Accueil Chronique album : Blah-Blah - Antizombi 4mg, par Philippe
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Critique d'album

Blah-Blah : "Antizombi 4mg"

Blah-Blah :

Pop - Rock

Critique écrite le 03 décembre 2013 par Philippe

Après de multiples visionnages de Welcome to Zombieland et de Shaun of the Dead (les deux meilleurs films d'invasion zombie de tous les temps !), on pensait être convenablement préparé contre une attaque de morts-vivants : entretenir sa forme physique pour pouvoir les semer à la course, penser à boucler la ceinture de sa voiture, et se ruer au bar le plus proche pour organiser la résistance, avec un maximum d'objets contondants à leur balancer en travers de la gueule. Erreur : le duo dingo-sataniste des Blah-Blah nous prouve ici qu'il faut également se munir d'une gélule - à prendre avant ou après morsure ? - volumineuse quand même, au point de ne pas trop savoir par où elle s'administre. Soit un packaging somptueux et totalement inédit pour un album : la gélule-clé USB Antizombi 4 mg est livrée avec un emballage et un mode d'emploi d'un réalisme médicamenteux à s'y méprendre... où LiveinMarseille est par exemple cité en effet indésirable. Ce très bel objet est par ailleurs la deuxième oeuvre de notre bien-aimé duo punk-skin Blah-Blah, après un vigoureux premier album punk-alterno, également auto-administrable.
L'introduction plante un décor glauque, parcouru d'un sifflement sinistre qui n'est pas sans rappeler celui de l'Invasion des Profanateurs : le traditionnel dernier message d'alerte des médias avant invasion du studio par des morts-vivants affamés - les zombies arrivent... Et font vite place à une saillie metal-punk-folk avec la délicieuse voix rauque/hurlée du chanteur : Dead Cowboys, y'a plus personne pour nous défendre avec des armes donc : on ne va pas rigoler. La progression de l'infection virale est d'ailleurs décrite avec une précision chirurgicale (Zombis), partant d'une vieille clocharde pour atteindre Wall Street, en passant par une Eglise et par l'Assemblée Nationale. Les symboles du pouvoir sont donc joyeusement mordus/déchiquetés les uns après les autres par une armée putréfiée à l'augmentation logarithmique...
Parallèlement à cette invasion pourrissante, le groupe livre de nouveaux brûlots insurrectionnels, comme Enculés sous influence Béru, mais avec une production et une précision musicale dont leurs glorieux ancêtres n'ont jamais été capables : du Bérurier Noir 2.0, en quelque sorte ? Par définition un style zombie donc, puisque disparu depuis le siècle dernier... Avec en bonus dans L'oubli une composante néo-réaliste venue des gènes profonds du groupe (et de ses formations précédentes), chanson-diagnostic d'une société anesthésiée, qui ne pense plus depuis bien trop longtemps à écouiller tous ses abominables Petits Chefs...
Et comme toujours avec ce genre de musique, à défaut de la fameuse révolution qu'il faudra peut-être bien faire un jour, Frustrés fait frétiller l'auditeur, pris d'une envie soudaine de casser quelque chose de beau, ou a défaut de pogoter joyeusement dans une cave sombre. La traditionnelle boite à rythme y arrive de façon très convaincante à faire croire qu'elle est bien vivante, elle. Tout comme la branche espagnole/Ska P du punk-rock, revisitée dans Herpès, tacos y tecno pop ! Par ailleurs, le duo ayant toujours un solide sens de l'humour, l'album contient aussi une chanson crétine à une phrase de texte (Les téléphones s'enfilent). A signaler également, une reprise tout-guitare classieuse du thème du New York 1997, et une autre plus attendue d'Il tua son Petit Frère. Et une mystérieuse conclusion post-apocalypse songeuse et délicate, violoncelle à l'appui...
Magnifiant une fois encore l'immortelle - ou la mort-vivante ici, au choix - esthétique du Do It Yourself, cette capsule insécable emballée sous l'image de deux bébé-zombis assez flippants, semble vouée au destin habituel : déjà culte par la forme, ultra-plaisante sur le fond, et financièrement catastrophique (son prix de revient est d'environ... son prix de vente). La moindre de choses serait donc de vous arracher la gélule Antizombi 4mg chez les bons disquaires, ou de la traquer dans les pharmacies dévastées - comme d'autres cherchent la dernière boîte de Twinkies avant la fin du monde. Et si vous arrivez trop tard, de l'acheter ou de la voler au charlatan satanique qui en a, mais pas pour longtemps hélas, des poches pleines...
(Red Cream - Collectif Tricard 2013)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 03 décembre 2013 par Philippe
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