Accueil Chronique album : Ahamada Smis - Etre, par Zeu Western Manooch
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Critique d'album

Ahamada Smis : "Etre"

Ahamada Smis :

Pop - Rock

Critique écrite le 18 décembre 2010 par Zeu Western Manooch

La musique d'Ahamada Smis, Marseillais des Comores, Comorien de Marseille, aurait très bien pu ne jamais parvenir jusqu'à nos oreilles. 1993, après des débuts plein d'espoirs, ce rappeur raccroche le micro et repart au turbin...Menuisier en structures métalliques. Un break bénéfique si l'on en juge par le résultat obtenu.
Une coupure qui lui a permis de prendre ses marques tout en relativisant l'efficacité du rap en tant qu'arme de subversion massive. Mais aussi, et surtout, de monter sa propre structure de production - Colombe Records - et de transformer l'essai aujourd'hui avec ce premier Lp au titre programmatique : Être.
Ahamada Smis, ou quand la force tranquille devient un argument sûr, à la fois radical dans le propos et doux dans son interprétation, hissé vers la grande classe par un goût prononcé pour l'aventure et le voyage.
Sur ce disque, Smis exprime la peine, la violence aussi parfois, du seul fait d'Être vivant. Il nous parle également de l'âpreté d'Être femme, de la difficulté , et de la chance aussi, d'Être d'ailleurs. De sombres paradoxes en introspections libératrices, cette voix à part, que le slam guide plus que le rap, résonne alors durablement, comme pour essayer d'atténuer quelques douleurs. Il y a de la soul, du blues dans tous ces appels, tendus et sensibles à la fois. Il y a surtout de l'intelligence, celle d'une quête intime et honnête, celle de l'épanouissement personnel, de l'accomplissement dans le respect de l'autre.
A la musique des mots s'adjoint celle instrumentale, sobre, tantôt pop, tantôt plus jazzy ou carrément hip-hop, avec une prédominance de la batterie (celle de son producteur Ulrich Edorh) et de sonorités plus traditionnelles, où pour le dire vite, l'Afrique est à la fête.
Chants de l'altérité, complaintes d'exilés, paroles d'union maculent un horizon sonore bigarré d'autant de messages fraternels. Un effort de transmission tout à l'honneur de cet émissaire qui en plus de son talent , a su faire briller celui de son entourage. On retrouve ainsi un plateau d'invités de grande classe , de David Walters à Cheikh Mc en passant par le mythique Staff Benda Bilili, qui clôture l'album dans un bouquet final de toute beauté.
Ahamada Smis a bel et bien trouvé là sa raison d'Être, c'est indéniable !
Vignette Zeu Western Manooch

 Critique écrite le 18 décembre 2010 par Zeu Western Manooch
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