c'est toujours ça, mais... Ce serait bien de pendre quelques banquiers quand même, pour faire un exemple... Tu sais ! (Il mime le geste en souriant).

Si tu as besoin de bras, c'est sans problèmes... Si je peux les allonger pour lire, je pourrais les allonger pour atteindre les plus hautes branches...
(Rires partagés)

JJ :
Je pense qu'il serait temps de faire quelques exemples, juste quelques banquiers... Revenir aux glorieuses années 70 (en Italie )...

Même si ce qui s'est passé là-bas n'est pas très glorieux en soi et condamnable, comme tout terrorisme... Ces gens-là tuent aussi, économiquement parlant, détruisent de l'emploi, des vies...

JJ :
Exactement ! Le problème, c'est que j'ai toujours confiance en la jeunesse, mais... Je crois qu'une ou deux générations de jeunes a été tellement dans le confort, en Grande-Bretagne , au moins, qu'il ne savent plus vraiment comment verbaliser leur mécontentement...

Qui ne savent plus, ou qui ce sont endormis...

JJ :
Ils sont peut-être endormis, ou ils ne savent plus s'engager politiquement, ce qui est le droit de tout citoyen dans une soi-disant démocratie... Ils ont un tout nouvel opium du peuple maintenant... Avec le Web, et d'autres choses...

Sur ce, voyant les petites aiguilles tourner et tourner encore, Jean-Jacques réalise qu'il doit se trouver sur scène dans une heure, et il met fin à la conversation ; me promettant un super concert pour le soir, m'assurant que le groupe sera encore meilleur qu'a Istres (en mars 2007) qu'il est dans une des meilleures formes de sa vie en " live ". Ce qui sera amplement prouvé le soir même, sur la scène de l'Espace " temps " Julien, revenu soudainement près de trente années en arrière : Black Is Back !

> Réponse le 16 février 2009, par Magic

[Espace Julien Marseille - 26 janvier 2009] C'était super, terrible ! Jean Jacques était en grande forme, je sais maintenant pourquoi ils ont eu tant de succès au cours de toutes ces années sur scène. J'avais pas vu l'interview, elle est terrible ! j'ai appris plein de choses sur le groupe et sur lui aussi ! Merci il faut vraiment que je trouve les skeuds qui me manquent j'aurais dû mettre mes derniers euros dans les CD vendus sur place au lieu de les boire.  Réagir


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