Chronique de Concert
Adam Green + Hal + The Gnomes
Le mardi 7 juin, un Trabendo complet accueillait successivement The Gnomes, Hal et la vedette de la soirée, celui qui fait crier les filles à la seconde même où il pointe le bout de son nez : Adam Green...
The Gnomes
C'est le groupe de scène d'Adam Green, The Gnomes, qui a la lourde tache de débuter la soirée devant un public en train de prendre possession des lieux. Les quatre membres du combo new-yorkais alternent avec bonheur les morceaux de pop très calmes et les titres presque violents, à la Velvet Underground. Partagé entre le batteur, le guitariste et le bassiste, le chant est plutôt bien assuré. Le tout est agrémenté avec un orgue électrique du meilleur effet. Si la musique proposée est nourrie d'influences classieuses, l'ensemble manque quand même un peu d'originalité. Le public passe toutefois un moment agréable avec The Gnomes.
Hal
Juste après, les jeunes irlandais de Hal ont fait bonne impression avec leur pop légère et fraîche joliment influencée par Brian Wilson et ses Beach Boys, Buffalo Springfield et Neil Young, les Byrds et les Beatles, entre autres... Churs haut perchés, mélodies superbes, sonorités vintage de claviers et de guitare, chant doucement juvénile : tout l'attirail du jeune groupe pop fasciné par ses aînés est de sortie. Mais, à l'instar d'autres Irlandais fascinés par les USA, The Thrills, Hal arrive à écrire des chansons accrocheuses, originales et délicieusement surannées. Ces bijoux pop rendent nostalgiques des plages de sable fin baignées de soleil... et de tout ce qui va agréablement avec. Hal est sans aucun doute un groupe à suivre.
Adam Green
Un peu plus tard, quand Adam Green pénètre sur la scène du Trabendo, l'hystérie gagne immédiatement les fans du play boy new-yorkais. Il faut dire que l'ex Moldy Peaches a mis le paquet, comme on dit : cheveux longs plaqués avec soin, raie sur le côté, veste rouge de dragueur de casino, chemise blanche et sourire enjôleur. Mais l'essentiel est ailleurs : l'homme possède une voix grave à la Lou Reed qui tranche remarquablement avec son physique un peu chétif.
Dès Gemstones, le premier titre joué par Mr Green et son backing band plutôt effacé (voire fatigué ou blasé, c'est selon), le public est conquis... On a l'impression d'assister à un gala d'un chanteur pour femmes accompagné par un groupe de bal amélioré. Las Vegas n'est pas très loin... Pourtant, les chansons sont tellement drôles (les textes sont très épicés et truffés de non sens), le contact du bonhomme est si agréable (il est détendu et visiblement content d'être là) et les morceaux sont si bons qu'on s'accommode de ce côté volontairement kitsch, finalement assez charmant même avec ses "défauts", comme le dernier album du monsieur, Gemstones. Et c'est avec une joie non dissimulée (difficile de ne pas sourire en écoutant les paroles) qu'on se délecte d'un show aussi bricolo que réglé à l'américaine. That's entertainment baby !
Le fringuant New Yorkais n'est pas à une facétie près : il imite à la perfection le lapin qui gambade dans les champs ou l'Egyptien qui marche dans la rue, et ses mini reprises de dix secondes a capella sont assez savoureuses... Il commence par Kokomo, la pire chanson des Beach Boys (Brian Wilson ne l'a pas composée, ceci explique cela ; elle a servi de Bo au lamentable film Cocktail, avec cette endive de Tom Cruise), puis le public a droit à Let's Talk about sex des inoubliables Salt ‘N' Pepa et, enfin, Adam tente - sans véritable succès - de jouer l'intro de Purple haze de Jimi Hendrix lors d'un court passage bruitiste à la guitare électrique... Mais le Trabendo a également droit à une vraie reprise de Kokomo, qui réconcilierait presque avec cette chanson, et à une version magique d'un titre chanté par Nico avec le Velvet Underground : I'll be your mirror. Et l'on comprend où ce curieux songwriter veut en venir : il rêve tout simplement de composer des symphonies anti folk/pop de poche en mélangeant le rock du souterrain de velours, la pop des garçons de la plage et la folk music gravement décalée... Et il y a arrive plutôt bien, le bougre, si l'on en juge par la qualité de ses oeuvres : Carolina, Friends of mine, Choke on a cock, Emily, Jessica etc etc.
Après une séance de chansons à la demande - où le groupe joue les titres demandés par le public -, le concert se termine avec deux rappels réclamés avec ferveur. Le dernier est une nouvelle version de Kokomo (décidément... ) chantée en duo avec une fan très drôle. Et puis c'est fini. C'était une excellente soirée, on regrettera seulement que les passages très réussis où Adam Green joue ses morceaux seul à la guitare soient trop peu nombreux. Tant et si bien qu'on rêve de le voir en solo...
Sites Internet : www.adamgreen.net, www.the-gnomes.com, www.halmusic.com, www.trabendo.fr.
Critique écrite le 08 juin 2005 par Pierre Andrieu
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