Critique d'album
Films Lim 021-040 : "Films Lim 021-040"
En retrouvant son mari, rocker raté, mort d'une overdose, c'est comme si elle se réveillait d'un long rêve. Durant toutes ces années sous héroïne, Emily a présenté une émission de clips sur le cable, elle a vaguement été une égérie de l'underground, elle a aimé des femmes mais surtout cet homme, Lee, dont elle a abandonné le petit garçon à ses grands parents, et puis elle a fourni à son homme la drogue qui l'a emporté.
Tout ceci, elle l'a fait avec et surtout pour lui. Le problème est qu'il est mort, tout est donc de sa faute à elle, forcément, les morts sont les seuls absents qui n'aient jamais tort. Le monde entier, des ex-fans de l'idole déchu jusqu'à son propre petit garçon, en passant par une grande star actuelle qui l'a cotoyé (je vous laisse la surprise), est donc convaincu que c'est elle qui l'a empêché de percer, qui a gâché son talent, et pour finir qui l'a tué.
Et le pire, c'est que ça paraît vrai. Autant dire qu'elle s'en prend plein la gueule parce qu'au départ même le spectateur est sceptique, sinon hostile, face à cette créature qui en plus d'être malade, semble un monstre d'égoïsme et d'arrogance, une mère indigne, une menteuse... une toxicomane par excellence.
Maggie Cheung, que les rôles asiatiques confinaient à jouer la poupée peu expressive (comme dans le langoureux mais surtout lent In The Mood or Love) explose littéralement le cadre à force de s'y cogner. Quand elle pleure, quand elle gueule, quand elle sourit, quand elle se perd dans ses pensées. Prix d'interprétation à Cannes ? Elle ne l'a pas volé, vraiment ! Parce que croyez-moi, elle va vous retourner, et à tous les sens du terme.
Contrairement à ce que le titre peut laisser croire, le film ne tourne pas vraiment autour de la difficulté d'être 'clean'. Mais autour de celle de regagner la confiance, quand plus personne ne veut vous croire. Seul le père de Lee lui tend timidement la main : Nick Nolte, bloc de souffrance et de pitié mêlée, a un rôle immense, peut-être pour la première fois. Mais s'il veut bien lui laisser le bénéfice du doute, c'est surtout pour construire un avenir au petit garçon. Un petit gars d'une maturité qui fait mal à son âge.
Olivier Assayas est ce qu'on appelle un cinéaste intello. De ceux que Télérama adorent. Et c'est vrai, il y a des passages longuets. Mais il y a aussi des ellipses constantes dans le récit, pour sauter tous les passages où le pathos menace, où la facilité du tire-larmes serait si évidente. Pourquoi montrer la réaction d'une personne qui apprend qu'un proche est mort ? Qu'est-ce que ça apporterait de plus ? Il ne la montre donc pas, jamais d'émotions trop évidentes, et c'est très honorable de sa part, de l'anti-mélodrame en quelque sorte.
Et c'est pour ça que c'est un beau film. Parce que c'est tout en retenue. Parce que malgré tout l'empathie va vous prendre et que vous voudrez finalement savoir, comme Nick Nolte, si Emily est capable d'enfin arrêter la drogue, de s'occuper d'un petit garçon, d'enregistrer une chanson magnifique... Savoir si on peut changer.
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Coffee and Cigarettes, un film de Jim Jarmusch avec ... tous ses amis
Un peu à la manière de 5 Obstructions (chroniqué ici il y a peu), ce film est plus un exercice de style du grand Jim qu'un vrai nouveau film de lui. Depuis quelques années il s'amuse en effet à inviter ses amis stars à jouer des sketches plus ou moins écrits (dommage) autour d'une table de café. Non, je ne cèderai pas à la facilité du name dropping! Disons seulement que cinéphiles, fans de punk, de rock et de rap y retrouveront pas mal de vieilles connaissances...
J'ai compté une douzaine de séquences, certains sont drôles, d'autres pas, certains font état d'un malaise plus ou moins prenant entre les personnages (le meilleur étant une conversation entre un acteur anglais qui monte et un acteur hollywoodien qui descend, et sa chute très amusante), d'autres sont quasiment sans queue ni tête. Bref du bon et du moins bon quoi !
Petit point amusant, il y a des thèmes qui reviennent, comme si Jarmusch avait défié ses acteurs de placer certaines phrases... on parle ainsi plusieurs fois de physique de la résonance magnétique (et de son funeste inventeur Nicola Tesla, sans qui personne ne pourrait gonfler le monde entier avec son téléphone portable), des gens qui concilient médecine et musique, du café qui est ou n'est pas bon, de ceux qui ont arrêté de fumer et des autres...
Cela dit, dans le genre conversations 'nonsense' de cafés, même les meilleurs sketchs restent un poil en dessous de Smoke (et Brooklyn Boogie bien sûr !) de Wayne Wang, qui restent le must en la matière.
J'aurais volontiers revu à la fin de ce film-ci la sublime conversation sur la dernière cigarette entre Harvey Keitel et ... Jim Jarmusch ! Ca aurait fait une apothéose parfaite et ça aurait été un des tous meilleurs sketchs de ce film-ci. A réserver aux gens qui aiment vraiment Jim Jarmusch, disons !
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Comme une Image, un film et avec Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, avec Marylou Berry
Etienne Cassard (J.P. Bacri, impeccable à défaut d'être original) est un écrivain reconnu, égocentrique et irritable, autour duquel gravite une galaxie de personnages qui se disputent son regard et son intérêt : un écrivain en devenir et sa femme prof de chant (Agnès Jaoui, grande classe), sa jeunette de deuxième femme, son souffre-douleur, et surtout sa fille (Marilou Berry, attachante), une adolescente boulotte qui aimerait exister pour son père et qu'il semble traîner comme une croix.
Nous partageons une tranche de vie de cette petite troupe, avec ses revirements, ses flatteries, ses trahisons, le tout sur des airs de chant choral tout à fait plaisants... On suit surtout passionnément la petite Marylou, fille de Josyane Balasko, et qui est à la réflexion tout à fait charmante. Point culminant du film : Marylou chante, a capella, dans une église ; à cet instant elle est sublime et bouleversante.
Et cet instant sublime fait basculer chaque personnage dans l'étape suivante de son parcours. L'oeuvre en duo d'Agnès et Jean-Pierre continue à s'écrire et à mûrir. Moins caricaturaux que par le passé, leurs personnages évoluent à travers l'histoire, tandis que le portrait désabusé d'une société de la vanité et du paraître est brossé. Le monde des Jaoui/Bacri n'est pas gai, mais il est drôle, il n'est pas tendre, mais il est juste. Qui sème l'égoïsme récoltera-t-il la solitude ?
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Deux Frères, un film de Jean-Jacques Annaud, avec G.Pearce, J.C.Dreyfus
Bon je vais essayer de ne pas la faire longue pour changer. Ce film raconte donc les aventures de deux frères tigres, séparés à la naissance "par la bêtise des hommes" comme on dit à la S.P.A. !
A la manière de L'Ours, J.J. Annaud signe un nouveau film animalier plein d'images magnifiques, dont l'histoire est faite pour plaire aux petits et aux grands (pas trop petits quand même, y'a des passages où une demoiselle d'environ 3 ans présente dans la salle a sangloté à chaudes larmes, et même hurlé à la mort ! Je dirais donc, moins de 6-7 ans s'abstenir).
Mais il y a aussi des séquences très drôles et jouissives, notamment quand ce petit salopiot de tigre sème le chaos dans une maison coloniale en poursuivant un clébard infect... et qui va mal finir - tiens j'y pense, les amis des chiens devraient éviter 'Deux Frères' aussi !
Franchement, c'est un plutôt beau film (quoi de plus beau et de plus gracieux qu'un tigre, dans la Création ?), et même émouvant si on aime les animaux en général, et la cause féline en particulier.
Il faut bien avouer que, si des effets lacrymaux faciles sont utilisés (ralentis, violons et gros plans sur les beaux yeux tristes des gros matous), il y a des moments où on ne se sent vraiment pas fier (ça renifle sévère dans la salle !)
C'est typiquement un film grand public réussi : les enfants ressortiront ravis (achat de peluche de tigre à prévoir !) et les adultes ne se sentent pas pris pour des c... pour autant, même si un naturaliste hurlerait probablement devant certains approximations sur la 'vie familiale' des tigres. Bref, un bon film pour emmener Mémé ou vos petits au ciné sans vous sacrifier pour autant, quoi !
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Eternal Sunshine of the spotless mind, un film de Michel Gondry, avec Jim Carrey, Kate Winslet
Cette semaine dans Live in Marseille, la réponse à la question que (presque) tous les tâcherons d'Hollywood (ou de Paris) se posent : Comment fait-on un film exceptionnel ? 4 étapes indispensables.
Pour faire un bon film il vous faut :
- une bonne histoire, invraisemblable et accrocheuse : celle-ci est écrite par Charlie Kaufman, qui avait déjà commis le capillotracté mais épatant Dans la peau de John Malkovich. Tout ce qu'il nous demande c'est d'accepter à nouveau un postulat un peu fou : qu'une machine puisse faire oublier entièrement quelqu'un avec qui on a vécu, pour ne plus souffrir. Et que des gens soient prêts à payer pour ça, et particulièrement le héros du film.
Pour faire un très bon film il vous faut :
- de bons acteurs : Jim Carrey, le héros donc (non, ce n'est pas le rôle de sa vie, parce qu'il a fait Man in the Moon de Milos Forman, mais peu s'en faut), épatant d'émotion et de sincérité. Et face à lui, la plus jolie des girls-next-door qui soit : Kate Winslet, ici complètement fantasque, casse-couille, kitsch, folliculairement immature, instable et lunatique ... le genre de fille qui vous rend fou, surtout quand elle vous quitte. Et autour d'eux de bons appuis : Elijah Wood (remis de son séjour dans le Mordor), ou encore la délicieuse Kirten Dünst (rescapée des bras un peu collants de l'homme-araignée).
Pour faire un excellent film il vous faut encore :
- un très bon réalisateur (cocorico) : Michel Gondry, réalisateur de clips devenus "historiques" (Bachelorette de Björk, Around the World de Daft Punk, The hardest button to button des White Stripes...). C'est le petit génie que toutes les pointures s'arrachent. Le genre de gars à qui un film sur les méandres du cerveau, les souvenirs qui s'entrecoupent, les associations d'idées, fournit le terrain d'expérimentation idéale pour oser des trucs hallucinants. Parce que c'est un sacré bordel, dans un cerveau. Et filmer un souvenir qui s'efface, c'est balèze, mais il y arrive !
- Un détail à ne pas négliger, aussi, un très bon titre : genre qui accroche le regard, qui éveille la curiosité, qu'on est incapable de répéter à la caissière, et qu'on attend pendant une bonne partie du film pour le comprendre.
Mais surtout, pour faire un film exceptionnel, il faut en plus :
- un brin de folie, de poésie, d'humour, d'émotion, de magie. De l'intangible, presque du divin. En un mot, du GENIE. Ce film, en vérité je vous le dis, n'est pas un de ces (nombreux) bons films dont on essaye de vous parler ici, c'est probablement l'un des TROIS meilleurs films cette année (si je me souviens bien, j'ai grillé ma première cartouche avec Lost in Translation, il m'en reste une au cas où !)
J'ai fait de mon mieux pour ne parler que de la forme, j'ai fait tout mon possible pour ne pas raconter quoi que ce soit sur le fond, le scénario, qui est extraordinaire, qui m'a retourné, qui m'a fait rire et même pleurer ! Hier quelqu'un m'a dit : "Pitié, va le voir, c'est trop dûr de ne pouvoir en parler avec personne !"
Je le comprends maintenant et je vous supplie à mon tour, faites confiance au formidable b-à-o qui est en train de naître autour de ce film ! Ne ratez pas Eternal Sunshine of the Spotless Mind, s'il n'y a qu'un film à voir cette année c'est lui !Eternal Sunshine of the spotless mind Un film de Michel Gondry, avec Jim Carrey, Kate Winslet
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Fahrenheit 9/11 vs Supersize Me, de Michaël Moore et Morgan Spurlock
Pour une fois qu'on a deux bons documentaires américains, faisons donc un petit match amical entre les deux (et une chronique plus longue pour rattraper les vacances de la LIM). A ma gauche, Michael Moore, The Big One, documentaliste obèse reconnu et palmedoracanné. A ma droite, Morgan Spurlock, documentaliste svelte moins connu et disciple revendiqué du premier. Moore se livre à une charge anti-républicaine, et en particulier anti-réélection de George Bush, Spurlock à une charge anti-malbouffe et en particulier anti-Mc Donald.
On l'a dit et redit, Fahrenheit 9/11 est un pamphlet : rien n'est trop gros pour étayer le discours. Il passe ainsi en revue, dans un raccourci époustouflant, 4 ans de politique de Gw Bush et ses acolytes pétrolophiles et magouilleurs, depuis le trucage manifeste de son élection jusqu'au déclenchement de la guerre en Irak, en passant par le fameux 11 septembre et la guerre en Afghanistan.
Qui dit raccourci dit approximations. Autant Michael était très convaincant dans Bowling for Columbine, alignant des chiffres indiscutables comme le nombre de morts par armes à feu aux USA, autant il lui arrive de s'égarer comme quand il parle avec insistance du business mené par la famille Bush avec la famille Ben Laden (mais pas la branche d'Oussama !). Car après tout serait-il SI scandaleux de faire ses courses dans l'épicerie du cousin par alliance de Marc Dutroux ?
Pour tout dire on ressent une sorte de haine vis-à-vis de la dynastie saoudienne (effectivement condamnable à bien des égards), mais qui semble parfois presque, je dis bien presque, suinter l'antisémitisme (rappelons en passant à notre président que ce terme couvre l'ensemble des populations sémites). Le discours en perd forcément un peu de sa force ; au moins l'on se rend compte que Michael Moore a ses défauts et peut dire des conneries comme tout le monde !
Quant à Supersize Me, c'est une autre histoire. Faisant usage de la rigueur habituelle de Moore, Spurlock nous démontre comment, en mangeant pendant un mois 3 repas par jour chez Mc Donald, on peut littéralement détruire son corps. Parti de mensurations de rêve (et pour cause, pile les mêmes que moi : 1,88 m et 84 kilos), le courageux Morgan ira jusqu'au bout, après avoir pourtant dégueulé son premier menu Supersize !
Finalement le plus hallucinant n'est pas sa prise de poids mais son taux de glucides, triglycérides, cholestérol et tous les autres dérèglements de son corps. Ayant avalé l'équivalent de 30 kilos de sucre en poudre, le malheureux finit avec un foie d'alcoolique, une libido inexistante, une tension qui explose et des médecins qui lui hurlent de tout arrêter de suite. A partir du 21ième jour, on finit même par craindre pour sa vie !
Et puis il ne livre que des faits convaincants : ceux des analyses sanguines et nutritionnelles, et les bilans de santé que lui dressent les trois médecins qui assistent, consternés, à son expérience. Mais aussi par exemple le taux de sucre que contiennent un Big Mac, un Coca, les frites et même... les salades de chez Mac Do ! Edifiant et proprement ter-ri-fiant.
En passant il livre une éclairante démonstration anti-pub contre les géants de la malbouffe américaine. Et il aborde le problème de l'obésité, mais sans non plus tout mettre sur le compte de Mc Do : il insiste aussi sur le fait que les américains ne font plus du tout d'exercice, que leurs cantines scolaires sont livrées au règne de la graisse et de la Sodexhite la plus aigüe.
Pour en revenir à Fahrenheit 9.11, le côté grosse rigolade qui a toujours habité les films de Moore est quand même très présent. On se marre comme des bossus (sur le principe "il vaut mieux en rire") devant l'indécision de Bush quand on lui annonce les attentats, devant la taille des conneries qu'il est capable de sortir, devant le temps effectif qu'il a passé en vacances entre 2000 et 2001 ... Dans Supersize Me aussi, on se marre tout le temps, avec la complicité de la copine végétalienne de Spurlock qui raconte en détail leur vie sexuelle défaillante, et Spurlock lui-même qui est très rigolo et plein de blagues (les mac-gargouillis qui précèdent les mac-prouts qui annoncent hélas la mac-gerbe ...).
Ces films ont une même cible : le spectateur obèse américain qui vote pour celui qui a la plus belle cravate (quand il vote) et bouffe 4 à 5 fois par semaine dans un fast-food. Le premier en tout cas a touché sa cible : 10 millions d'entrées la première semaine, il fait jeu égal avec un blockbuster (ce qui est déjà en soi proprement hallucinant). Il montre aussi les fameuses images censurées aux USA (les soldats carbonisés trainés dans les rues en Irak, les soldats mutilés, le chagrin des mères ...) Pour un américain moyen c'est certainement une grosse claque salutaire dans la tronche !
Spurlock lui, n'utilise MEME PAS tous les arguments anti Mc-Do déjà bien connus (les conditions sociales des travailleurs ou les programmes scolaires sponsorisés par la marque sont notamment zappés). Là où Moore verse un peu dans la putasserie (filmer longuement une mère qui pleure sans la consoler, voilà qui est décevant de sa part, on l'a connu plus empathique !), Spurlock va jusqu'à masquer le visage des obèses qu'il filme par dizaines dans les rues, et ne livre jamais aucun jugement sur le comportement alimentaire de ses pairs !
La réalisation de Supersize Me est impeccable, enlevée et sans temps morts et faite avec peu de moyens. Quant à dire de Fahrenheit 9/11 que c'est un bon film au sens cannois du terme, il est vrai que ça se discute. Mais si ça marche, si la plus grosse menace actuelle pour le monde peut ne pas être réélue grâce à Moore, affirmons que la fin justifiera les moyens, et grâce sera rendue à Michael ! Cela dit nous autres français, qui savons déjà presque tout ça, ne sommes pas tenus d'aller le voir.
Par contre Spurlock fait l'équivalent d'un film de son maître au meilleur de sa forme. On peut raisonnablement espérer que ce film sauvera des gens de l'obésité (et donc parfois de la mort), phénomène qui semble également devenir inquiétant en France et nous concerne donc davantage !
Conclusion : si vous allez souvent au ciné, allez voir les deux ! Mais si vous y allez rarement, allez plutôt voir Supersize Me. Vous verrez que même en aimant les fast-foods, en sortant on a plutôt envie de manger une soupe au pistou !
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Fahrenheit 9/11 vs Supersize Me, de Michaël Moore et Morgan Spurlock
Pour une fois qu'on a deux bons documentaires américains, faisons donc un petit match amical entre les deux (et une chronique plus longue pour rattraper les vacances de la LIM). A ma gauche, Michael Moore, The Big One, documentaliste obèse reconnu et palmedoracanné. A ma droite, Morgan Spurlock, documentaliste svelte moins connu et disciple revendiqué du premier. Moore se livre à une charge anti-républicaine, et en particulier anti-réélection de George Bush, Spurlock à une charge anti-malbouffe et en particulier anti-Mc Donald.
On l'a dit et redit, Fahrenheit 9/11 est un pamphlet : rien n'est trop gros pour étayer le discours. Il passe ainsi en revue, dans un raccourci époustouflant, 4 ans de politique de Gw Bush et ses acolytes pétrolophiles et magouilleurs, depuis le trucage manifeste de son élection jusqu'au déclenchement de la guerre en Irak, en passant par le fameux 11 septembre et la guerre en Afghanistan.
Qui dit raccourci dit approximations. Autant Michael était très convaincant dans Bowling for Columbine, alignant des chiffres indiscutables comme le nombre de morts par armes à feu aux USA, autant il lui arrive de s'égarer comme quand il parle avec insistance du business mené par la famille Bush avec la famille Ben Laden (mais pas la branche d'Oussama !). Car après tout serait-il SI scandaleux de faire ses courses dans l'épicerie du cousin par alliance de Marc Dutroux ?
Pour tout dire on ressent une sorte de haine vis-à-vis de la dynastie saoudienne (effectivement condamnable à bien des égards), mais qui semble parfois presque, je dis bien presque, suinter l'antisémitisme (rappelons en passant à notre président que ce terme couvre l'ensemble des populations sémites). Le discours en perd forcément un peu de sa force ; au moins l'on se rend compte que Michael Moore a ses défauts et peut dire des conneries comme tout le monde !
Quant à Supersize Me, c'est une autre histoire. Faisant usage de la rigueur habituelle de Moore, Spurlock nous démontre comment, en mangeant pendant un mois 3 repas par jour chez Mc Donald, on peut littéralement détruire son corps. Parti de mensurations de rêve (et pour cause, pile les mêmes que moi : 1,88 m et 84 kilos), le courageux Morgan ira jusqu'au bout, après avoir pourtant dégueulé son premier menu Supersize !
Finalement le plus hallucinant n'est pas sa prise de poids mais son taux de glucides, triglycérides, cholestérol et tous les autres dérèglements de son corps. Ayant avalé l'équivalent de 30 kilos de sucre en poudre, le malheureux finit avec un foie d'alcoolique, une libido inexistante, une tension qui explose et des médecins qui lui hurlent de tout arrêter de suite. A partir du 21ième jour, on finit même par craindre pour sa vie !
Et puis il ne livre que des faits convaincants : ceux des analyses sanguines et nutritionnelles, et les bilans de santé que lui dressent les trois médecins qui assistent, consternés, à son expérience. Mais aussi par exemple le taux de sucre que contiennent un Big Mac, un Coca, les frites et même... les salades de chez Mac Do ! Edifiant et proprement ter-ri-fiant.
En passant il livre une éclairante démonstration anti-pub contre les géants de la malbouffe américaine. Et il aborde le problème de l'obésité, mais sans non plus tout mettre sur le compte de Mc Do : il insiste aussi sur le fait que les américains ne font plus du tout d'exercice, que leurs cantines scolaires sont livrées au règne de la graisse et de la Sodexhite la plus aigüe.
Pour en revenir à Fahrenheit 9.11, le côté grosse rigolade qui a toujours habité les films de Moore est quand même très présent. On se marre comme des bossus (sur le principe "il vaut mieux en rire") devant l'indécision de Bush quand on lui annonce les attentats, devant la taille des conneries qu'il est capable de sortir, devant le temps effectif qu'il a passé en vacances entre 2000 et 2001 ... Dans Supersize Me aussi, on se marre tout le temps, avec la complicité de la copine végétalienne de Spurlock qui raconte en détail leur vie sexuelle défaillante, et Spurlock lui-même qui est très rigolo et plein de blagues (les mac-gargouillis qui précèdent les mac-prouts qui annoncent hélas la mac-gerbe ...).
Ces films ont une même cible : le spectateur obèse américain qui vote pour celui qui a la plus belle cravate (quand il vote) et bouffe 4 à 5 fois par semaine dans un fast-food. Le premier en tout cas a touché sa cible : 10 millions d'entrées la première semaine, il fait jeu égal avec un blockbuster (ce qui est déjà en soi proprement hallucinant). Il montre aussi les fameuses images censurées aux USA (les soldats carbonisés trainés dans les rues en Irak, les soldats mutilés, le chagrin des mères ...) Pour un américain moyen c'est certainement une grosse claque salutaire dans la tronche !
Spurlock lui, n'utilise MEME PAS tous les arguments anti Mc-Do déjà bien connus (les conditions sociales des travailleurs ou les programmes scolaires sponsorisés par la marque sont notamment zappés). Là où Moore verse un peu dans la putasserie (filmer longuement une mère qui pleure sans la consoler, voilà qui est décevant de sa part, on l'a connu plus empathique !), Spurlock va jusqu'à masquer le visage des obèses qu'il filme par dizaines dans les rues, et ne livre jamais aucun jugement sur le comportement alimentaire de ses pairs !
La réalisation de Supersize Me est impeccable, enlevée et sans temps morts et faite avec peu de moyens. Quant à dire de Fahrenheit 9/11 que c'est un bon film au sens cannois du terme, il est vrai que ça se discute. Mais si ça marche, si la plus grosse menace actuelle pour le monde peut ne pas être réélue grâce à Moore, affirmons que la fin justifiera les moyens, et grâce sera rendue à Michael ! Cela dit nous autres français, qui savons déjà presque tout ça, ne sommes pas tenus d'aller le voir.
Par contre Spurlock fait l'équivalent d'un film de son maître au meilleur de sa forme. On peut raisonnablement espérer que ce film sauvera des gens de l'obésité (et donc parfois de la mort), phénomène qui semble également devenir inquiétant en France et nous concerne donc davantage !
Conclusion : si vous allez souvent au ciné, allez voir les deux ! Mais si vous y allez rarement, allez plutôt voir Supersize Me. Vous verrez que même en aimant les fast-foods, en sortant on a plutôt envie de manger une soupe au pistou !
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Innocence - Ghost in the Shell 2, un film de Mamour Oshii
Affirmons-le avec force : Mamoru Oshii est un génie. Cela dit si vous l'ignorez, on ne peut certes pas vous le reprocher. Pour vous donner un aperçu, son film précédent, Avalon, était un film sur la réalité virtuelle, entièrement tourné en couleurs sépia, avec de vrais acteurs et ... en polonais. Autant dire un truc fabuleusement déconcertant et donc, incompris : un bide, comme tous les films culte !
Si vous faites partie des chanceux (et des fans d'Oshii) vous aviez pris une sacrée claque en voyant ce film ovni, d'autant que la musique symphonique de Kenji Kawai y était absolument superbe. Ce compositeur, attitré à Mamoru Oshii, est encore ici à la manoeuvre et comme d'hab, ça déboite. Que la musique d'un manga soit plus chiadée que celle de la plupart des films, ce serait déjà génial en soi.
Je vous vois venir... oui mais c'est un numéro 2 ? N'ayez crainte, j'avais tout oublié du premier et j'ai pas été perdu pour autant : malgré de nombreuses digressions philosophiques (mais intéressantes), la trame de l'histoire est plutôt limpide. Et puis le cadre est solidement replanté au début du film. Un manga ? Oui, mais bien plus beau que la plupart des films de science-fiction !
Une décennie nous sépare de Ghost in the Shell, son premier film, responsable officiel de toute une génération de fans de mangas (avec Akira). Une histoire, déjà, d'hommes et de robots, mélangés dans un futur proche. Et surtout des nombreuses créatures intermédiaires : les cyborgs, êtres hybrides dont la partie humaine, leur âme fantôme (le ghost), se débat dans une coquille (le shell) mécanique et qui tend à prendre le dessus avec les années.
On retrouve donc le maussade héros Batou, policier fortement transformé (notamment ses yeux, deux plaques sensitives), ses manières mécaniques, ses rêves tristes à son amour perdue (le Major, jolie policière aux yeux bleus disparue mystérieusement dans les limbes, mais qui va refaire surface), son hush-puppy (le même que Columbo !) et son collègue entièrement humain lui (mais moins intéressant, du coup), Tegusa.
Ils sont chargés d'une enquête dans le milieu des gynoïdes, des robots à la vocation de femme de compagnie (mais à l'usage officieusement sexuel), devenus soudain massivement meutrières et suicidaires. Enquête qui les mènera à des bastons violentes chez des yakusas (ouf, un repère du film japonais !), mais aussi chez les magnats de la construction d'androïdes, ou encore chez un programmateur de génie qui joue avec les différents plans de la réalité (d'où une séquence saisissante qui se reproduit trois fois avec d'infimes différences).
Curieusement, comme dans le coréen Wonderful Days (chroniqué il y a quelques mois), les personnages sont moins soignés, plus sommaires que les décors, totalement au delà de toute description. Imaginez une immense cathédrale futuriste, gothique et cyberpunk à la fois, entourée de nuée d'oiseaux blancs. Imaginez un immense carnaval vénitien entre les gratte-ciels, peuplé de sculptures asiatiques géantes et animées. Je n'ai pas assez de mots pour vous dire comme c'est beau, c'est époustouflant.
D'ailleurs certaines scènes ne semblent être là que parce qu'elles sont belles, visions oniriques d'Oshii, à mi-chemin entre Blade Runner et le Voyage de Chihiro. Et la réflexion sur l'humain et la machine est stupéfiante et inattendue...La beauté résiderait-elle plus dans les constructions que dans les êtres ? En tout cas les plus méchants ne sont pas forcément ceux qu'on croit, les plus humains non plus.
Nous pleurons le sang de l'oiseau, pas celui du poisson. Malheur à celui qui n'a pas la parole...
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Kill Bill, Vol.2, un film de Quentin "Master" Tarantino, avec Uma Thurman, David Carradine, Daryl Hannah, Michael Madsen
Bon alors autant vous le dire tout de suite : à la fin de Kill Bill Vol.2 on apprend que ... pouf, pouf. Ceci était un clin d'oeil à une abonnée rencontrée au Moulin, qui m'a accusé (injustement je trouve !) de raconter tout le film dans mes chroniques (quelle mauvaise foi non ? Non ?!).
Alors à l'attention de ceux qui ne lisent pas ces chroniques avec toute l'attention nécessaire, voici comment se finissait celle de Kill Bill, Vol.1 :
On sort du film la bave aux lèvres, si j'osais, passez-moi l'_expression, les patates au fond du sac tellement on a envie de savoir la suite ! Aaaargh ! Where the f*** is this c**suckin son of a b*** of Bill ?
Eh bien on respire : il semble qu'on l'ait enfin retrouvé, Bill. Dès le début on le voit, que c'est David Carradine, on savait bien que c'était lui, mais il est encore plus beau qu'on se l'imaginait, il porte avec lui tout l'imaginaire de la mythique série Kung Fu - ce dont QT use avec malice dans son scénario, eh oui, cette fois-ci il y en a un !
Quand à The Bride, la classieuse Uma Thurman, elle continue et achève son voyage vers lui dans ce deuxième volet. Voyage qui doit théoriquement d'abord passer sur les corps de Daryl Hannah (sublime de vicelardise) et de Michael Madsen (délicieux de sadisme détaché). Qui tuera ou tuera pas qui ? J'dirai pas !
Si Kill Bill Vol.1 était un film chinois, Hong-Kong style, sanglant et outrancier du début à la fin, Kill Bill Vol.2 est plutôt un film japonais, un Kitano, que dis-je, presque un Kurosawa : esthétique et contemplatif la plupart du temps, et d'une violence foudroyante pendant quelques séquences, presque quelques secondes !
Certes les héros se perdent volontiers dans de longs dialogues à l'exact mi-chemin entre le discours shaolino-philosophique et la conversation débile tarantinesque : c'est un délice si on aime, ça peut aussi endormir si on est peu disposé : personne ne tuera personne sans avoir tiré les choses au clair d'abord.
Eh oui ! Il y a à peu près autant de baston dans KB-2 qu'il y avait de conversation dans KB-1, ce qui à mon avis évoque une construction en Yin et Yang. Mais qui suis-je moi, misérable boursouflure du néant, pour tenter de comprendre les desseins du Maître ?
A l'instar de la progression initiatique de l'héroïne, la violence devient de plus en plus raffinée, rapide, immatérielle ; dans Kill Bill Vol.2 on est si près de la perfection spirituelle et corporelle qu'on tue à mains nues, par la ruse, presque avec la force de l'esprit.
Voilà pourquoi il n'est interdit qu'au moins de 12 ans contre 16 pour le premier... c'est simplement une question d'hémoglobine (les mecs du CSA ne sont certes pas des flêches en ce qui concerne la violence psychologique que se font subir certains personnages, le concept est un peu subtil pour eux).
Tarantino continue son chemin, parodie les autres (la Nuit des Morts Vivants entre autres), se parodie soi-même (en plantant des aiguilles dans Uma Thurman comme au bon vieux temps), sans oublier de tirer sa révérence, dans le générique de fin, à tous ceux qu'il admire ou a admiré au cinéma (surtout restez jusqu'à la fin !).
Moi aussi je rêve de me prosterner devant vous, Maître, et tel Wayne devant Alice Cooper, pouvoir vous dire "Je suis pas digne, je suis à ch.... !"
Encore merci pour votre oeuvre en général et votre Palme d'Or en particulier !
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La grande Séduction, un film de Jean-François Pouliot
Les habitants de Sainte-Marie-la-Mauderne (et la mal nommée) se demandent comment sauver leur village. Ils en ont marre de survivre du RMi canadien, dans leur village paumé sur une île au c... du loup.
Un entrepreneur veut bien venir s'installer et donner du boulot à tout le monde à une condition : il doit y avoir un médecin sur l'île.
Comme l'annonce le titre, le film raconte comment le maire et ses administrés truculents (et souvent incompréhensibles car parlant le "canadien des champs") vont essayer de faire de leur trou le 'plus bel endroit où être' pour leur médecin, venu à contre-coeur de la ville pour faire un CDD d'un mois.
Pas de quoi faire un fromage, juste un film sans prétention, mais très amusant, d'une part par le comique de situations impossibles (le maire s'enfermant dans ses mensonges de plus en plus gros au docteur), d'autre part par les expressions absolument magnifiques et hilarantes de ces gens qui parlent, décidément, un français plus beau que le nôtre.
Alors soyez pas niaiseux, v'nez vous-en donc écouter c'beau film !
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La Jeune Fille à la Perle, un film de de Peter Webber avec Colin Firth et Scarlett Johannson
L'un des tableaux les plus connus du maître hollandais Vermeer (17e siècle) représente une jeune fille à l'aspect et à la tenue très simple, mais portant à l'oreille une perle de belle taille. Cette incongruïté a inspiré à une écrivaine, Tracy Chevalier, toute une histoire, pour imaginer comment ce tableau a pu être réalisé.
Aimant les tableaux intimistes d'intérieur, le peintre surprend un jour sa nouvelle servante en train de laver un carreau et est subjugué par la lumière sur son visage. Elle manifeste de plus une grande sensibilité à la peinture et aux couleurs, à laquelle la famille du peintre est pourtant hermétique.
En effet pour la maîtresse de maison, 'ce ne sont que des images' : elle n'y voit qu'un moyen de mener grand train de vie. Vermeer doit donc se plier aux commandes passées par son mécène pour faire vivre sa grande famille. Pour pouvoir peindre la fascinante jeune femme, il passe alors un marché douteux avec le marchand d'art.
La jeune fille devra donc se débattre entre le regard fou de désir du peintre au magnétisme animal, les assauts de ce qu'il faut bien appeler un vieux cochon, mais aussi l'insistante cour d'un gentil jeune homme de sa condition, et même la jalousie de la femme et de la fille de Vermeer. Pas simple !
Le film fait revivre fidèlement l'atmosphère et les décors de cette époque, sans jamais recourir à un éclairage artificiel. Toute la famille vit donc dans la pénombre, et les éclats de lumière naturelle ou à la bougie, rendent encore plus fulgurants les tableaux de Vermeer, et certains plans du film qui les rappellent ostensiblement.
Scarlett Johannson a débarqué sur le tournage 15 jours après "Lost In Translation". Et pourtant elle incarne délicatement son rôle de jeune fille craintive et intelligente. Le réalisateur anglais, par un subtil jeu de maquillage et d'éclairages, la montre tour à tour comme une jeune fille 'quelconque' dans sa vie de tous les jours, et comme une délicieuse créature quand elle est regardée par le peintre.
Il ne sombre dans la facilité ni au niveau de l'histoire (pas de fin hollywoodienne), ni au niveau du casting : là où un américain aurait surement choisi une mégère affreuse pour la femme de Vermeer
(histoire qu'on comprenne bien), il a par exemple choisi une très belle femme.
Ce film raconte donc avec subtilité et à travers des images d'une grande beauté, une jolie histoire un peu triste. J'espère qu'il n'y a rien à ajouter pour vous donner l'envie d'aller le voir...
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La Mauvaise Education, un film de de Pedro Almodovar avec Gaël Garcia Bernal
Se peut-il que le génial Almodovar ait raté un film ? J'ai quand même du mal à le croire. Et pourtant en sortant de La Mala Educacion c'était un peu mon sentiment. Alors que tous les ingrédients d'Almodovar y sont : passion, sexe, musique, mort, trahison... je n'ai pas ressenti grand-chose, j'ai même lutté un peu contre le sommeil !
Il est vrai qu'il y a une différence de taille avec ses oeuvres précédentes : au contraire de tous les films qu'il a fait à ma connaissance, il n'y a pas la moindre femme dans ce film ! Même pas une Rossi de Palma à se mettre sous la dent : Almodovar a réalisé son premier film entièrement homosexuel (et paraît-il en grande partie autobiographique).
Ici il s'agit donc du destin de deux enfants qui ont été dans la même pension religieuse, tenue par un prêtre pédophile qui a abusé de l'un d'eux, ce qui l'a marqué à vie et fait qu'immanquablement, il va devoir revenir lui demander justice.
Enfin c'est ce qu'on croit au début. Parce qu'évidemment je ne vais pas en dire plus, mais chez Almodovar il y a toujours des rebondissements mélodramatiques et capillotractés qui feraient hurler chez n'importe qui d'autre. Que même les scénaristes des Feux de l'Amour ne tenteraient pas et qui, chez lui, passent tout naturellement !
Quoi qu'il en soit, là où je finissais immanquablement perturbé et ému aux larmes par la beauté et le destin tragique des actrices (de la délicieuse Victorial Abril à la classieuse Marisa Paredes, en passant par la douce Penelope Cruz et la sublime Cecilia Roth), je suis resté plutôt de marbre devant le charme, paraît-il foudroyant (demande à ta copine si tu me crois pas), de Gaël Garcia Bernal, révélé dans Amours Chiennes.
Enfin de compte je ne pense pas que ce film soit raté, mais je pense qu'il faut être particulièrement sensible à la beauté des hommes (Ignacio, Juan et Enrique) pour l'apprécier à sa juste valeur. Alors avis aux amateurs et aux amatrices !
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Le convoyeur, un film de Nicolas Boukhrief, avec A.Dupontel, F.Berléand, J.Dujardin
Quand on se plonge dans le regard fixe et inquiétant d'Albert Dupontel, on se rappelle vite qu'il aime à jouer des rôles de type pas clairs. D'ailleurs c'est pour ça qu'on l'aime : j'affirme que qui ne l'a pas vu dans Bernie n'a pas vu grand chose en terme de rôle de psychopathe !
Et puis là ou il vient d'être embauché, chez une société de convoyeurs de fonds en faillite, une détestable ambiance paranoïaque s'installe de suite, au milieu de ses collègues tous un peu borderline : François Berléand, infect comme toujours, Jean Dujardin (de chez Un Gars, une fille) trop poli pour être honnête, et les autres, tous drogués ou bourrés dès le matin pour supporter le stress de leur travail... mais armés jusqu'aux dents, quand même !
On comprend assez vite que, s'il s'est fait recruter là, s'il visite à la dérobée les casiers de ses collègues, ce n'est peut-être pas par hasard. Et quand on le voit dresser des fiches de renseignements sur eux et les punaiser dans sa chambre d'hôtel, se piquer dans les toilettes, refuser les avances d'une jolie femme de chambre, on se dit qu'il a sûrement des choses pas jolies-jolies à y cacher.
Ce film, sans être vraiment révolutionnaire au niveau du scénario ni de la réalisation, met cependant en place une ambiance pesante dans laquelle on est vite immergé, je dirais même englué, grâce à une musique minimaliste et flippante à souhait et des acteurs tout à fait - pour une fois dans ce type de film - excellents !
Et quand ça part en couille (mais non eh, je ne dévoile rien, on le sent dès le début que ça va déraper !), c'est encore bien pire que ce qu'on pensait, c'est carrément du Reservoir Dogs à la française, j'oserais même dire qu'on approche de l'insurpassable Dobermann de Jan Kounen !
Par ailleurs, je le dis pour les pressés qui n'ont jamais le temps pour le générique de fin (je sais qu'il y en a parmi vous !), celui-ci est un formidable pied de nez au cinéma français tel que je ne l'ai jamais supporté et peut-être vous non plus (vous verrez, ça va vous plaire). Et un clin d'oeil au spectateur qui vient de se faire secouer le teston à l'arrière du fourgon pendant deux heures.
Alors c'est pas le chef d'oeuvre du siècle, y'aura surement des bonus sur le DVD, mais à la maison je vous assure que ça donnera pas pareil ! Quand on pense au nombre de m... formatées américaines qui inondent nos écrans, c'est bon de savoir que des ptits gars bien de chez nous comme Boukhrief, Kounen et 2-3 autres, sont capables de faire du vrai bon film de genre comme ça !
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Le Jour d'Après, un film de R. Emmerich, avec Dennis Quaid
Le Cinestival est un bon prétexte pour aller voir des bouses américaines ("oui mais j'ai payé que 3 euros !"). Ce film fait par le malencontreux auteur d'Independance Day, laissait à présager du pire. N'écoutant que mon courage, ma dévotion à LIM et mon intérêt pour le sujet (le risque d'un changement climatique rapide), j'y suis donc allé !
Et curieusement le film commence intelligemment, avec un discours scientifique relativement détaillé sur ce risque, en soulignant bien la responsabilité des USA. Même le mot Protocole de Kyoto est employé ! A défaut d'explications sur le contenu de ce texte, je doute que le concept ait pu pénétrer la couche de graisse qui entoure le cerveau d'au moins un américain sur trois, mais bon, il l'a entendu.
De même se lancer dans une explication du risque d'arrêt du Gulf Stream et de ses conséquences climatiques est relativement couillu avouons-le, pour qui s'adresse à des cowboys 4x4ophiles. Ils se rallieront plus volontiers aux propos de leur Vice-Président dans le film, un clône du bien-prénommé Dick Cheney : "Monsieur, l'économie des USA est plus fragile que le climat de la planète" (ce qui en américain se traduit par "fuck you man").
On met aussi vaguement en cause l'automobile car un homme dit pour la première fois dans un blockbuster : "Regardez-moi tous ces abrutis dans les embouteillages!". Mais c'est quand même un clodo (noir en plus, autant dire, un emmerdeur) qui tient de tels propos. Et puis au bout de 30 minutes, on est dans un film-catastrophe classique : la cause en est complètement oubliée, y'a une tempête et on fait avec, point barre.
Pour le reste, puisque changement climatique il y a, des phénomènes naturels amusants se succèdent : brisure de la banquise (presque aussi brutale et cocasse que dans l'Age de Glace), ratiboisage de Hollywood par un cyclone (symbolique), remplissage de New York par les eaux (époustouflant), immigration illégale en sens contraire de fuyards vers le Mexique (jubilatoire), échouage d'un pétrolier à Manhattan (poétique), etc etc.
Le film apporte son lot de personnages convenus et peu consistants : le père héroïque qui part à pied sauver son fils par moins 60°C (ne me demandez pas pourquoi, j'ai pas compris), le SDF noir-mais-sympa, les jeunes tourtereaux qui vont perpétuer l'espèce, le vieux scientifique débonnaire qui meurt avec le sourire...
On ressort de là un peu désabusé : on s'est pas ennuyé, on a vu quelques très beaux effets spéciaux, mais on reste déçu qu'une si bonne idée (aller traquer l'américain au cinéma comme le fait Michael Moore, pour lui mettre le nez dans son pot d'échappement) ne soit pas menée plus loin.
Dans l'ensemble je dirais que ça vaut le coup d'oeil, grâce aux bons passages sus-cités. Mais quand même non de Zeus : un simple écran à la fin, du style "ça pourrait t'arriver un jour si t'arrêtes pas de prendre ta chiotte pour aller à 200 mètres chez Mac'Do"", je sais pas moi, c'était trop cher ou quoi ?
Ca aurait sans doute été trop anxiogène, c'est quand même un film pour tous publics ! D'ailleurs la preuve qu'ils n'ont vraiment rien compris : la première chose qu'ils font à la fin de la tempête est d'aller rapatrier à 500 bornes les centaines de survivants new-yorkais... par hélicoptère. Des claques se perdent, j'vous jure.
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Le Mecano de la General, un film de/avec Buster Keaton
Nouveauté : un film chroniqué en exclusivité par la LIM ! Honteusement dédaigné par la concurrence, tout ça parce qu'il a ... 78 ans (à peine l'âge d'un Président ou d'un Sénateur en exercice). est pourtant (paraît-il, je les ai pas tous vus) le chef-d'oeuvre de Buster Keaton.
Ressorti en grande pompe la semaine dernière, il n'est déjà plus programmé qu'à 18 H 05 tous les jours aux Variétés !
C'est peu dire, c'est presque mentir de nous informer que 'les copies sont neuves' : elles ont en fait été reprises numériquement image par image, pour enlever tous les défauts, trous, poussières (c'est expliqué en préambule). Le résultat est assez fabuleux : le film est si pur et net que même les spectateurs de l'époque n'ont pas pu le voir aussi beau !
Quant à vous si jamais vous avez de la chance, vous l'avez peut-être aperçu un jour, mais en copie déglinguée, sur votre télé et très tard le soir. Car le très désopilant Buster Keaton est un peu le cocu de l'histoire du cinéma comique des années 20-30, dont il a été évincé dans les mémoires par le non moins talentueux ...Charlie Chaplin. Ce dernier, il est vrai, est quand même plus jovial et primesautier, quand Buster est resté célèbre pour sa fameuse mimique du gars-qui-ne-rigole-que-quand-il-s'brûle.
Quoi qu'il en soit, en tant que Mécano d'une belle locomotive lancée à fond les ballons en plein milieu de la guerre de sécession, le petit bonhomme se débat contre une armée d'affreux yankees (eh oui, il est
sudiste) pour ramener ses deux belles à la maison : sa locomotive volée, et la délicieuse idiote dont il est follement amoureux, et qui a évidemment été embarquée par erreur.
Il arrive au mécano à peu près toutes les crasses que le cerveau du scénariste de l'époque a pu imaginer (un sadique, probablement). Refoulé, poursuivi, brûlé, trempé, assommé ... il traverse donc de nombreux moments de grande solitude, qui n'améliorent certes pas son humeur et son rictus mais le rendent d'autant plus drôle. Bien obligé de se défendre et de ralentir ses poursuivants, il se démène tant et si bien qu'on finit par se demander s'il ne va pas gagner la Guerre de Sécession à lui tout seul...
Ce rail movie est donc l'occasion de folles cascades (sans trucages à l'époque, il a risqué sa vie plusieurs fois !), à des gags burlesques sans fin (avec un truc absent chez Chaplin-le-parfois-cucul d'ailleurs : une délicieuse misogynie !). Ca dure 75 minutes à peine, c'est i-dé-al pour oublier une dure journée au boulot et se marrer comme des bossus tout en (re)découvrant un authentique chef d'oeuvre ! Foncez-y d'ici à mardi 05.10, vous me remercierez plus tard !
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The Village, un film de M. Night Shyamalan avec John Hurt, Sigourney Weaver
Après le 6ième Sens, habile thriller sur les fantômes, on a pris trop vite Mr Shyamalan pour ce qu'il n'était pas : le nouveau John Carpenter ! Du coup les critiques déçus allument à chaque nouveau film ce brave artisan du cinéma de frousse, alors que ses productions sont très efficacement flippantes, les acteurs bien dirigés et la réalisation très esthétique !
Ainsi, The Village remplit parfaitement bien son contrat. Le pitch de départ est très simple et déconcertant : une communauté de quakers vit isolée dans un village, entourée de forêts hostiles. Il leur est interdit d'aller dans ces forêts sous peine d'y rencontrer those-we-don't-speak-about, autrement dit d'indicibles monstres.
Monstres dont on sait seulement que le rouge les attire, qu'ils sortent la nuit, et que quand il débarquent on a intérêt à se planquer fissa vu qu'ils adorent écorcher sadiquement les êtres vivants. Monstres avec lesquels on apprend que les Anciens du village ont conclu jadis un étrange pacte de non-agression. Toute la question est alors de savoir qui sont ces monstres : fantômes, créatures, animaux... ?
c'est déjà pas mal dans un film de ne pas savoir de quoi on a peur, enfin moi en tout cas j'adore ça ! Et aussi, on se demande comment faire, quand c'est une question de vie ou de mort, pour traverser l'affreuse forêt ! Ce que quelqu'un va devoir faire, évidemment (j'en dis pas plus).
Bref c'est tout à fait effrayant et ça vaut bien la prise de tête pour comprendre le fin mot de l'histoire. Même en réfléchissant tout le film, en cherchant l'obligatoire retournement hénaurme (la marque de fabrique du cinéaste), je vous assure qu'il semble impossible de ne pas être scotché au moment de vérité !
S'ajoute à cela un message sur l'horreur de l'enfermement et de la peur de l'autre, opposé à l'utopie que représente, malgré tout, une communauté soudée par un même destin. On a envie de penser que c'est une image de l'Amérique contre le reste du monde... et interpréter le message induit ni facile ni transparent, bien au contraire.
Un film de peur qui fait réfléchir, j'en ai pas vu souvent, alors ne vous privez pas d'aller frissonner un peu à ce très bon épisode de la Quatrième Dimension !
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Un Long Dimanche de Fiançailles featuring Les Indestructibles et Les Dalton, un film de Jean-Pierre Jeunet
Si on parle assez peu de blockbusters sur cette lettre, c'est parce qu'ils n'ont pas besoin d'une couche supplémentaire : les deux films en question ont assez squatté votre télé, vos journaux, les murs de votre métro et les flancs de vos bus : si vous y avez échappé c'est peut-être même fait exprès. En plus, le premier est produit par Disney, le second est produit par la Warner (il a d'ailleurs été reclassé film américain par le Tribunal Administratif de Paris, bye bye les Césars ha ha !). Deux films américains, donc.
Ajoutons que Jean-Pierre Jeunet, réalisateur d'Amélie dans les tranchées, a refusé en son temps l'accès de l'avant-première aux journalistes de Télérama et des Inrockuptibles (autrement dit censuré deux des seuls critiques de cinéma à peu près fiables)... Par ailleurs il a oublié de nous inviter et pire encore, de nous refuser l'entrée (ce qui aurait été une vraie reconnaissance de notre travail sur la LIM).
Bref, dégoûté, je n'ai pas eu envie d'en dire même du mal. Pourtant je pourrais : Un long Dimanche de Fiançailles est un film too much, un peu trop long, à l'instar de son titre (nous dirons donc "UlDdF"). Il fait toujours un temps merdique dans les tranchées et un temps idyllique dans la petite maison au bord de la mer (pourtant en Bretagne) des parents d'Am... de Mathilde. Bref l'image est trop retravaillée : ça passait bien dans Amélie Poulain (un conte), ça passe mal dans UlDdF (un roman historique).
Les dialogues sont trop écrits, les gens ont toujours un truc intelligent à dire (sujet, verbe et complément) même quand les obus allemands leur pètent à la gueule. Du Audiard 50 ans après, là encore ça passait nickel chez Amélie, ça accroche un peu ici : y'a des scènes où on y croit pas. La distribution, somptueuse (non, on a dit pas de pub, mais y'a même le regretté Ticky Holgado) est cependant totalement téléphonée et presque sans surprises : Pinon en gentil, Dreyfus en méchant, comme dans Delicatessen (1992).
Deux choses sauvent ce film : il est adapté d'un excellent livre (dixit mon papa) de Sébastien Japrisot : en effet l'intrigue est palpitante, surprenante, et avec un vrai suspense, eh oui !! Et enfin, il y a un moment où Denis Lavant (acteur underground égaré dans ce film plein de stars) chante la Chanson de Craonne, en urinant face aux soldats allemands figés dans leur tranchée. C'est superbe et très émouvant. On peut aller voir le film pour les deux raisons sus-évoquées !
Concernant Les Indestructibles, c'est une parodie de films de super-héros, mais aussi de James Bond. Il y a moult costumes, bases secrètes perdues dans le Pacifique, gadgets, super-pouvoirs plus ou moins foireux. C'est assez amusant et ça plaira aussi à votre petite soeur. Pas de quoi hurler mais vous passerez un très bon moment aussi, sachant que c'est moins rigolo que Le monde de Nemo quand même, malgré des clins d'oeils nombreux et assez finauds à des films récents.
Voilà, comme il n'y a plus grand-chose à voir ces temps-ci, vous pouvez rattraper, sans crainte mais sans espoir excessif, l'un de ces deux films. Ou alors si vraiment ça vous donne des boutons, les films américains : aller voir ou revoir Princess Mononoke, le manga le plus beau et le plus écologique de tous les temps, au Cinéma Le Miroir à la Vieille Charité, qui semble enfin décidé à reprendre une activité normale.
Attention, 2 séances seulement : Sam 18/12 à 21 H (prévoir une pizza chez Etienne ou Angèle en sortant) ou dimanche 19.12 à 15 h 30 (possibilité de coucher de soleil au Fort St-Jean après). Si vous ne pleurez pas à la fin, c'est que vous êtes une brute en 4x4 et que vous auriez du aller voir Les Dalton à la place : un autre film qu'on ne chroniquera finalement pas ici parce qu'on a eu très, très envie de ne pas y aller...
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Lost in Translation, un film de Sofia Coppola, avec Bill Murray et scarlett Johannson
A la fin de Lost in Translation, on se dit que la vie est belle, d'une part parce qu'il y a des films comme celui-ci à voir, d'autre part parce qu'elle nous réserve (au moins) un moment inoubliable : celui de la rencontre ratée avec une personne qui aurait pu être l'âme soeur.
Rencontre qui vous laisse un souvenir doux et magique, justement parce qu'elle est ratée et qu'elle garde en suspens un autre destin possible, qui enrichit nos rêves. Et parce qu'on sait au fond de soi que l'autre aussi, qu'on ne reverra jamais, s'en souvient...
Comme cette rencontre entre deux personnes, à l'autre bout du monde, une jeune fille en plein spleen post-étudiant et une star quinquagénaire sur le retour. Mais aussi entre une actrice débutante promise à un bel avenir, Scarlett Johannson, et un vieux routard de la comédie plan-plan, Bill Murray, qui trouve enfin ici le rôle de sa vie : être lui-même !
Coincés quelques jours à Tokyo, dans un immense hôtel feutré et high-tech, ces deux êtres vont se découvrir peu à peu et réaliser que, malgré les apparences et les contraintes sociales qui les séparent, leurs deux âmes se parlent librement, à travers un jeu de regards incroyablement expressif.
L'impossibilité apparente de cet amour entraîne un flirt timide qui n'est pas sans rappeler l'enfance : on se passe des petits mots, on s'effleure, on échange un baiser maladroit et, suprême délicatesse, on se dit des choses si doucement à l'oreille que même le spectateur ne les entendra pas.
Une façon originale de laisser à chacun la liberté d'imaginer, en plus du non-dit, tout le non entendu, et même, quand on y repense bien, plusieurs fins différentes (ah, ce sourire énigmatique !)
Le film est par ailleurs rendu plus léger et plaisant par le choc occidental avec la culture nippone, décidément pleine de surprises et filon de gags inépuisable, déjà utilisé dans le sympathique "Stupeurs et Tremblements" (d'après Amélie Nothomb), l'an passé.
Après Virgin Suicides, étrange objet lent et éthéré, bercé par un concept-album superbe de Air, Sofia coppola enfonce le clou et affirme crânement son style (et son prénom) : c'est beau, doux et tragique, la réalisation comme le jeu d'acteurs se font dans une délicieuse retenue.
Evidemment ceux qui ne sont pas du tout sensibles à ce style (et un peu fleur bleue peut-être ?) pourront aussi se demander pourquoi il se passe si peu de choses et ressortir un peu frustrés.
Mais pour les autres, quel plaisir ! En plus d'une agréable rêverie qui vous suit longtemps après la fin de l'histoire, on garde l'étrange sentiment lui aussi un peu nostalgique que, dès le mois de janvier, on a peut-être déjà vu l'un des plus beaux films de l'année 2004.
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Mystic River, un film de Clint EastWood, avec Sean Penn, Kevin Bacon, Tim Robbins
Il y a longtemps que Clint EastWood n'est plus seulement un cow-boy solitaire aux tirades monosyllabiques. Après une vingtaine de films très maîtrisés, et parfois magnifiques, force est de reconnaître que c'est devenu l'un des gardiens du temple du cinéma américain à l'ancienne, avec Scorsese et De Palma. On aime ou on aime pas, mais ça force le respect à l'heure des films "archi-clippés" à la mode.
Cela commence par une scène de l'enfance de trois gamins, scène apparemment presque anodine (l'un des trois est embarqué par la police suite à une bêtise) et qui a pourtant valeur d'acte fondateur pour eux.
Car celui qui a été embarqué, au hasard, va subir des atrocités, dont la suggestion très rapide et sobre ne fait que renforcer le sentiment d'horreur et de refoulement.
Pour ces trois jeunes garçons, la route est ensuite tracée. Il y aura le policier (Kevin Bacon, impérial, dont on sent que Clint lui-même aurait bien pris le rôle hiératique), le voyou à moitié repenti (Sean Penn, qui en fait un peu beaucoup dans le pathos par moments), et le père de famille apparemment rangé et pourtant malsain (Tim Robbins, inquiétant à souhait).
Le premier semble voué à racheter la faute des faux policiers en assumant son rôle de justicier jusqu'à la solitude, le deuxième semble devoir payer toute sa vie le fait de ne pas avoir été embarqué (la bêtise était de lui), le destin s'acharnant sur sa famille, et le dernier semble condamné à reproduire le schéma pédophile dont il a été victime.
A la mort de la fille de l'ex-truand, les trois anciens amis se retrouvent en tant que policier, victime et principal suspect.
Ce film, classique et donc classieux dans sa réalisation, est ensuite construit comme une tragédie grecque : chacun devra jouer son rôle jusqu'au bout même si les apparences sont, comme dans tout bon polar, trompeuses et le dénouement, inattendu et relativement immoral, façon de prouver qu'Eastwood place des notions comme l'honneur au dessus de la moralité, dans la plus pure tradition du cinéma de gangsters.
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Critique écrite le 14 avril 2008 par Philippe
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Les Sheriff : les chroniques d'albums
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La Graine et le Mulet d'Abdelatif Kechiche, vs Into the Wild de Sean Penn
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