Chronique de Concert
Selah Sue
Selah Sue était attendue de pied ferme au Poste à Galène en ce mercredi soir puisque la salle affichait complet pour sa venue marseillaise. Il faut dire que son 1er album connaît un écho favorable depuis sa sortie il y a quelques semaines. Je m'étais d'ailleurs laissé convaincre par certains de ses morceaux.
La jeune belge fait donc son entrée sur scène vers 21H20 après une attente un peu longue. Elle est seule, armée de sa guitare classique et plante le décor. La bouche collée au micro, les yeux fermés, elle entame son accompagnement tout en toucher et scotche le public sur place. Elle donne l'apparence d'une adolescente perdue, mais chante comme une routarde américaine. Pour obtenir cette voix diablement soul, elle force le geste, mettant ses lèvres en avant.
Le décalage entre cette petite blonde et la voix puissante qui se dégage est frappant. Les premières minutes, j'ai du mal à croire que le son et l'image proviennent de la même personne. La rythmique de Summertime semble hésitante à la guitare, composée de quelques notes uniquement, mais elle est maîtrisée et grandement magnifiée par le chant. C'est juste beau et Mommy enfonce le clou.
Ses musiciens la rejoignent ensuite, installent une rythmique entêtante pour Just because I do et remettent le couvert pour Famous sonnant très trip hop à la Massive Attack du début. Chacun est parfaitement en place, le batteur, tout en contretemps s'en donne à cur joie, tandis que les notes sont égrenées lentement mais sûrement par les guitariste, bassiste et claviériste.
Le premier tube de la soirée est ensuite joué. Black part love est ultra-efficace, et me rappelle que j'avais pensé à Amy Winehouse en écoutant l'album pour la 1ère fois. Le public suit, ravi de profiter de ce titre très soul. Please sonne carrément 60's avec sa basse envoûtante et l'exercice de style est réussi. Selah nous gratifie même de mimiques de chanteuse noire. Les spectateurs seront aux anges pour This World encore plus entraînant, avec sa basse (toujours elle) énergique, ses breaks et le refrain agrémenté de cuivres (reproduits sur claviers ce soir). Même punition pour Crazy vibes très chantant et dansant.
Force est de reconnaître que la jeune belge a également un flow de très grande qualité. Elle bouge comme un diable et on sent que le hip hop est une musique qui lui permet de s'exprimer à merveille. La reprise de Lauryn Hill emporte tout sur son passage. J'en profite pour m'attarder sur sa tenue entièrement noire avec chaussures à talons. Elle réussira à ne pas tomber malgré ses déhanchements et les différents éléments jonchant la scène. Sa coiffure assez particulière, que l'on pourrait qualifier de choucroute avec cet immense chignon souffrira également pas mal de ces mouvements incessants.
Absolument pas fan du r'n'b en général, je dois pourtant m'incliner devant Peace of mind d'une redoutable efficacité, probablement mon titre préféré de la soirée. Il faut entendre scandé le refrain pour comprendre qu'on tient là un gros tube en puissance. Par contre, Crazy sufferin' style, se révèlera extrêmement pénible pour mes pauvres oreilles, déjà soumises à rude épreuve par un volume élevé. La voix du refrain (et de l'introduction surtout) ne passe pas pour moi et le reste manque d'originalité.
La dernière facette de son répertoire sera également dévoilée avec Fayah fayah, sorte de balade reggae/ragga à la Ayo. Son album ayant été produit par Patrice le mari de cette dernière, on ne peut que constater l'immense ressemblance avec le répertoire du couple pré-cité. Il en va de même pour le bien nommé Raggamuffin exécuté également en solo. Ce dernier confirme que ce versant de son talent est celui que je trouve le moins intéressant.
Le rappel sera moins mémorable, lorgnant justement vers ce dernier style... jusqu'à ce qu'un avion décolle. Après un titre reggae/ragga supplémentaire et une balade plutôt ordinaire, le guitariste, jusque là toujours à propos, bien que plutôt discret, nous gratifie d'un solo de très grande classe. Il n'en fait pas des tonnes, mais mon dieu ce que ça sonne ! Voilà donc la dernière claque de la soirée.
A 22h39, je fais le bilan de la soirée et il est bien positif. Bien sûr, je regrette parfois le manque de spontanéité et les manières un peu forcées dont elle fait preuve, mais soyons honnête : Selah Sue a une voix d'enfer et des compositions qui font plus que tenir la route. Elle a également su s'entourer, que ce soit sur disque ou sur scène et nul doute qu'on devrait continuer à entendre parler d'elle.
Reste à savoir si elle choisira son style de prédilection parmi la large palette qu'elle a déjà explorée ou si elle continuera à piocher un peu partout. Cet aspect plait visiblement au public plutôt jeune et urbain entendu à la sortie du concert et l'opération séduction semble ainsi être sur de bons rails.
Setlist :
Summertime
Mommy
Just because I do
Famous
Black part love
Lost ones (Lauryn Hill)
Fyah Fyah
Break
This world
Please
Raggamuffin
Peace of mind
Crazy vibes
Crazy sufferin'style
Rappel :
T.M.T.I
On the run
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Critique écrite le 19 avril 2011 par Cabask
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> Réponse le 20 avril 2011, par Pirlouiiiit
J'ai eu très peur lors du premier morceau qu'elle a fait toute seule ... Un peu comme pour Rachel Claudio (en première partie de Ben l'Oncle Soul) et dans une moindre mesure celui ci ou encore Jehro, j'ai beaucoup beaucoup de mal avec les chanteur/ses qui font leur métier comme des acteur/rices, c'est à dire en prétendant être quelqu'un qu'ils/elles ne sont pas. En tant qu'actrice je lui aurait donné le pris d'interprétation sans hésiter, mais en tant que chanteuse du coup j'ai l'impression qu'elle joue la comédie et donc qu'elle n'est pas sincère. Très honnêtement pendant tout le concert j'ai pensé à Opossum (le groupe dans lequel Anais a fait ses premières armes) : des musiciens redoutables maitrisant tous les styles musicaux à la perfection, et une chanteuse capable de singer... La suite | Réagir
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