Critique d'album
Anna Calvi : "Jezebel / Moulinette (EP)"
Pierre Andrieu avait su à l'occasion faire preuve de retenue dans son jugement sur ce premier opus, chose dont l'auteur de cette chronique est bien incapable face à une telle chose : je dois préciser avoir ressenti un choc profond à la première écoute de certains titres d'un album globalement époustouflant, où l'on entend (en effet) aussi bien PJ Harvey et Patti Smith à la voix, que Jeff Buckley à la guitare, Nick Cave et même Ennio Morricone aux compositions ! Ah la vache, cette chair de poule quand - entre autres ! - elle répète en criant "The Devil ! The Devil !", la petite anglaise, quelle émotion et quel pied : aucune voix féminine n'a pu nous faire un tel effet depuis le dernier album de Lhasa, et le White Chalk de sa grande soeur Polly Jean !... Une bonne moitié des chansons de ce disque est plus ou moins parfaite, et un tiers en est même bouleversant, c'est dit, et tant pis pour les quelques rabat-joie blasés - et manifestement de mauvaise foi - qui diront le contraire.
Aussi, pressentant immédiatement la naissance d'un grand amour (artistique) pour Anna Calvi, il semble opportun d'être complet sur sa courte discographie en ajoutant ici un mot sur son premier EP de deux titres, Jezebel/Moulinette. Le premier titre Jezebel, reprise flamenco d'un cha-cha-cha de Charles Aznavour, a d'ailleurs été capté dans une vidéo live intense, où la voix puissante et le regard fiévreux de la belle Anna Calvi nous ont littéralement pétrifié : ce titre est une merveille. Mais le deuxième titre Moulinette, habité par le fantôme de Jeff Buckley, est également une splendeur de nostalgie susurrée...
Autre avantage de cet admirable EP, son image de couverture (en plus grande ici), tellement plus réussie que celle du LP qui l'a suivi, bien trop lisse et léchée à notre goût par rapport à la musique qu'il contient ! Ici, le grain de photo et de peau sont plus revêches, une dent pointue apparaît qui suggère un vampirisme possible d'Anna Calvi sur notre dépouille de pauvre mortel (... à vrai dire, on lui offrirait volontiers notre cou palpitant...), on y aperçoit que quelque chose vient de passer en trombe en ne laissant qu'une marque floue vers la droite (un manche de guitare, peut-être ?), et enfin le titre en forme de tag rageur et diabolique dessiné sur une main sèche et veineuse, paraît bien plus raccord avec le rock abrasif et physique de la diva, que la chaîne en or putassière écrivant son nom sur le LP.
Bref, ô fascinante Anna Calvi, votre premier long métrage était formidable mais son affiche ratée : avec votre permission, notre histoire passionnelle avec vous commencera donc sur ce splendide galop d'essai, et cette première image tellement plus troublante...
(2011)
Critique écrite le 24 janvier 2011 par Philippe
Envoyer un message à Philippe
Anna Calvi : les chroniques d'albums
Anna Calvi : Strange Weather (EP) par Philippe
19/09/2014
Comme certains envoient régulièrement des "cartes postales" médiatiques pour nous rappeler contre qui nous avons voté en 2012 (...et nous remonter un peu le moral), Anna Calvi poste régulièrement entre deux chefs d'oeuvre forcément trop éloignés, des... La suite
Anna Calvi : One Breath par Philippe
14/10/2013
Retour ô combien attendu de la merveilleuse Anna Calvi, au commencement petite souris blonde apeurée et corsetée, à qui il suffisait de passer une guitare électrique et un micro... pour en faire une diva du rock. Mais autant sa voix entrait comme en... La suite
Anna Calvi : Jezebel (VF) / Wolf like Me (EP) par Philippe
06/09/2012
Quoi ? Un troisième 45 tours d'Anna Calvi chroniqué ? Eh bien oui, car il en sort toujours et ils sont invariablement superbes - c'est que la prodigieuse petite guitariste-chanteuse en a gardé sous la pédale ! Et encore, on vous a épargné... La suite
Anna Calvi : Blackout / Surrender (EP) par Philippe
06/08/2011
Et hop, juste pour le plaisir d'être exhaustif avec notre révélation vocale 2011, une petite chronique du dernier 45 tours en date publié par la superbe Anna Calvi, actuellement fort occupée à retourner le coeur du public partout où elle passe en... La suite