Accueil Chronique album : Agnes Obel - Aventine, par Philippe
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Critique d'album

Agnes Obel : "Aventine"

Agnes Obel :

Pop - Rock

Critique écrite le 25 septembre 2013 par Philippe

Juin 2013, intérieur nuit, on ne pensait à rien en faisant la vaisselle quand France Inter nous livra en avant-première un extrait d'un album à paraître à la rentrée - pas bien entendu de qui ? Violoncelle piqué, puis en nappes, et soudain une voix reconnue entre mille : un frisson nous avait parcouru toute l'échine... Stupeur et tremblements, les mains nous en devinrent moites et les yeux embrumés : Elle !
La chanson s'appelait The Curse et, comme on le sut tout de suite, elle égalerait en beauté l'inoubliable Riverside, rien qu'avec sa coda de cordes poignantes à la fin... Elle ! Enfin de retour ... Elle dont l'apparence rigoriste sur la (magnifique) pochette du vinyle de Philharmonics, contraste si terriblement avec son attitude sympathique et délurée sur scène... Elle dont les chansons déjà intemporelles accompagnent nos rêveries et même celles de nos enfants depuis déjà trois ans... Agnes Caroline Thaarup Obel - [Ag'neuss Obble] quand c'est elle qui le dit - le plus grand choc piano-voix de ce siècle, à égalité avec l'extra-terrestre White Chalk de PJ Harvey...
Quelque mois plus tard, enfin, retour somptueux de la Délicieuse Danoise, avec un deuxième album, Aventine, qui continue à creuser son splendide filon de grâce, sans encore l'épuiser nullement. A commencer, comme le précédent, par une introduction instrumentale d'une élégance folle, mélancolique et cinématographique en diable - tout réalisateur censé voudra immédiatement s'emparer de Chord Left comme thème de son prochain thriller... Et puis Fuel to Fire, où arrive la voix tant attendue, inimitable, cristalline et délicatement doublée, bondissant dans les aigus en rebondissant sur des cordes de violoncelle. Et où, si l'on a pris la précaution de l'écouter au calme voire mieux, au casque, les poils se dressent... Comme ensuite à l'écoute des cordes piquées sublimes de légèreté d'Aventine... de la mélodie sans chant de Tokka ou du picking de The Curse... de la déjà connue mais sublime Smoke & Mirrors ou du yanntiersenesque air final, September Song.
Posologie recommandée ? Une écoute au calme par jour, sans limitation de durée. Soit 45 minutes de vol plané émotionnel, au fil de 11 chansons douces et bouleversantes, chantées au piano et accompagnées au violoncelle, avec en sus quelques percussions discrètes ici, un poil de scie musicale ou de flute là, et des nuances médiévales disséminées jusqu'au magnifique air de Fivefold... Philharmonics n'était pas très gai, et Aventine ne l'est pas non plus ? Rassurez-vous, Agnes Obel le précise bien dans l'assez joyeuse Words Are Dead : "Oh, don't you cry for me" ! Car en réalité, la divine élégance de ses arrangements, même les plus sombres, rassure sur la beauté résiduelle de notre monde en miettes et donnera, au final, plus de joie et donc de santé à ses patients que le bonheur suspect, mais tellement plus vendeur, asséné par la majorité des musiciens contemporains...
Nota bene : En cas de persistance des troubles (exemple : perte de confiance durable devant l'égoïsme, la bêtise et la méchanceté du monde qui nous entoure), ne pas hésiter à tripler la dose (effet anti-dépressif garanti !) en allant voir la belle sur scène, un peu partout cet automne...
(30 septembre 2013)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 25 septembre 2013 par Philippe
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