Chaque année La Mesón donne carte blanche au même trio pour le choix et l'invitation d'un soliste. La formule fonctionne à merveille, chaque soirée est une réussite. Après Stéphane Belmondo, Fabrizio Bosso, c'est Eric Le Lann qui est convié cette année dans le cadre du festival Jazz Sur La Ville. Eric Le Lann : trompette Henri Florens : piano Sylvain Romano : contrebasse Jean-Pierre Arnaud: batterie Le quartet nous propose un programme classique : reprise de standards, morceaux d'Eric Le Lann. A partir de ce constat simple et laconique, où est le "plus", qu'est-ce qui fait que l'on assiste à un concert d'exception ? Le trompettiste Eric Le Lann, d'abord. Sa prestation est à la hauteur de ce que l'on espérait, tant pour le son qu'il expulse (plus tendance Baker que Davis, à mon grand plaisir), que pour l'architecture de ses solos, qui sous une apparente simplicité cachent une grande richesse, rythmique et mélodique. La supériorité d'un soliste transparaît parfois à travers des détails inattendus: ce soir, Eric Le Lann parvient à dissimuler sa fatigue (il s'est produit à deux reprises la veille, dans le cadre du festival Jazz Sur La Ville). Je ne saurai dire s'il adapte son jeu ou si celui-ci reste intègre, entier, mais... Lire la suite

Jazz Sur La Ville cinquième édition jour 15. Mon premier rendez-vous avec Olivier Temime à la Grotte des Accoules avait été pour moi une frustration. J'avais une telle envie de découvrir sur scène son excellent album The Intruder que j'en avais mal lu le programme. C'était une soirée moitié slam moitié reprise de standards. Rebelote ce soir mais sans la partie slam. Je l'aurais su si j'avais mieux lu le programme... Le trio est devenu quartet. Aux côtés du saxophoniste, toujours Jean-Pierre Arnaud à la batterie, toujours aussi habité et expressif, ponctuant sa performance de manifestations d'enthousiasme exclamées. Toujours Vincent Strazzieri non pas à la contrebasse cette fois mais derrière le piano. Je l'ai déjà apprécié contrebassiste, saxophoniste, j'ai enfin l'occasion de le découvrir pianiste. Sa flatteuse réputation à cet instrument se confirme vite. Ses soli sont vainqueurs à l'applaudimètre. La contrebasse est cette fois confiée à Thomas Bramerie. Les membres de l'Olivier Temime Quartet proposent donc des standards. On comprend vite l'importance de John Coltrane à leurs yeux puisque sont jouées plusieurs pièces par lui écrites ou reprises : le délicat After The Rain,... Lire la suite

Jazz Sur La Ville 5ème édition Jour 3. François Théberge est un saxophoniste québécois installé en France depuis 20 ans. Je ne le connaissais pas avant ce soir mais je fais confiance aux bons conseils de Sylvain Romano et Jean-Pierre Arnaud, artisans de sa venue ici et membres du trio monté pour l'occasion. Les deux hommes accompagnés d'Henri Florens avaient déjà donné deux concerts à la Mesón l'année dernière dans le cadre de ce festival, invitant coup sur coup le saxophoniste Olivier Temime et le trompettiste Stéphane Belmondo. Comme beaucoup de saxophonistes ténors - à croire que cet instrument attire les personnages dotés d'un sympathique grain de folie - François Théberge s'exprime avec une gestuelle fort originale. Tel un culbuto, son corps bascule d'avant en arrière et de gauche à droite, son visage jovial de personnage de comics soufflant sans relâche pour créer de merveilleux (fris)sons. C'est quatre-vingts ans de jazz qui vont défiler en deux heures : un thème des années 30 pour débuter puis Cole Porter, Thelonious Monk, George Gershwin sont tour à tour revisités par le trio. Un trio complice à l'entente parfaite. François Théberge connaît Jean-Pierre Arnaud depuis 20 ans. Ils jouaient à l'époque "pour des... Lire la suite

Un samedi intense. Après un début de soirée réussi au Roll'Studio, nous n'avons que la Place des Moulins à traverser pour nous rendre à la Grotte des Accoules. The Intruder, l'album d'Olivier Temime est sorti voilà deux jours et les premiers extraits entendus sur son espace m'ont mis l'eau à la bouche. Étrange idée de la part de la salle de nous le mettre en fond sonore pour nous faire patienter. En fait, il n'en jouera rien et c'était prévu... Ça m'apprendra à lire le programme en diagonale ! D'ailleurs, les musiciens de l'album ne sont pas là. La rythmique sera néanmoins soignée grâce à Vincent Strazzieri et Jean-Pierre Arnaud. Le propos de ce soir, c'est un hommage à Jack Kerouac, pape de la Beat Generation et montreur de voie : La route, le Vietnam, les Hippies, Bob Dylan lui doivent beaucoup. Dans la première partie, Alain ‘Accoules' slamme des textes autour de l'œuvre de l'écrivain américain. C'est la poésie du saxo qui m'émeut le plus. Pourtant les textes - de Paul Huet nous dit le programme - sont passionnés : "Faites un beau rêve d'amour et de... Lire la suite