Très réussie, la soirée FAIR à la Coopé ! Le plateau "french découvertes" réunissant les dangereux excités électro pop de Curry & Coco, les énervés de Stuck In The Sound et les très en forme heavy rockers de The Elderberries a en effet tenu toutes ses promesses au niveau artistique... Pour ce qui est de la qualité de l'accueil à la Coopé, ce ne fut pas exactement le cas, visiblement rue Serge Gainsbourg toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire... On y reviendra dans cette chronique centrée sur l'essentiel : les artistes, c'est à dire les personnes sans qui on resterait chez soi à s'ennuyer ferme...




Curry & Coco : futures rock ‘n roll stars ?

C'est avec plaisir qu'on arrive à l'heure pour ne pas louper le premier groupe, les désormais en passe de devenir fameux : Curry & Coco. Après un nécessaire temps d'adaptation aux fanfaronnades ridicules (mais drôles, finalement) du groupe et à l'univers 100% kitsch électro pop, on s'auto félicite d'être arrivé dans les temps pour assister à une démonstration de passage en force scénique... Personne ne les connaît, ils passent en premier, pourraient commencer pianissimo, être un peu timides, paralysés par l'enjeu... Et bien c'est tout le contraire, c'est en vainqueurs autoproclamés, avec moults gestes de harangue et en faisant montre d'une énergie proprement démoniaque que le duo lillois attaque son set. Qui se transforme immédiatement en boulet de canon électro pop, avec une belle série de titres extrêmement dynamiques joués à la batterie et aux synthés. On pense immédiatement aux figures tutélaires de l'internationale électronique : Daft Punk, New Order, Depeche Mode, Visage ou encore Klaxons. Le chant est hystérique et bien décalé (le chanteur lutin monté sur ressorts ne semble pas se soucier de justesse, et il a raison !), les synthétiseurs sont sauvagement frappés et la batterie subit un traitement de faveur façon puzzle : un déménageur en Marcel et énormes lunettes années 70 essaie de l'exploser à chaque coup de baguette... Tout cela donne envie de bouger et de faire la fête sans se soucier du qu'en dira t'on. Et pour en rajouter dans le côté décalé, Curry & Coco a l'outrecuidance de reprendre le mythique titre Rock ‘n roll star d'Oasis en version slow électronique sirupeux !Avant de conclure son set par une version hystérique de Girls just want to have fun de Cindy Lauper... Qui a dû se retourner dans sa tombe... Ah, elle n'est pas morte ? Ah bon, on croyait !

C'est là que le (très) mauvais moment de la soirée se déroule : on se fait copieusement insulter - pendant 10 minutes, devant tout le monde, au bar, classe ! - par le directeur de la salle à cause d'un très bon article de Richard Robert dans le magazine Volume (actuellement en kiosques, avec Depeche Mode en couverture). Article où l'on résume le sentiment général en évoquant de manière pondérée, objective et correcte la baisse de qualité de la Coopérative de Mai cette année... Certains institutionnels ont une conception plutôt bizarre du journalisme (qui n'est pas et ne sera jamais assimilable à la communication !) et de la démocratie... Après avoir essayé de s'expliquer calmement, ce qui s'avère impossible, on répond aux insultes en retournant les insultes à l'envoyeur. C'est triste d'en arriver là.




Stuck In the Sound : une déferlante de tubes...

Peu de temps après, le groupe Stuck In The Sound casse en beauté la baraque avec un set énergique, virulent et impeccablement accrocheur... C'est en effet à un concert de feu auquel assiste le nombreux public de la Coopé (450 kids dans le club, complet) : titres imparables, sauvagerie scénique faisant plaisir à voir, transfert très réussi des compositions en live, contact chaleureux avec les fans... N'en jetez plus, on tient là un groupe en acier trempé pouvant entrevoir un avenir adieux ! Avec force rythmiques démoniaques, guitares ultra distordues, mélodies insidieuses et autres chants de diablotin exaspéré (on pense à un Robert Smith ayant mis volontairement les doigts dans la prise de courant), Stuck In the Sound sidère son public et le rend positivement hystérique, et en deux temps trois mouvements s'il vous plaît... Le titre de l'excellent dernier album du combo parisien - Shoegazing kids - est une très claire déclaration d'intentions : le son - pourtant furieusement actuel - est influencé par les années 90 (Ride, Nirvana, Dinosaur Jr reprenant Just Like heaven des Cure... ) où la mode n'était pas aux guitares folk en bois, mais plutôt aux murs du son guitaristiques avec des mélodies emprisonnées dedans... Le côté disco post punk des rythmiques - quant à lui - se charge de faire danser les filles et... les garçons ! C'est donc avec un large sourire aux lèvres et sur la même longueur d'onde (imparablement rock ‘n roll) que le public que l'on passe tout ce concert. Il faut dire que la déferlante de tubes est impossible à éviter et sans fin : Toy Boy, Ouais, Shoot Shoot, Utah et Waste etc etc. Bien joué les gars, revenez quand vous voulez !





The Elderberries : de quoi défriser la moustache de Vercingétorix !

Pour conclure en beauté la soirée FAIR (un organisme public aidant les jeunes groupes à se professionnaliser), quoi de mieux que les héros locaux - et bientôt nationaux, on l'espère de tout cœur ! - de The Elderberries ? Ayant désormais bien digéré scéniquement le virage de son nouvel album (plus stoner pop), le fier combo clermontois composé de sexy moustachus - la semaine de la moustache au Bikini, c'est en ce moment et il faut bien être raccord avec la superbe pochette de l'album ! - a décidé de prendre le tournant comme il se doit pour ne pas sortir de la route : en appuyant progressivement sur la pédale d'accélérateur, sans freiner une seule seconde... Emmené par un infernal Elderberrix (le surnom de Chris Boulton au Bikini, rapport à sa ressemblance avec Asterix : mêmes couleur de cheveux et mêmes bacchantes), le combo ferraille un heavy rock stoner prompt à ratatiner n'importe quel fan de musique amplifiée. La rythmique est survoltée, les guitares hurlent et le chant se lâche : aië, aië, aië, ça fait très très mal ! Et c'est ça qui est bon par Toutatis !



Si l'on avait émis quelques critiques sur la production de l'album (très FM) à sa sortie, tout en reconnaissant le côté percutant de nombre de titres d'Ignorance and bliss, sur scène c'est un véritable ras de marée rock ‘n roll (à ne pas louper lors de la tournée en France, vous m'en direz des nouvelles)... Même s'il sont chantés façon pop stoner, les nouveaux titres (Au bikini, Lost my way, It doesn't really matters... ) se hissent souvent au niveau des imparables premiers tubes du groupe, joliment hurlés à la Bon Scott, quant à eux : Like a bull, Wanna Bit, Little house, Laying low, Shoot for the money, White heat ou encore Hellphone... Oh la la, on l'avait - presque - oublié mais c'est pu - tain de jouissif les Elderberries sur scène ! Il y a en effet là de quoi défriser la moustache de Vercingétorix, nom d'une pipe en bois !


Sites Internet : www.myspace.com/theelderberries, www.myspace.com/stuckinthesound, www.myspace.com/curryandcoco.


Photo des Elderberries dans les couloirs de la Coopé : Jean-Charles Belmont