Accueil Chronique album : Films Lim 101-120 - Films Lim 101-120, par Philippe
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Critique d'album

Films Lim 101-120 : "Films Lim 101-120"

Films Lim 101-120 :

Pop - Rock

Critique écrite le 23 avril 2008 par Philippe

Dans la Vallée d'Elah, un film de Paul Haggis avec Tommy Lee Curtis

Deux excellents films américains la même semaine, nous sommes gâtés ! Après le virtuose et passionnant Collision, Paul Haggis change assez nettement de style avec ce film d'un classicisme presque ostentatoire, eastwoodien : Dans la Vallée d'Elah. Qui met en scène Hank Deerfield (Tommy Lee Jones, renfrogné mais touchant dans sa détresse), vétéran du Vietnam qui part à la recherche de son fils récemment revenu d'Irak, et disparu de sa base. Arrivé dans la ville de garnison, il découvre peu à peu la vie dissolue et perturbée des jeunes soldats démobilisés, et beaucoup plus traumatisés qu'ils ne veulent bien l'admettre, ainsi que leur état-major, par les horreurs de la guerre...

S'enfonçant de plus en plus loin dans cette horreur banale et sous omerta militaire, tentant de reconstituer la dernière soirée de son fils (en fait assassiné, on l'apprend dès le début, et d'une atroce manière), il reçoit également au fur et à mesure de son enquête des vidéos plutôt perturbantes, que son fils Mike avait tourné au téléphone portable en Irak et qui le dépeignent assez loin du héros que le père avait cru faire de son fils. Une femme policière l'assiste (Charlize Théron, beauté glacée), et le soutient tandis que ses convictions militaires (il en a gardé tous les tics, lit au cordeau et pantalons repassés en toutes circonstances) s'effritent sous ses pieds, écrasées par une vérité qui dérange, et par une terrible culpabilité familiale - Mike avait un grand frère, lui aussi soldat...

Témoignage féroce sur l'impact de la guerre sur les jeunes gens qu'on y envoie, ce film est ni plus ni moins que le Voyage au Bout de l'Enfer de la guerre en Irak, émotion et force du message y comprises... C'est aussi une enquête policière menée avec maëstria, juste assez complexe pour être captivante, et où l'émotion est traitée avec une sublime sobriété (notamment la scène où Hank appelle sa femme pour lui apprendre la mort de leur fils. A l'instar d'un gros roman, ce film d'une lenteur académique nécessite d'être apprivoisé avec patience, mais vous récompensera très largement par un dénouement poignant. Au fait, vous pensez qu'il serait tout à fait impossible de vous faire écraser une larme en regardant un drapeau flotter au vent ? Je le pensais aussi.









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Les Promesses de l'Ombre, un film de David Cronenberg avec Viggo Mortensen

Egalement très classique sur le fond, mais original sur la forme, Les Promesses de l'Ombre célèbre les retrouvailles de Viggo Mortensen avec David Cronenberg, après l'un peu complaisant A History of Violence. Nettement plus réussi, ce film montre le milieu des mafias russes au coeur de Londres (proxénétisme et racket à la clé), ou plutôt les gens qui en vivent : un inquiétant parrain, restaurateur de son état, son fils quasiment hystérique, Kirill (Vincent Cassel, flippant) et surtout Nikolai, son chauffeur et homme de main, d'une amoralité terrifiante : Viggo Mortensen dont la physionomie musclée, carrée et froide rappelle ... rien de moins qu'un Terminator !

La pauvre Naomi Watts (très hitchcockienne), est une sage-femme qui met le pied dans ce panier de crabes en recherchant, à travers la traduction de son journal intime, la famille d'une jeune prostituée russe, morte en donnant naissance à une petite fille. Journal dont la traduction révèle de terribles secrets sur les pratiques de la mafia russe - les dangereux personnages vont bientôt se faire très convaincants pour récupérer ce document très compromettant...

Le film tourne autour du dilemme de Nikolai : pitié (ou autre chose) pour la jeune femme, loyauté au fils immature qui le défie sans cesse, loyauté au père qui seul pourra le faire monter en grade dans la hiérarchie des gangs ? Et puis surtout, cet homme capable, même à poil dans un hammam (dans une scène anthologique de brutalité animale) de buter des sbires lancés à ses trousses, est-il vraiment celui qu'il prétend être, sous ses terrifiants tatouages ? Bref si votre dilemme à vous est de choisir un des deux films, j'ai la réponse : ne choisissez pas...









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Inland Empire, un film de David Lynch, avec Laura Dern

Cher Monsieur David Lynch,

Je vous écris à propos de votre dernier film, là, Inland Empire, (non je ne mettrai pas de majuscules pour céder à votre petit caprice, on est pas tous vos jouets, merde à la fin !). Ca ne va plus du tout. Depuis 20 ans que vous avez tourné la série Twin Peaks, on le sait que ça vous amuse, tout au long d'un film, de semer des chausse-trappes pour qu'on se gratte le menton. Et puis aussi qu'à un moment donné vous aimez bien tout envoyer valdinguer (une autre de vos recettes) en inversant des personnages, en les transformant, tout ça. D'ailleurs je connais plein de gens qui vous ont toujours haï pour ça. Ils peuvent témoigner que je vous ai toujours défendu contre vents et marées.

Jusqu'ici ça m'amusait toujours bien, en fait, cette sensation de me faire (si j'ose dire) baiser à chaque fois et d'aimer ça. Et puis ces ambiances inexplicablement terrifiantes que vous saviez créer dans Blue Velvet ou Lost Highway. Surtout que comme Naomi Watts, j'aurais malgré tout suivi avec plaisir Laura Harring au bout de l'enfer de Mulholland Dr. Vous avez même fait des films narrativement normaux que j'ai généralement aimés encore plus (Sailor et Lula ou Une Histoire Vraie) et même une adaptation extraordinaire (mais si, ne soyez pas modeste - sans avoir lu le livre on n'y comprenait rien) des deux premiers tomes de la Bible de la science-fiction, Dune. C'est vrai que du coup vous n'avez plus rien à prouver.

On m'avait dit que vous aviez redécouvert la liberté avec les caméras DV (numériques). Que vous aviez voulu refaire tourner Laura Dern - c'était une bonne idée. Dans votre film elle est ce qu'il y a de mieux dans sa véritable performance borderline, pour mettre en image un voyage en enfer dans sa tête, avec plusieurs aller-retours (enfin si j'ai au moins compris le pitch). Mais pourquoi, non de dieu, pourquoi cassez-vous vos jouets toutes les 5 minutes ? Réalisez-vous que vous plongez le spectateur dans un spectacle interminable (170 minutes !) Pourquoi toutes ces pistes sans intérêt ? Le cinéma devant et derrière la caméra, la mafia polonaise, les prostituées, la fille devant la télé, l'autre avec son tournevis dans les tripes, le sitcom avec des gens-lapins... Franchement c'est abuser.

Bien sûr il y a quelques moments de grâce, d'esthétique crue et pure : généralement des chants de femme sur des visages en larmes... Mais vous aviez déjà filmé Sherylin Fenn (aka Laura Palmer) dans la plus belle de toutes ces scènes dans le film Twin Peaks, alors à quoi bon ?

Je vous en veux car je me suis ennuyé, Monsieur Lynch, comme jamais avant avec vous. Ce film est pénible et presque vain. Vos artifices finissent pas se voir, les couloirs filmés au ralenti, les images floues pour faire peur, tout ça aurait tenu en 1 h 45 sans problèmes. Ce n'est plus volontairement compliqué, avouez-le, c'est juste ... aléatoire. Je vous en conjure, Maître, reprenez-vous, vous devenez abscons, on dirait Dali ou Picasso en fin de carrière ... Alors que le cinéma a tant besoin de vous. Sans rancune pour cette fois mais c'est la dernière.

Cordialement, Votre dévoué, Philippe.









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Joe Strummer - The Future is unwritten, un film de Julian Temple avec le Clash

Ce film de Julian Temple retrace la vie et l'oeuvre d'un des pères fondateurs du punk-rock et du rock engagé en général : John Graham Mellor, aka Joe Strummer. Suivant grosso modo le déroulé de sa vie, le cinéaste alterne les archives avec des témoignages, selon l'idée maligne du feu de camp (qu'affectionnait Joe Strummer) : c'est le dispositif unique d'interview utilisé, y compris pour des guest stars étonnantes comme Johnny Depp ou Jim Jarmusch... De plus, et c'est appréciable, une valeur égale est accordée au témoignage du premier guitariste des 101ers (son premier groupe "sérieux"), à une obscure ex-petite amie de Strummer, ou encore à ces stars hollywoodiennes - seul compte ce que chacune ou chacun peut apporter à l'histoire ! Il y a aussi quelques montages malins, quand le cinéaste n'a pas d'images pour illustrer la biographie (dessins animés, images d'époques etc), et la voix off de Strummer qui se raconte lui-même à plusieurs reprises.
Pas particulièrement hagiographique, le cinéaste montre Joe Strummer dans tous ses aspects, donc aussi les moins reluisants : quand on cite la longue liste et les procédés peu glorieux utilisés pour virer sans ménagements tous les musicos successifs de ses différents groupes (il en décompte lui-même 48 en tout dont ... les 3 du Clash, quand même, excusez du peu !) Ou quand il se transforme en punk hautain après avoir formé les Clash, et ne reconnait plus du jour au lendemain ses amis de squatt hippies... C'est d'ailleurs une des idées fortes du film : montrer que Strummer était bien plus un hippie (avec toute l'idéologie qui va avec) qu'un punk, qu'il est devenu presque par opportunisme après avoir découvert les Sex Pistols sur scène !
Mais on y voit aussi et surtout, le Joe Strummer généreux et affable, engagé viscéralement à babord toutes, mauvaise conscience des années Thatcher (London Calling) et citoyen du monde (Sandinista)... Et évidemment, quoique beaucoup moins que dans le mythique rockumentaire Rude boy, la bête de scène survoltée et fébrile qui a dirigé le navire Clash de main de maître sur toutes les scènes du monde, pendant une bonne décennie de tournée...
Du groupe, on recueille d'ailleurs de longues plages d'entretien avec Topper Headon et Mick Jones (qui n'ont pas de rancoeur malgré des relations pétaradantes avec le leader et même les copines qu'il leur a piquées !) et par contre, dommage : très peu de mots de Paul Simonon (un "Yeah" et c'est tout !) alors que c'est le seul qu'on ait approché en vrai (il officie actuellement dans The Good, The Bad & the Queen). Fâcherie prolongée post mortem, mésentente avec le cinéaste, ou caractère taciturne et pudique du célèbre fracasseur de basse ? L'histoire ne le dit pas, mais sa version des faits manque cruellement pour comprendre la fin du plus mythique groupe de punk-rock de tous les temps...
Quoi qu'il en soit, cette vie hors du commun méritait d'être racontée, et l'hommage est sincère, vibrant et exhaustif. Cette vie s'est hélas finie précocement, juste après une reformation accidentelle (à un concert caritatif en plus, joli symbole) avec Mick Jones. Mais on s'en sort bien, puisque John Graham Mellor a été emporté par une stupide malformation cardiaque et jamais détectée qui aurait aussi bien pu le tuer à 15 ans... Rest in Peace, Punk-Rock Warlord !
(2007)










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La Môme, un film d'Olivier Dahan avec Marion Cotillard

Ce film retrace la vie d'Edith Piaf, mais ça vous le savez probablement déjà vu le battage médiatique qui l'entoure. De sa petite enfance chez les prostituées nantaises (dont la douce Emmanuelle seigner, infiniment plus délicate que son immonde frangine), à sa déchéance sous morphine et sa mort à peine 45 ans plus tard. Le souffle épique de la vie incroyable d'une interprête exceptionnelle, de ses premiers chants dans la rue pour se payer de quoi se bourrer la gueule avec sa copine Momone (Sylvie Testud), à sa rencontre de son pygmalion Louis Leplée (Depardieu, pour une fois sobre et classe) jusqu'à un triomphe au Carnegie Hall et un come-back bouleversant à L'Olympia.

En passant par cette histoire trop belle pour être vraie, sa rencontre avec Marcel Cerdan, montagne de douceur et néanmoins champion du monde des poids moyens en 1948. Et puis la fin tragique et stupide de l'idylle entre le moustique et l'éléphant - de la connaître à l'avance, on a envie de pleurer dès leur rencontre sur l'air de l'Hymne à l'Amour. Toute la vie de cette femme ne semble être qu'un drame entrecoupé de brèves rémissions, en plus d'une longue dérive dans la drogue, à l'instar d'autres interprêtes exceptionnels comme Johnny Cash. Fait original, son histoire se reconstitue ici par petites touches, bonds en avant et en arrière dans le temps, qui donnent un rythme étrange mais plaisant et à l'attention toujours renouvelée - les 2 h 20 passent dans un souffle.

Mais l'intérêt de ce film, c'est aussi et surtout son actrice principale, et quelle actrice ! Bien sûr, avant ça, Marion Cotillard avait déjà promené sa ravissante frimousse dans divers navets, mais aussi buté Jean-Claude Dreyfus dans Un long Dimanche de Fiançailles, fait flipper Garcia dans La Boîte Noire et même ému le papi acariâtre et touchant de Big Fish. Mais dans ce rôle-ci, elle s'est investie à un point qui fait presque peur - on l'aurait deviné sans avoir lu d'interviews tant la performance est épatante.

Tout y est, de ce qu'on se rappelle d'Edith Piaf : la voix, la gouaille, le port recroquevillé, cette sorte de vulgarité à peine refoulée au quotidien... et au contraire la transcendance et l'incroyable grâce qu'elle dégageait sur scène ! L'interprétation de Non, Je ne regrette rien au soir de sa vie est tout bonnement sublime. Et plus belle encore est cette scène incroyable : quand on la voit chanter à vingt ans sans l'entendre, mais qu'on voit la réaction émue du public, au moment précis où elle s'est trouvée, et a appris à se servir de ses mains pour habiter la scène. Même sans le son, pour un instant, Marion est Edith, et peu importe qu'elle lui rende 20 centimètres...

On a énormément de mal à croire qu'elle soit cette dame vieillissante mais encore belle qui répond à un interview assise sur la plage. On a encore plus de mal à croire que l'actrice se soit glissée dans cette petite vieille recroquevillée, déplumée et chenue, en train de mourir doucement dans une chaise longue à Grasse. Mais à vrai dire on a même du mal à croire qu'elle soit cette chanteuse en pleine gloire à trente ans tant elle est transformée : je pense que quelqu'un qui ne la connaîtrait pas pourrait croiser l'actrice sans la reconnaître 10 minutes après le film... Rien que la performance d'actrice (et de maquillage) aurait déjà sauvé un mauvais film - en plus c'en est un très bon, alors n'hésitez surtout pas. Avec en bonus, des chansons solaires qui vous accompagneront pendant les jours suivants !









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La Vengeance dans la Peau, un film de Paul Greengrass avec Jason Bourne

Il court, il court, Jason Bourne, et depuis déjà 2 épisodes (pas vus). Ce James Bond off, taciturne et sombre, est à la recherche de son passé (la CIA a fait de lui un tueur, effacé sa mémoire, assassiné ses proches...). Malin, rapide et surentraîné, il est poursuivi dans le monde entier, ce qui donne lieu à des scènes de bravoure assez bluffantes (en particulier, une poursuite à pied sur les toits de la médina de Tanger), d'autant que Paul Greengrass (auteur du bouleversant Bloody Sunday) filme le tout caméra à l'épaule, façon documentaire frénétique. Les cascades en voiture ou en moto étant au moins aussi spectaculaires et invraisemblables que dans un J.B. old school...

Le monde que décrit le film est quand même un peu fantasmé et techno-parano : tout le monde est pisté partout par la CIA, qui peut repérer grâce au téléphone d'un individu qu'il est "en mouvement" alors qu'il vient simplement de se lever de son lit, capte absolument toutes les images, tous les SMS et toutes les conversations dans la seconde (une scène d'anthologie à la Gare de Londres, il est vrai la plus vidéosurveillée du monde), et enfin a des tueurs à gage prêts à sévir partout dans la minute, et avec des pistolets équipés de caméras...

Le rythme effréné de la traque finit presque par desservir l'intrigue, en bâclant un peu le côté identitaire - il est vrai déjà mille fois vu - du pauvre amnésique manipulé par le gouvernement... Bref un bon film d'action bien torché et bien réalisé, qui confirme après les (quand même nettement plus subtils) Raisons d'Etat et autres Infiltrés, le discret Matt Damon en tant que personnage anonyme idéal pour incarner les héros hanté par leurs démons. Mais dont il ne vous restera peut-être pas grand chose à part un grand tourbillon vaguement écoeurant de courses, d'explosions et d'images de vidéosurveillance...









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4 mois, 3 semaines et 2 jours, un film de Cristian Mungiu

Quant à 4 Mois, 3 semaines et 2 jours, pour une fois je vais carrément conseiller de ne pas aller le voir. L'histoire d'une jeune étudiante, Gabita, qui doit avorter clandestinement dans la Roumanie de 1987, et se retrouve donc avec son amie Ottilia dans un chambre d'hôtel avec un sinistre faiseur d'anges appelé M. Bébé, qui exige en outre des "arrangements" puisqu'elles n'ont pas pu réunir assez d'argent pour le payer. Soit la chape de plomb de la dictature de Ceaucescu, vue par la petite histoire de ceux qui l'ont vécue.

Ce film aurait certes pu être un vibrant appel à la légalisation de l'avortement. Cependant l'époque étant révolue et ce pays ayant changé, on comprend mal la portée de ce qui semble devenu presque anecdotique. De plus la réalisation étant terriblement lâche, glauque et mal éclairée, et les actrices ne déclenchant pas d'empathie particulière, on finit par s'y ennuyer ferme. Et il est franchement impossible de comprendre à quel titre (sinon la nullité de ses adversaires, ou l'envie d'encourager le cinéma d'auteur dans ce pays nouvellement européen), ce film a bien pu avoir la Palme d'Or...









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La Vie des Autres (Das Leben Der Anderen), un film de Florian Henckel von Donnersmarck avec Ulrich Mühe

Unmöglich ! Incroyable ! Personne sur cette lettre n'aurait donc encore chroniqué ce superbe film ? Voilà pourtant un thriller de très grande classe et tout à fait captivant ! Il se déroule en Allemagne de l'Est en 1984, sous le règne d'un Parti corrompu (ne le sont-ils pas tous dans les dictatures), celui de Erich Honecker, et sa terrible police politique, la Stasi (littéralement, sécurité de l'état !). Celle-ci a écouté, espionné ses concitoyens, pendant presque 30 ans, avec une maniaquerie qui n'avait d'égale que la paranoïa du régime.

L'officier Wiesler (Ulrich Mühe, qui a le jeu, le physique et la classe d'un Kevin Spacey allemand) se voit ainsi confier la mission d'écouter un couple d'artistes (profession suspecte, forcément suspecte) : le poète Georg Dreiman et sa compagne actrice, Christa-Maria. Mais il découvre rapidement qu'au dessus de son supérieur, il y a un ministre libidineux qui abuse de son pouvoir pour extorquer des faveurs à cette femme et veut éliminer son rival.

Il se retrouve donc dans l'obligation de "trouver quelque chose" pour enfermer le poète, pourtant partisan assez fervent du régime... Et c'est au moment précis où il va renoncer, plein d'empathie pour cet homme trompé, et d'admiration pour cette actrice, que l'écrivain en vient, peu à peu, à entrer en dissidence... Comment le consciencieux Wiesler va-t-il trancher entre son devoir cruel, et perverti par des intérêts particuliers, et ses envies de dissimuler des informations compromettantes, au péril de sa liberté ?

La grande force de ce film est de mettre en scène ,non pas des héros et des traîtres, mais des êtres humains, si bêtement humains que leurs lâchetés ou leurs compromissions passagères, et même leurs héroïsmes fugaces et presque anonymes, nous sont familiers : on a l'impression qu'on aurait pu tenir presque tous les rôles.

Par ailleurs, il offre un juste pendant à la "ostalgie" (nostalgie de l'Est) ludique, mais sans doute un peu trop légère, de Good bye Lenin en rappelant que la DDR, c'était aussi une Police de la Pensée, des dénonciations et des enlèvements - un régime fasciste. On tremble à l'idée du retour d'une telle idéologie policière à l'ère d'Internet et des téléphones portables (non, ceci n'est pas un appel subliminal à aller voter ...)

Et enfin l'histoire, je me répète, est haletante et les acteurs excellents. Vous avez de la chance, il passe encore à 3 horaires au César cette semaine. Schnell !










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Le Dernier Roi d'Ecosse, un film de K McDonald, avec F. Whitaker, J. Mc Avoy, G. Anderson,

"Le Dernier Roi d'Ecosse", c'est l'un des nombreux titres dont s'affublait Idi Amin Dada, dirigeant de l'Ouganda de 1970 à 1979, pour faire la nique à la Reine de l'ex-puissance coloniale du pays, le Royaume-Uni. Son nom est resté célèbre pour avoir fait tuer des centaines de milliers de ses compatriotes, au cours d'une dictature sanguinaire et paranoïaque, largement digne de celle de Mobutu ou Bokassa. Le film s'appuye sur un roman qui intègre un personnage fictif, dans des éléments réels survenus pendant ce règne.

Nicolas Garrigan, un jeune médecin écossais en quête d'aventures (James Mc Avoy, jeune comédien prometteur), débarque donc dans ce pays au moment de l'ascension et la prise du pouvoir (par coup d'Etat sur un autre dictateur corrompu, comme il se doit) par le Général Amin Dada. Venu pour offrir son savoir dans un hôpital de campagne (où il rencontre la troublante Gillian Anderson, celle des X-files), il croise par hasard la route du chef d'Etat et est instantanément séduit par son prêche enflammé et plein d'espoir. Il aura en outre l'opportunité de le soigner après un accident, en s'attirant ses faveurs, d'autant que celui-ci a étudié en Ecosse dans sa jeunesse.

Amin Dada (réincarné par Forrest Whitaker) lui propose alors avec insistance de devenir son médecin personnel jusqu'à ce qu'il accepte, attiré par la belle vie qu'on lui promet, et notamment les belles femmes qui gravitent autour du général. On le suit dans ce qui paraît être un conte de fées, la belle vie auprès de ce dirigeant charismatique et intelligent, qui lui demande de plus en plus son avis sur des affaires d'importance...
Jusqu'à ce que le vernis se craquèle peu à peu : étranges coups de feu nocturnes, disparition de membres de l'entourage du dirigeant, insistance de mystérieux diplomates anglais pour qu'il les renseigne sur les activités du Général, implication dans une tentative d'assassinat dont il fait réchapper Amin Dada par miracle...

A un moment donné, avec la transformation étrange de son passeport, du fait de ses liaisons amoureuses inconséquentes et du contexte politique du pays, sa cage dorée s'effondre et tout part méchamment, mais vraiment méchamment, en couilles. Garrigan se retrouve alors perdu dans un pays terrifiant, à feu et à sang, et où il ne peut plus attendre d'aide de personne pour rentrer chez lui car pour tous, il est devenu un monstre grotesque : le "singe blanc" d'Amin Dada.

Le candide jeune homme bascule alors dans un monde à l'horreur presque baroque, où les actes du dictateur et ses accès de folie paranoïaque finissent par rappeler ceux du Colonel Kurtz dans Apocalypse Now. Suspense haletant pour savoir s'il va pouvoir se sortir vivant de ce guêpier, fascination autour du personnage d'Idi Amin Dada (Forest Whitaker a obtenu dimanche un Oscar pour ce rôle où il est fabuleux), tout y est pour faire de ce film un thriller passionnant et dont personne ne ressortira indemne. Chaudement recommandé pour ceux qui ont les tripes assez bien accrochées pour un voyage au bout de l'enfer.









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Le Direktor, un film de Lars Von Trier, avec Jens Albinus, Peter Ganzler, Iben Hjelje, J.-M. Barr

Décidément on est jamais au bout de ses surprises avec Lars Von Trier. 3 ans après 5 obstructions (exercice de style imposé déjà assez drôle), le voilà qui pond une comédie surréaliste et vraiment hilarante. Tout se passe dans les locaux d'une entreprise, où un responsable paye un comédien pour jouer son faux patron (littéralement The boss of it all), celui de la boîte que personne n'a jamais vu. Car celui-ci n'est pas disponible (on comprendra vite pourquoi), et qu'il est chargé de conclure une importante transaction avec des finlandais assez pète-sec (on comprendra vite laquelle).

Bref la mécanique narrative, très ludique, est rapidement mise en place : un faux patron qui débarque, ne connaît rien au business ni à la technique, et qui sans le savoir a déjà un énorme historique avec ses employés : ceux qui le détestent et le menacent, les femmes qui fantasment sentimentalement (ou sexuellement) sur lui, et cette pauvre Mette qui sursaute, hurle et pleure chaque fois que le photocopieur crache une feuille (ça aussi on finira par comprendre pourquoi). S'en suit une magnifique suite de quiproquos jusqu'à ce que ce faux patron, commence à se sentir tellement bien dans la peau du personnage, qu'il ne veut plus en sortir.

Rouages assez classiques donc, genre que Lubistch ou Capra auraient pu tourner il y a cinquante ans... Mais l'originalité réside plutôt dans la façon dont l'histoire est montrée, et même jouée. D'abord parce que ce farceur de Lars lui-même intervient par moments pour nous commenter les poncifs de la comédie qu'il doit suivre, depuis la grue extérieure d'où il les filme, remettant les acteurs au statut de souris de laboratoire enfermées dans un grand immeuble. Mais aussi, parce que la chose est filmée et montée de façon aléatoire, qui provoque de curieuses (et cocasses) coupures dans l'image et la prosodie.

Ou encore, parce qu'on y croise des acteurs improbables : Jean-Marc Barr, en technicien étranger qui baragouine à peine le danois, la belle Iben Hjelje (inoubliable Laura de High Fidelity, eh oui elle est danoise !)... Et enfin, parce que l'acteur principal en fait des tonnes, vit dans un autre monde et dans l'admiration d'un écrivain de théatre italien incompris, et qu'il nous surprend à chaque instant avec ses réactions. Bref c'est complètement barré, c'est super sympa - en proportion, on y rit autant qu'on pleurait du temps où Lars torturait de pauvres femmes, c'est dire !









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Les Simpson, le film, un film de Matt Groening

Les Simpson, le film : c'est exactement comme son nom l'indique, un épisode des Simpson qui fait la taille d'un film : une intrigue plus touffue, plus de personnages (on note la présence d'Arnold Schwarzenegger en président des USA, des musiciens de GreenDay en écolos incompris), un rythme de gags tout aussi soutenu. La plupart des personnages, outre la famille, y apparaît. Il ne manque guère qu'un rot bruyant de l'alcoolique Barney pour que tous les codes en vigueur depuis 17 ans soient respectés...

Et comme pour la série, un subtil équilibre entre humour burlesque (Homer aime toujours autant à se cogner, choir et jurer en s'étouffant), et vannes au troisième degré sur le mode de vie décadent des USA, qu'on peut aussi interpréter comme étant à la fois une critique du gouvernement actuel et un engagement écologique (une catastrophe déclenchée par Homer étant à la base de toute l'histoire). Bref un dessin animé drôle et même intelligent, pour toute la famille. A regarder jusqu'à la dernière ligne du générique, et à réserver si possible pour le jour le plus merdique de la semaine, celui où vous êtes sorti du travail avec l'envie de tuer (vous-même ou quelqu'un d'autre) : effet Prozac + gaz hilarant garanti !









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La fille coupée en deux, un film de Claude Chabrol

La fille coupée en deux : un film qui reproduit tous les travers de Claude Chabrol et qu'on pourra donc adorer ou trouver très agaçant. Il met en scène un trio de personnages: une jeune présentatrice de météo faussement ingénue, un écrivain sexagénaire et libidineux et un jeune dandy qui se la disputent. Ludivine Sagnier est rayonnante et délicieusement perverse, François Berléand est impeccable comme toujours en vieux cochon snob, et surtout Benoit Magimel fait merveille en fils à papa déjanté et en exubérant amoureux transi !

Les personnages marivaudent dans une ambiance de théatre filmé, avec en satellite la toujours troublante Mathilda May comme confidente déviante : personnages outranciers, textes très écrits (et du coup, parfois peu naturels), l'ambiance est un tantinet irréaliste, comme ce bordel de province où se retrouvent tous les grands notables de la ville. Dénonçant comme toujours l'arrogance et la mesquinerie de la haute société, un film au style "chabrolissime" qui se laissera cependant voir, même par des spectateurs non avertis ou pas fanatiques du genre, au moins en tant qu'étape de jeu d'acteur originale pour chacun des membres de son diabolique trio de tête.









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Lettres d'Iwo Jima, un film de Clint Eastwood, avec Ken Watanabe

Iwo Jima, c'est un peu le Fort Alamo de l'armée japonaise, leur bataille des Thermopyles : une île perdue au large de Tokyo, à défendre corps et âmes pour qu'elle ne tombe pas aux mains des USA, à la fin de la 2e Guerre Mondiale. Un endroit où ils se sont battus jusqu'au bout, pour l'honneur et, comme le disait le général Kuribayashi dans ses lettres (qui ont inspiré cette histoire), au minimum pour "permettre à leurs enfants de vivre en paix ne serait-ce qu'un jour de plus" (ce qui prend en effet tout son sens quand on se rappelle la façon radicale dont les USA ont mis fin au conflit).

L'immense Clint Eastwood, après avoir filmé la bataille côté américain (Mémoire de nos Pères... raté par accident), prend ici le pari de montrer la même bataille, d'un point de vue japonais (et en japonais dans le texte !), idée qui lui est venu en filmant le premier volet. La mise en place du drapeau américain sur cette île japonaise (photo mythique et sujet central de l'autre film) prend ici un tour anecdotique - tout au plus l'aperçoit-on au loin. Parce qu'on est avec les nippons qui s'en foutent pas mal, terrés dans des tunnels qu'ils ont creusé pour se défendre contre la multitude américaine. Tunnels qui deviennent de plus en plus sombres au fur et à mesure que l'espoir s'envole chez ces hommes. Comme dans Indigènes et dans la grande tradition hollywoodienne (Eastwood n'a quand même pas réussi à faire un film japonais...), quelques personnage bien sentis (et très bien incarnés) suffisent à reproduire symboliquement toute une armée.

Pauvre garçon enrôlé au hasard, Saigo est un boulanger qui aimerait bien revenir au pays pour connaître sa fille. Shimizu est un policier plus ambigü, dont on ne comprend pas bien comment il est arrivé là. Le Général Kuribayashi, lui, est un officier noble, à tous les sens du terme : noble dans son abnégation et son sens de l'honneur, mais aussi dans sa compréhension des hommes... c'est le rôle où l'on reconnait évidemment Clint Eastwood - il y en a toujours un dans ses films quand il n'y joue pas. On y croise aussi un officier cavalier, flamboyant et bon-vivant, ou un kapo jusqu'au-boutiste, prêt à décapiter au sabre des soldats jugés trop lâches. On y ressent aussi tout le conditionnement mental d'un peuple prêt à mourir pour son empereur, préférant le suicide plutôt que le déshonneur de la reddition.

Parce que dès qu'on aperçoit l'immense flotte approchante, il devient clair qu'il s'agit bien ici de choisir comment mourir... et si possible, debout et dignement. Abnégation militaire, sens du devoir (ou patriotisme forcené), que le réalisateur semble admirer malgré des saillies anti-militaristes incessantes (comme s'ils n'étaient pas assez dans la panade, certains officiers de la Marine et de l'Infanterie refusent de collaborer et de se faire confiance). Façon aussi de montrer que le japonais n'est (évidemment) pas la brute au visage fermé qu'ont longtemps montré les films de guerre revanchards des années 50. Un peu comme Kevin Costner avait redonné pour la première fois un visage humain aux "sauvages" des westerns.

Cette humanité universelle s'incarne, outre dans la pitié dont peuvent faire preuve chacun des deux camps (les américains ne deviennent pas ici des monstres pour autant), principalement dans des lettres, celles qu'écrivent les soldats et les officiers, sachant qu'elles ne partiront pas (même si l'Histoire va jouer un tour à certaines d'entre elles). Des lettres en forme d'adieux à leurs familles, entre deux batailles et retraites forcées face à la déferlante yankee. Ou bien cette lettre qu'un officier japonais, qui a vécu aux USA, trouve sur un soldat prisonnier et traduit à ses soldats dans un moment superbe : écrite par une mère, elle raconte exactement les mêmes nouvelles, les mêmes instantanés, la même peur, et provoque le même mal du pays.

Comme dans Indigènes, on sait qu'il va rester quelques survivants, forcément... Et c'est suffisant pour entretenir un suspense qui s'intensifie nettement vers la fin (après quelques longueurs). Et comme Indigènes redonnait sa dignité, et une fierté possible de ses ancètres, aux peuples issus de l'immigration en France, Lettres d'Iwo Jima réhabilite la mémoire des soldats japonais, forcément honteuse et méconnue après une alliance au fascime et une défaite cinglante. Et rien que ça, c'est tellement classe, de la part d'un américain, que ça valait bien une Légion d'Honneur ! D'autant que le film est globalement (mais faut-il le préciser ?) splendide. A nouveau, Merci Maître !









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Norway of Life, un film de Jens Lien, avec Trond Fausa Aurvag

Le cinéma venu du nord se rappelle chaque année à notre souvenir avec de belles surprises, à l'humour loufoque et pince sans-rire, avec ses cinéastes connus et moins connus (Noi Albinoï, Kitchen Stories, L'homme sans passé, ou tout récemment Le Direktor). Il est temps que ceux qui ne s'y sont jamais intéressés franchissent le pas, et comprennent enfin que pendant que la comédie française est coincée à se regarder le nombril depuis bien trop longtemps, ces films scandinaves sont tous plus étranges et amusants les uns que les autres ! En voici un beau spécimen avec ce Norway Of life qui est à la fois une satire sociale, un film fantastico-horrifique, une comédie loufoque et surtout... une histoire complètement dingue !

Andreas, anonyme jeune homme, débarque d'on-ne-sait-où dans un pays relativement accueillant en apparence (l'y attendent une banderole de bienvenue, un chauffeur, un logement, un emploi et même des filles pas farouches), et qui s'avère en réalité assez déconcertant : rien n'y a vraiment de goût, tout y est terne (son appart fait penser à un décor de Derrick), les relations professionnelles et même sexuelles y semblent hypocrites. Un pays où tout le monde semble ailleurs, où toutes les musiques semblent d'ascenseur, où quand on se mutile, les blessures se réparent toutes seules. Et où il manque beaucoup de choses dont on ressent peu à peu insidieusement l'absence, au fur et à mesure que monte en lui, et en nous, une angoisse sourde. Un pays où l'on aperçoit de façon fugace des hommes en gris qui ramassent des habitants pétant les plombs, ou d'autres qui tentent de s'évader.

Son travail absurde et Brazilien l'épuise mentalement, comme sa copine, une psychopathe de l'aménagement intérieur qui lui impose des travaux incessants. On repense aux Hatepinks puisqu'ici la phrase Ikea Kitchen (it's like a gas chamber) prend enfin tout son sens... Et de ce cauchemar de perfection froide, et pourtant terriblement drôle par instants, Andreas va devoir trouver le moyen de se sortir. Jens Lien, paraît-il grande star en son pays, distille dans ce film novateur un message ambigû que chacun pourra interpréter différemment, après avoir passé un bizarre mais excellent moment.









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Once, un film de John Carney avec Glen Hansard, Marketa Irglova

Si d'aventure au moins une lectrice ou un lecteur de cette lettre avait suivi nos modestes conseils cinéma et donc déjà vu Control, Paranoid Park, Dans la vallée d'Elah et les Promesses de l'Ombre, c'est-à-dire tous les grands films sortis dernièrement (ou au moins les deux premiers), il aurait bien mérité le droit de souffler avec ce "petit film" (comme l'a dit Spielberg, qui a du trouver que ça manquait d'effets spéciaux) très attachant : Once !

L'histoire d'un gars fauché qui joue de la guitare dans la rue et d'une fille fauchée qui y vend des fleurs, et de leur rencontre qui est avant tout musicale : ses chansons la touchent, elle joue du piano et le touche en retour - dans leurs vies prolétaires et un peu en suspens après des difficultés personnelles, faire de la musique ensemble est un premier réconfort qui peut en amener d'autres... Dès lors un petit suspense s'instaure : va-t-on vers une histoire à l'eau-de-rose avec mariage et happy ending ? Vers un drame romantique lovestoriesque avec tuberculose, chrysanthèmes et larmes à la clé ? Ou vers autre chose ?

Le héros, Glen Hansard est un vrai songwriter à la ville. Sans être Sufjan Stevens ou Bonnie "Prince" Billy, il n'en est pas moins un assez bon auteur ! Autant dire que si vous êtes sensible à ses compos et à son timbre de voix un poil geignard mais plutôt touchant, vous allez adorer - il chante la moitié du film ! Sinon ça sera évidemment très, très dûr... Une fois n'est pas coutume, je vous propose donc de regarder, non pas la bande-annonce qui en dit beaucoup, beaucoup trop sur l'histoire, mais simplement la chanson-titre jouée en live par les deux musiciens, pour vous faire une idée. Si ça vous ennuie ou si ça vous horripile, laissez-tomber ! Mais si d'aventure la chanson vous a touché ne serait-ce qu'un peu, foncez - vous allez forcément aimer Once !









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Paranoïd Park, un film de Gus van Sant, avec Gabe Nevins

"J'avais 17 ans, je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie"... Le jeune Alex Tremain se débat avec son adolescence, merdique comme elles le furent toutes : parents en divorce et petit frère en détresse, copine collante et au regard vide, cours pénibles... Et il ne rêve que d'une seule chose pour s'évader : aller faire du skate avec son pote Jared à Paranoïd Park, un terrain de skate underground en forme de squat auto-géré, où il n'y a pas de place pour les faibles.

Il se rêve donc parcourant le parc sur une planche, sous le regard de ses pairs, au cours de séquences oniriques et esthétiques qui parsèment le film. Mais le jour où il ose enfin s'y rendre, rien ne se passe comme prévu, et un terrible accident le rend responsable d'un accident mortel et en outre, terriblement brutal - le film commence après cet épisode qui est évoqué dès le début, bien qu'il ne soit montré qu'au fil de flash-backs successifs.

Avec une bande-son en tout points fascinante (néo-classique avec plusieurs emprunts à Nino Rota, mais aussi hip hop ou pop-rock selon l'humeur du personnage), le réalisateur réussit à nous faire ressentir tout ce qui peut se passer dans la tête chevelue du jeune homme désemparé après cet épisode traumatisant. Culpabilité, remord, terreur, j'm'en foutisme feint, on passe avec lui par toute la gamme des sentiments lorsqu'il les écrit dans un carnet, lorsqu'il hésite à se confier à ses parents où à une amie plus chère que sa propre copine, lorsqu'il discute en tête à tête avec un policier qui a manifestement déjà tout compris...

Avec ce énième film d'affilée sur le sujet, Gus Van Sant continue son exploration un peu éthérée et onirique de l'adolescence, toujours filmée à Portland, Oregon, terreau idéal pour mettre en scène un spleen adolescent avec ses nuages changeants et ses maisons tristounettes... Avec lui, on suit au plus près son acteur, Gabe Nevins, qui incarne Alex avec l'honnêteté inimitable de ceux qui jouent leur propre vie, et par ailleurs avec une intensité rare.

Avec une mise en scène plus vive que dans Gerry, un regard un petit peu moins esthétisant que dans Elephant, et une caméra plus mobile que dans Last Days (quoi qu'aussi un peu moins empathique que quand il filmait une future victime, distance imposée peut-être par la faute commise par le héros de Paranoïd Park), le cinéaste gomme en grande partie ce qui a pu lui être reproché précédemment, pour aboutir à une oeuvre aboutie et touchante, qui ravira en tout cas ses aficionados.









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Screamers, un film de Carla Garapedian, avec Serj Tankian (& System of a Down)

Voici un film militant au sens noble du terme, pour une cause au long cours et peu excitante a priori : la reconnaissance des génocides et en premier lieu, du premier du 20ième siècle : celui des arméniens par la Turquie, survenu entre 1915 et 1917, avant la télé et Internet et pendant que le monde regardait ailleurs. Génocide de 2 millions de personnes, aux commanditaires jamais jugés ni punis (à part un assassiné), reconnu par la France et la plupart des pays civilisés sauf... les USA et la Grande-Bretagne (et la Turquie, bien sûr). Avec l'hypothèse dérangeante que, peut-être, la reconnaissance de ce premier génocide en son temps aurait peut-être permis d'envisager, voire d'éviter la Shoah ensuite, simplement en comprenant que ce processus alors inédit était techniquement possible.

Screamers, les hurleurs, ce sont des gens autour du globe qui se donnent pour mission de le crier partout, tout le temps, jusqu'à ce que ces gouvernements entendent raison. Et parmi eux, se trouve un groupe de metal baroque et talentueux : System of a Down, 4 américains dont le nom se termine en "ian" et tous descendants de rescapés du génocide. Outre avoir commis en 2005 l'un des albums de l'année (et toute une série d'autres non moins bons), les 4 gaillards se sont donné pour mission de sensibiliser les jeunes à la nécessité de connaître leur histoire pour ne pas la revivre. Ainsi que de rendre justice à quelques personnes très âgées (dont le grand-père du chanteur, Serj Tankian), encore survivantes de cette tragédie.

Et ceci avec le brin de folie qui sied à un groupe de ce type. De larges passages en live permettent ainsi de bien écouter les paroles de leurs chansons et de comprendre que même les plus imagées ("my cock is bigger than yours") parlent bien de la même chose : la dénonciation de la brutalité et du cynisme des puissants. Et aussi, accessoirement, de profiter de leur pétaradante et assez jouissive musique, qui leur a permis de créer des armées de jeunes avertis et militants sur ces questions ! On suit également le groupe se livrant à du militantisme agitateur à la Michael Moore, notamment pour intercepter le speaker du Congrès américain (qui a censuré plusieurs tentatives de projets de lois de reconnaissance du génocide arménie).

Il faut dire que plus on en sait, plus on découvre le pot au roses : les USA refusent systématiquement de prononcer ce mot pour ne pas avoir à intervenir, et pour préserver leurs intérêts régionaux. Imaginez que ni la Bosnie, ni le Rwanda, ni le Darfour n'ont eu les honneurs d'être qualifiés ainsi ! Le film montre avec brio le cynisme des gendarmes du monde, mais rend aussi hommage aux déjà nombreuses victimes (la dernière en date, Hrant Dinck, intellectuel turc, témoigne dans le film en 2006 et a été assassiné quelques temps plus tard). Il montre aussi le chemin qui reste à parcourir à la Turquie pour être digne de devenir européenne, et enfin l'espoir qui subsiste au bout de ce combat symbolique et terriblement actuel. Une grande leçon d'histoire tragique et pourtant presque ludique, donnée par 4 métalleux, cheveux longs et idées longues !

www.screamersmovie.com









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Sicko, un film de/avec Michael Moore

Après l'entreprise libérale, la vente d'armes et le 11 septembre, le poil à gratter professionnel qu'est Michael Moore s'attaque au système de santé américain. Sicko signifie en gros "Malade" - mais au sens insultant du terme : espèce de malade ! Et leur système l'est, et au dernier stade : au point que 47 millions de gens vivent sans assurance (on en voit un dès le début, se recoudre lui-même le genou, ouch...), que les USA ont une espérance de vie inférieure à celle du Venezuela et un taux de mortalité infantile supérieure ! Tout cela parce que l'administration Bush (copieusement arrosée par les industries pharmaceutiques il est vrai) a décidé de tout libéraliser, des consultations aux médicaments, en passant par les contrats d'assurance.

Il déroule pour bien nous montrer l'horreur du système, un certain nombre d'exemples frappants de gens assurés (donc en théorie, pas les pires) : une fillette morte d'avoir été refusée par un hopital non affilié à son assureur, ou un père de famille mort parce que sa compagnie d'assurance lui a "denied" des soins qui auraient permis de le guérir. Des témoignages d'agents d'assurance honteux confirment même ces pratiques barbares, où efficacité rime avec refus d'assurer des gens, y compris sur simple présomption de maladies qu'ils n'ont même jamais eues...

On voit aussi bien ces hôpitals qui mettent les indigents dans des taxis, direction le dispensaire, quand ils ne peuvent plus payer. Des gens travailleurs et aisés qui au seuil de la retraite, ont été ruinés par le traitement d'un cancer ou d'un problème au coeur et se retrouvent SDF. Ou encore, des bénévoles du 11/09, des "héros" tombés malades et non pris en charge parce qu'ils ne faisaient pas partie du système municipal. Tout cela est positivement à chialer de rage, et pose finalement la seule question qui vaille à ses compatriotes : "Qui sommes-nous ?" Qui sont-ils devenus, eux le pays présenté comme celui de la générosité et de la solidarité ?

Il part alors en voyage dans le monde, au Canada, en Angleterre ou en France, où les soins sont "gratuits" (ce qui est un raccourci plus tout à fait vrai en France, mais en comparaison avec les prix américains on peut largement le lui pardonner). Des américains expatriés (donc des gens bien informés) y témoignent de la différence observée : soins pris en charge quelle que soit la gravité des pathologies (c'est un fait qu'ici personne ne peut être refusé à l'hopital public !), attente limitée aux urgences, assistance gratuite à domicile, etc.

Il montre aussi avec malice que dans ces pays où les médecins sont payés par l'Etat, ils sont aussi riches qu'ailleurs. Ou encore que les populations françaises les plus "écrasées par les impôts" pour financer tout ceci (c-a-d une belle famille de CSP ++), vivent sacrément bien malgré le supplice encouru. Dernière étape, il emmène se faire soigner à Cuba des pompiers et des volontaires du 11/09 - soins gratuits et médicaments 240 fois moins chers qu'aux USA (!), où une simple Ventoline peut atteindre 120 € !!

Alors évidemment et comme toujours, Michael en rajoute, putasse un peu, simplifie parfois (non, on est exactement pas mieux traité à la base de Guantanamo qu'aux USA, même s'il y a des soins gratuits... après torture !), mais pas autant que pour Fahrenheit 9/11 ! Et puis dans Sicko, il pose les questions avec son coeur (on sent qu'il y a mis le meilleur de lui-même), appelant à la générosité de ses compatriotes, leur demandant de revenir à la raison (et à la couverture maladie universelle), projetée un temps par Hillary Clinton (doint le silence fut racheté lui aussi).

On sort de là en se demandant quand est-ce que, putain de bordel de cons de capitalistes de merde que nous sommes en train de devenir, allons-nous comprendre que les services publics ne peuvent pas, ne doivent pas être libéralisés, qu'il en va de nos propres vies ! Et qu'il faudra le cas échéant lutter comme des chiens pour les garder ! Merci pour tes encouragements Michael, par les temps lobot-u-m-p-isés qui courent, ça fait du bien !










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SpiderMan III, un film de Sam Raimi

A ma gauche, SpiderMan III est (ô quelle surprise) le dernier volet de la très bonne trilogie consacrée au personnage créé par Stan Lee. Le célébrissime Homme-araignée, toujours joliment incarné par l'improbable (comme super-héros) Tobey Maguire, aura fort à faire pour se dépêtrer de son ancien ami Harry (convaincu qu'il a tué son père), et d'un nouvel ennemi mutant appelé l'Homme-Sable. Thomas Haden Church, révélé par Sideways, est ce méchant splendide, attachant et grandiose, dont l'apparition est un vrai moment féérique du cinéma numérique !

Mais il doit aussi lutter contre un reporter concurrent et arriviste (également méchant potentiel donc...), et enfin contre le plus méchant de tous, son Moi obscur, révélé sous la forme d'un expèce de mollard noir extraterrestre qui prendra possession de son costume, et le rendra libidineux et prétentieux, dragueur de blondes écervelées. Et du coup il va se brouiller avec la gentille Mary-Jane - assurément le rôle le plus laid de Kirsten Dunst, bon débarras !

C'est clairement trop pour un seul film (trop long d'ailleurs), il y avait sûrement de quoi faire un n°3 ET un n°4 mais... ça se regarde bien quand même, grâce à des scènes d'action toujours aussi époustouflantes, notamment des allusions post-11 septembre tout à fait étonnantes (gratte-ciels éventrés etc...). Reste aussi le traitement étonnamment psychologique et personnel d'une "banale" histoire de super-héros, qui sur la trilogie consacre Sam Raimi comme l'un des plus pertinents cinéastes grand-public des USA ! La Rolls du genre Marvel comics, pour les aficionados !

Bien entendu, si vous faites partie des gens qui ne savent pas s'amuser sans réfléchir au cinéma, inutile de vous déplacer.

A ma droite, We Feed the World, nettement moins sexy mais carrément plus subtil, raconte par le menu comment de grandes multinationales exploitent les ressources de la Terre et organisent (en sous-titre) "Le Marché de la Faim". Partant du constat que puisque la Terre produit de quoi nourrir 12 milliards d'individus, c'est que chaque enfant qui meurt de faim... est sciemment assassiné ! Le film montre divers exemples, de façon parfois un peu décousue, mais on comprend au bout d'un moment comment tout se tient... La surproduction et le gaspillage du pain dans les pays riches, ou bien la surproduction du soja OGM au Brésil, pays où l'on meurt de faim par ailleurs, ou encore l'exportation de surplus de fruits et légumes, subventionnés vers l'Afrique - résultats de notre saloperie de Politique Agricole Commune, et qui ruine les paysans locaux (mécanisme déjà bien démontré par le formidable Bamako que vous seriez allé voir, si vous lisiez mes chroniques !).

Un saisissant reportage sans commentaires montre ensuite la vie d'un poulet en batterie, binguebalé de tapis-roulants en caisses et en toboggans, toujours entassé et jamais à l'air libre, qui va finir dans une machine de mort implacablement bien rodée. Impossible de ne pas songer à l'Holocauste, tant la séquence est terrifiante - peu s'en faut qu'on en ressorte végétarien !

Et pour couronner le tout, après nous avoir démontré à quel prix écologique et humain on peut avoir toute l'année, dans quelques rares pays, des légumes hors-saison et de la viande bon marché, le film se conclut par un entretien avec un méchant, un vrai : le patron de Nestlé, Peter Brabeck, une putain de saloperie d'ordure abjecte, qui donne envie de hurler dans le cinéma, et qui fait au fond bien plus peur que Venom, l'Homme-Sable et black-Spiderman tout à la fois.

Bien entendu, si vous faites partie des 53 % de français qui pensent que le monde ira mieux avec encore plus de libéralisme, là encore, inutile de vous déplacer.









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We Feed the World, un film de Erwin Wagenhofer

A ma gauche, SpiderMan III est (ô quelle surprise) le dernier volet de la très bonne trilogie consacrée au personnage créé par Stan Lee. Le célébrissime Homme-araignée, toujours joliment incarné par l'improbable (comme super-héros) Tobey Maguire, aura fort à faire pour se dépêtrer de son ancien ami Harry (convaincu qu'il a tué son père), et d'un nouvel ennemi mutant appelé l'Homme-Sable. Thomas Haden Church, révélé par Sideways, est ce méchant splendide, attachant et grandiose, dont l'apparition est un vrai moment féérique du cinéma numérique !

Mais il doit aussi lutter contre un reporter concurrent et arriviste (également méchant potentiel donc...), et enfin contre le plus méchant de tous, son Moi obscur, révélé sous la forme d'un expèce de mollard noir extraterrestre qui prendra possession de son costume, et le rendra libidineux et prétentieux, dragueur de blondes écervelées. Et du coup il va se brouiller avec la gentille Mary-Jane - assurément le rôle le plus laid de Kirsten Dunst, bon débarras !

C'est clairement trop pour un seul film (trop long d'ailleurs), il y avait sûrement de quoi faire un n°3 ET un n°4 mais... ça se regarde bien quand même, grâce à des scènes d'action toujours aussi époustouflantes, notamment des allusions post-11 septembre tout à fait étonnantes (gratte-ciels éventrés etc...). Reste aussi le traitement étonnamment psychologique et personnel d'une "banale" histoire de super-héros, qui sur la trilogie consacre Sam Raimi comme l'un des plus pertinents cinéastes grand-public des USA ! La Rolls du genre Marvel comics, pour les aficionados !

Bien entendu, si vous faites partie des gens qui ne savent pas s'amuser sans réfléchir au cinéma, inutile de vous déplacer.

A ma droite, We Feed the World, nettement moins sexy mais carrément plus subtil, raconte par le menu comment de grandes multinationales exploitent les ressources de la Terre et organisent (en sous-titre) "Le Marché de la Faim". Partant du constat que puisque la Terre produit de quoi nourrir 12 milliards d'individus, c'est que chaque enfant qui meurt de faim... est sciemment assassiné ! Le film montre divers exemples, de façon parfois un peu décousue, mais on comprend au bout d'un moment comment tout se tient... La surproduction et le gaspillage du pain dans les pays riches, ou bien la surproduction du soja OGM au Brésil, pays où l'on meurt de faim par ailleurs, ou encore l'exportation de surplus de fruits et légumes, subventionnés vers l'Afrique - résultats de notre saloperie de Politique Agricole Commune, et qui ruine les paysans locaux (mécanisme déjà bien démontré par le formidable Bamako que vous seriez allé voir, si vous lisiez mes chroniques !).

Un saisissant reportage sans commentaires montre ensuite la vie d'un poulet en batterie, binguebalé de tapis-roulants en caisses et en toboggans, toujours entassé et jamais à l'air libre, qui va finir dans une machine de mort implacablement bien rodée. Impossible de ne pas songer à l'Holocauste, tant la séquence est terrifiante - peu s'en faut qu'on en ressorte végétarien !

Et pour couronner le tout, après nous avoir démontré à quel prix écologique et humain on peut avoir toute l'année, dans quelques rares pays, des légumes hors-saison et de la viande bon marché, le film se conclut par un entretien avec un méchant, un vrai : le patron de Nestlé, Peter Brabeck, une putain de saloperie d'ordure abjecte, qui donne envie de hurler dans le cinéma, et qui fait au fond bien plus peur que Venom, l'Homme-Sable et black-Spiderman tout à la fois.

Bien entendu, si vous faites partie des 53 % de français qui pensent que le monde ira mieux avec encore plus de libéralisme, là encore, inutile de vous déplacer.









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Vignette Philippe

 Critique écrite le 23 avril 2008 par Philippe
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