Chronique de Concert
Pixies (Eurockéennes de Belfort 2004)
En novembre 2003 à la Coopérative de Mai , notre route avait croisé une nouvelle fois celle de l'imposant - dans tous les sens du terme - Frank Black ; accompagné par son groupe The Catholics, l'ex leader des Pixies avait joué devant un public clairsemé son excellent répertoire solo et quelques titres de son ancien groupe ... Quelques mois plus tard, on retrouve notre homme toujours aussi en forme mais devant 30 000 festivaliers hystériques lors des Eurockéennes de Belfort. Même si les motivations d'une reformation des Pixies pour une tournée Best of ne paraissent pas très "Catholic" (une pluie de dollars ?), Frank Black, Kim Deal, Joey Santiago et David Lovering méritent amplement de récolter les fruits de leur travail acharné pour la cause du rock ?n roll. Come on pilgrim, Surfer Rosa, Doolittle, Bossanova, et Trompe le monde resteront en effet quoiqu'il arrive comme des disques marquants où le punk, la pop, le hardcore, le rock, la folk music et la surf music sont sauvagement passés à la moulinette tordue (et rouillée) des quatre de Boston.
Durant 1 h 30, les Pixies n'ont pas trompé leur monde, ils ont même carrément envoyé leurs fans (et les autres) au paradis... Après un départ pianissimo avec la divine version UK surf de Wave of Mutilation et In Heaven chanté par Kim Deal - en forme vocale malgré les excès en tous genres -, le groupe composé de trois rasés et d'une brune s'est employé à enchaîner à la vitesse de la lumière les perles de son répertoire toujours aussi pertinent et volcanique presque quinze ans après. On trépigne, on chante, on siffle, on hurle, en bref, on retrouve nos Pixies comme dans un rêve : les cris déchirés de Frank Black parviennent à faire saturer délicieusement le micro, la basse monumentale de Kim Deal et ses choeurs parfaits font un effet monstrueux, la guitare de Joey Santiago enchante à chacune de ses interventions (son long solo bruitiste sur Vamos viendra même couronner une prestation prometteuse pour l'éventuelle suite des événements... ) et les coups de boutoirs du magicien des fûts David Lovering résonnent comme autant d'invitation à décoller pour la Planet of sound. Sur tous les titres énervés, le site des Eurockéennes semble en éruption : les pogos provoquent des montées de poussières vers les cieux étoilés. Si on n'était pas fou de joie, on aurait presque envie de pleurer...
En concert, les Pixies ne sont pas là pour rigoler, bouger ou raconter des blagues ; ultra concentrés et mâchoires serrées la plupart de temps, ils s'emploient à jouer le mieux possible en évitant les temps morts. La seule pause viendra donc juste avant les rappels : tout sourire, le groupe reste sur scène pour récolter une ovation prolongée (et méritée). Le rappel est titanesque : Wave of mutilation, Debaser et Gigantic viennent remettre une dernière couche à un tableau qui restera dans les mémoires. Bien sûr, on aurait aimé une heure de concert supplémentaire, plus de titres de Bossanova (Rock music et Allison), la reprise de Neil Young (Winterlong), des inédits récents, une Kim Deal moins dans l'ombre... mais quand les lumières se rallument, la très agréable sensation d'avoir pris une boulet de canon sonique en pleine gueule prévaut ! La nuit sera belle : les mélodies en forme de cactus des Pixies berceront nos rêves...
Set list :
Wave of mutilation (UK surf)
In heaven (lady in the radiator song)
Something against you
River euphrates
U-mass
Bone machine
Cactus
Ed is dead
I bleed
Monkey gone to heaven
Hey
No. 13 baby
Levitate me
Subbacultcha
Dead
Gouge away
Velouria
Caribou
Mr grieves
Crackity jones
Broken face
Isla de encanta
Tame
Here comes your man
Nimrod's son
Holiday song
Where's my mind ?
Vamos
Wave of mutilation
Debaser
Gigantic
Sites Internet : www.4ad.com/artists/catalogue/pixies/, https://aleceiffel.free.fr/, www.eurockeennes.fr.
A lire également : le compte-rendu complet des Eurockéennes 2003 et les chroniques des derniers disques des Pixies.
Photo : Jean-Pascal Blache
Critique écrite le 06 juillet 2004 par Pierre Andrieu
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