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Chronique album : Grinderman (Nick Cave & Co) - Grinderman, par Philippe
Jeudi 21 novembre 2024 : 6751 concerts, 27229 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Grinderman (Nick Cave & Co) : "Grinderman"
A vrai dire on avait surtout été frappé par le diptyque Murder Ballads / The Boatman's Call, sortis l'un après l'autre il y a dix ans, et marquant un spectaculaire changement de style. Moins par les albums récents, comme Nocturama ou Abattoir Blues : trop pop, trop de piano et de gospels, plus assez de gratte, de noirceurs et de grincements... on pensait l'australien un peu lessivé. Et voici donc une nouvelle inespérée : cette fois-ci et sous le pseudonyme de GrinderMan (le rémouleur, autrement dit, le type qui se balade avec des couteaux aiguisés...), Nick Cave, le grand, le vrai, est de retour !
Relooké cowboy (moustaches et cheveux longs) pour l'occasion, il s'est enfermé dans un garage avec d'autres bêtes hirsutes, pour jouer du rock sec et hargneux, râclé jusqu'à l'os : Get It on, où la guitare n'est qu'un vrombissement, les percus et les notes de piano un écrin brut à ses aboiements, ouvre les hostilités. Suit une déclaration de guerre à la gent féminine (thématique récurrente de l'album) : No Pussy Blues, râlerie furibarde sur un harcèlement de batterie et de Korg vrombissant. La fascinante Electrique Alice, ballade blues méphitique, se transforme en un menaçant Grinderman, appuyé sur une guitare toute Reznorienne.
Sa relation aux femmes va de la supplique Don't set me free à Decoration Day, désespoir auprès d'une femme qui ne le reconnait plus : déception sur déception. Du coup Nick se défoule avec ses potes sur des rock garage nerveux : Love Bomb et la fascinante Honey Bee. Il en tire une conclusion logique sous forme de manifeste politico-misogyne assez drôle : Go tell the Women (we are leaving). 'Une gonzesse de perdue, c'est dix copains qui reviennent', disait le chanteur énervant.
Puisqu'il n'aime plus les femmes, et pas encore les garçons, personne ne sait si un jour Nick Cave recomposera une ballade aussi sublime que le Cantique gothique Where the Wild Roses Grow (grâce auquel il a probablement sauvé Kylie Minogue des enfers). En tout cas la dépouillée Man on the Moon et son orgue, et la plus orchestrale Rise, toutes deux chantées à la limite du décrochement, sont en tous points superbes et bouleversantes.
Et le trip se finit sur une version alternative de Get it On, encore plus barrée et sexy que la première, dans un studio qu'on imagine ravagé et des musiciens qu'on imagine speedés, à tous les sens du terme. Alors entre son retour à un rock garage original, déconcertant et agressif, et son inspiration retrouvée en envolées lyriques, Grinderman réhabilite largement l'image de Nick Cave en nous offrant un de ses albums majeurs, et qui (ré)ouvre des perspectives passionnantes à la suite de sa carrière.
(2007)
PS post-Eurocks 2008 - à mourir de bonheur sur scène !
Critique écrite le 12 mars 2007 par Philippe
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