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Chronique album : Blah-Blah - Collectif Tricard, par Philippe
Samedi 23 novembre 2024 : 6572 concerts, 27231 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Blah-Blah : "Collectif Tricard"
Bloqués quelque part dans une boucle spatio-temporelle située entre le rock alterno-punk du Mano Solo des Frères Misère et la chanson néo-réaliste d'Hadji Lazaro et de ses sbires bouchers, avec un amour resté pur pour les Bérurier Noir (une reprise amusante de Porcherie est d'ailleurs cachée quelque part) et un énorme nostalgie des VRP, ce duo nous ramonne régulièrement les écoutilles dans des concerts débridés et rock'n'roll, joyeux et tragiques, habités et passionnants. Il faut dire qu'ils ont quand même aussi écouté Nirvana, Tom Waits, Arno ou les Kills, et qu'un des deux passe sa vie à enregistrer des bootlegs des fascinants Conger! Conger! : du coup, leur musique va bien au delà des trois accords primitifs habituels de ce genre d'individus...
Une voix écorchée vive, posant ses tripes et le reste sur la table, et en français dans le texte, oui Madame, dès la ponte d'un oeuf de Rien, absurde et émouvant, mélodique puis graisseux. Une voix tour à tour déchirante (Elle est morte, tragi-comédie très VRP, mais sur un riff emprunté aux Bérus), vociférant des imprécations anarchistes (le fabuleux Collectif Tricard, idéal pour charger la maréchaussée), ou posant sans fard la question qui nous taraude depuis des années : mais pourquoi les gens sont-ils si cons ? D'après eux, ce serait à cause de leurs Problèmes, prenante balade à la guitare métalleuse.... Plus loin, balançant un tube irrésistible comme qui rigole, Monsieur, Blah Blah s'offre sa version de l'Homme Pressé de Noir Désir ... revisité par Parabellum.
Quant aux trois dernières chansons, personne n'a jamais compris où elles voulaient en venir. La première parle de Dents pourries en tout cas, la seconde, musicalement très aboutie, d'Onan et donc de paluche (mais poétiquement d'abord, et en pogo ensuite !), la dernière plus cool - plutôt Weepers Circus - d'un Serpent de 8000 mètres... Mais peu importe, l'essentiel n'est pas là : Blah Blah reste un secret trop bien gardé, alors qu'ils portent à eux seuls la flamme, et même le renouveau d'un certain rock français qu'on croyait défuncté.
Il ne tient qu'à vous de faire changer tout ça : fréquentez un peu les endroits les plus mal famés, gauchistes ou libertaires, ceux où l'on ne pointe pas les mal fagotés à l'entrée, ceux sans agents de sécurité ni insonorisation aux normes, ceux du collectif tricard en somme, et vous tomberez fatalement sur eux, ainsi que sur leur premier et déjà superbe disque ! Leurs deux guitares vous accrocheront aux tripes, la boîte à rythme vous collera au mur et la voix vous prendra à la gorge : promis, vous allez vibrer, Blah Blah c'est une came dure et si ça se trouve pour une fois, le premier shoot ne sera même pas le meilleur !
(Tricard Records, 2010 - pochette non contractuelle)
https://www.myspace.com/blahblahdepoussierant
Critique écrite le 07 octobre 2010 par Philippe
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