Accueil Chronique album : Casse Gueule - Dictature Et Mendicité, par Phil2guy
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Critique d'album

Casse Gueule : "Dictature Et Mendicité"

Casse Gueule :

Pop - Rock / Chanson

Critique écrite le 14 octobre 2017 par Phil2guy

Casse Gueule, trio basé à Niort et fondé sous le quinquennat Sarkozy (m'a-t-on révélé), a sorti en K7 l'année dernière ce Dictature et Mendicité, un album de chansons electro en français, totalement cintré et percutant, qui depuis a attiré l'attention et suscité la curiosité de pas mal de gens, comme ceux de La Souterraine ou de Gonzaï. Ces chansons sont ressorties en format CD au printemps dernier, ce qui a permis au groupe une meilleure exposition et un heureux prétexte à une nouvelle tournée.
Ce trio est donc constitué de l'excentrique chanteur Jonn Toad, et de Pierre le Dentiste et Mathieu Philippe de L'Isle, manipulateurs de synthétiseurs Moog et Korg. Ce qui est absolument étonnant, et l'on ne s'en rend pas compte tout de suite, est que la musique de Casse Gueule, sous son habillage très " electro vintage ", est totalement référencée au hard rock des années 70. Déjà, le titre choc de ce disque est une allusion (et un hommage) à celui d'un des plus célèbres albums du Blue Oyster Cult, Tyranny and Mutation (dont les membres de Casse Gueule ont récupéré et colorisé la pochette). La plupart des titres sont des détournements habiles ou des reprises plus ou moins fidèles de certains classiques du genre cité plus haut : Soit, qui ouvre l'album, est un amusant clin d'oeil au Let There Be Rock d'AC/DC, Le Chant du Migrant est une relecture de l'Immigrant Song de Led Zeppelin, Né comme ça, l'un des titres les plus accrocheurs, est une surprenante reprise (ou un pastiche, on ne sait plus vraiment) à la sauce electro punk, du Born to be Wild de Steppenwolf. Mais on ne va pas tout dévoiler et il n'est pas besoin de (re)connaître toutes ces chansons pour apprécier à sa juste valeur la musique de Casse Gueule. Le trio les revisite à la manière de Suicide, D.A.F ou du Front 242 des origines et réussit à les faire sonner comme des véritables petites bombes synth punk totalement déjantées. Le son de l'album est la fois très abouti et parfois volontairement sale, les musiciens faisant subir différents outrages sonores à leurs synthétiseurs à grands coups de pédales d'effet. Le chant de Jonn Toad évoque celui d'un Philippe Katerine sous acide ou d'un Jean-Louis Costes sous camisole chimique (pas totalement calmé quand même). Il chante et feule de manière spasmodique, passe des aigus (pas toujours justes mais on s'en fout) au grave et déclame comme un possédé des textes hallucinés et expressionnistes mais toujours chiadés, et tout cela avec un sens du premier degré et demi franchement plaisant. Leur musique va également puiser dans d'autres sources : on reconnaît parfois les synthétiseurs horrifiques de John Carpenter sur les titres un peu plus lents comme Le Chant du Migrant ou La Triste Vérité. Ce grand raout électro pop et expérimental, toujours inventif et énergique, donne également une envie irrépressible de se lancer dans une danse de Saint Guy frénétique, car les chansons de Casse Gueule sont dans leur grande majorité une invitation à la danse.Dictature et Mendicité dure à peine plus de trente-cinq minutes, le trio a misé sur une concision et une urgence toute punk. Les chansons défilent et à toute allure telles des bolides Mad Maxien et laissent à la fin l'auditeur sur les fesses. Dans un genre et une formule quand même actuellement très en vogue (synthétiseurs-chant) et maintes fois exploités, on a vraiment le sentiment d'avoir entendu avec cet album de Casse Gueule une des choses les plus cinglées, vitales et réjouissantes de ce pays depuis bien longtemps.

2017 (CG)

 Critique écrite le 14 octobre 2017 par Phil2guy
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