Crossover métal à la croisée de Lamb Of God, Johnny Truant, All Shall Perish.

Mechanical Decay se présente :Alors que beaucoup considèrent que le métal moderne - celui saupoudré de styles musicaux différents comme le deathcore ou le thrash - reste destiné aux produits médiocres tout juste bons à être pressés à quelques centaines d'exemplaires, voilà que déboule "45 Minutes After The End Of Time" des français de Mechanical Decay (ex Misery Dhope) qui arrive à point nommé pour infirmer cette idée reçue.
Evoluant dans un crossover métal à la croisée de Lamb Of God, Johnny Truant et All Shall Perish, Mechanical Decay nous présente ici son tout premier disque qui risque de faire mal...très mal, même...
Et dès "My Friends", le quintet va vite tailler dans le vif du sujet en nous envoyant à la gueule une musique bien affirmée qui laisse peu de place à la tergiversation. Mechanical Decay n'est pas là pour enfiler des perles mais pour dépecer sévère. Emmené par un frontman, Clem aux lignes de chant parfaitement modulées, le groupe va nous sortir l'artillerie lourdes au travers de quelques brûlots bien sentis ("Murderous Drive", "The Man Who Falls", "1985"...).
Distillant des compositions musclées et relativement longues (plus de 5 minutes en moyenne), Mechanical Decay va nous laisser entrevoir le catalogue de savoir faire sans jamais tomber dans la démonstration ni dans la mise en place de structures à rallonge ("Another Song For Boys And Girls", "Unhealthy Pleasure").
On sent que le combo s'est fixé une direction artistique bien précise et qu'il ne va pas dévier sa trajectoire d'un iota. C'est pourquoi Mechanical Decay a su peaufiné ses morceaux pour nous en sortir que le meilleur. Même si parfois la prise de risque est trop discrète dans son rendu...
Car c'est sûr "45 Minutes After The End Of Time", n'est pas exempt de tout reproche puisqu'on aurait parfois aimé que Mechanical Decay développe encore un peu plus ses idées (comme la partie en arpège à la fin de "1985" ou les pig squeels de "Hope You Die") et que la production soit plus ronde. Cependant, ces menus défauts vont être atomisés par l'intelligence de la construction des morceaux qui tord le cou aux clichés du genre, à grand renforts de riffs acérés, de structures bien ficelées et d'ambiances bien senties, pour mieux désarçonner un auditeur souvent blasé par le métal dit "moderne" ("Murderous Drive", "Unhealthy Pleasure").
Et même si la trame générale du disque reste assez classique - car c'est là tout le paradoxe - l'album est loin de nous décevoir ("Another Song For Boys And Girls", "Curse Of The Emotion" ou le terrible "Hope You Die"...).
Emballé avec classe (l'artwork et le packaging sont superbes), bourrées de bonnes idées et de musiciens excellents, ce premier effort synthétise avec classe tout ce qui fait la force du métal moderne de qualité (non, non il n' y a pas d'antinomie, ici) et se savoure jusqu'à la dernière seconde (de "My Friends" à "5 Minutes Before The End Of Time").
Il manque juste à Mechanical Decay un petit chouïa de personnalité et une production moins écrasée (plus commerciale ?) pour crier au disque imparable...
Ambitieux mais jamais prétentieux, ce premier jet soigne donc autant le fond (une musique que l'on sent très travaillée) que la forme, et prouve combien l'efficacité de son métal percutant réside dans sa manière d'articuler ses plans et non dans la quantité de riffs pondus ou de blast beats envoyés dans nos cages à miel. Autant dire que "45 Minutes After The End Of Time" possède une solide assise qui va permettre à Mechanical Decay de montrer le bout de son nez sur la scène métal hexagonal, en attendant mieux...