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Chronique album : Bastien Lallemant - Le Verger, par Philippe
Samedi 23 novembre 2024 : 6572 concerts, 27231 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Bastien Lallemant : "Le Verger"
Sur 12 chansons, pourtant légères comme des bulles pop-rock délicates, on parle en effet tour à tour d'un corps de femme rendu par la mer, d'un autre retrouvé dans les fougères, on détaille le mode d'emploi de l'empoisonnement d'un jeune homme, on évoque une mère infanticide récidiviste qui fertilise ainsi son verger (eeeurk...), un vieux maître indigne qui finit bouffé par sa chienne, un détective finissant par occire sa trop belle filature, ou les réflexions que l'on se fait au bord de la tombe d'un vieux bonhomme mort avec pas mal de secrets... Ce qui fait tout de même déjà une bonne moitié de l'album !
Ce jeune homme au physique inattendu (d'après sa voix) de petit blond famélique, nous gratifie donc avec Le Verger d'une classieuse collection de Murder Ballads en français, entrecoupées heureusement d'intermèdes bienvenus. L'amour, joli duo à guitare sixties avec Armelle Pioline (de Holden), rythmée par un implacable métronome, est par exemple une vraie bouffée d'oxygène, très Dominique A à l'oreille, et l'inspiration de Serge Gainsbourg première époque (une vraie parenté vocale !) donne par ailleurs un joli corps à une histoire de cowboy charmeur et violent, à une étrange chambre secrète, tout comme au fameux fantasme de l'homme invisible visitant une belle jeune femme... mais aussi à l'histoire d'un bandit sans foi ni loi à qui l'auteur fait finalement bouffer son bulletin de naissance - décidément !
Certes, quelques rimes ne sont pas aussi brillantes que celles de l'homme à la tête de chou - qui les ciselait au diamant, certes tout n'est pas aussi poignant et inspiré que du Benjamin Biolay, mais quand même, c'est nettement moins prévisible et donc plus intéressant, que du Florent Marchet ! A signaler encore, une parenté de bon nombre de ses mélodies parcourues d'une sourde inquiétude, avec celles de notre bien-aimé David Lafore : avec ces trois références (Serge, Dominique, David), à n'en pas douter, les amateurs de chanson française devraient déjà être décidés à se ruer sans délai sur Bastien Lallemant, qui mérite largement sa place au soleil, fut-il un soleil un peu morbide.
(2010)
Critique écrite le 10 février 2011 par Philippe
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