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Chronique album : Cee-Lo Green - The Lady Killer, par Philippe
Vendredi 22 novembre 2024 : 6714 concerts, 27231 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Cee-Lo Green : "The Lady Killer"
S'emparant ainsi sans vergogne du Graal soul/gospel enterré récemment avec Solomon Burke, qui l'avait lui-même volé sur le corps encore chaud de Barry White, Cee-Lo Green affirme donc son plan de carrière : devenir l'ultime crooner et chouchou de ces dames, un gros chat dont les yeux malicieux et la voix de braise puisse les rendre instantanément ...Crazy, et vivre ainsi entouré de nymphettes frétillantes en robe à paillettes et chignon extravagants, et faisant deux fois sa taille... Nul doute que des titres comme le fumant I want You ou le langoureux slow Old Fashioned devraient lui permettre d'arriver à ses fins rapidement.
La funky putassière Bright Lights Bigger City n'est qu'un trompe-l'oeil du disque : le propos en est bien plutôt autour de la chanson single bouillante, Forget You / Fuck you (eh oui, il y a deux versions, avec un seul mot qui change : l'Amérique d'Obama n'est pas encore prête à tout entendre sur ses ondes...), qui déclenche des tremblements nerveux et reste en tête longtemps après écoute. Plus intéressante encore, Satisfied est un pur classique soul 60's de chez Tamla/Motown, on jurerait que ce sont les Supremes qui font les choeurs, tandis que le beau nounours se propose de satisfaire une à une toutes les filles qui se présentent à lui - idem pour It's Ok où ce pourraient être les Temptations à l'arrière. Il y a bien sûr un pic d'intensité sexuelle, qui se trouve vers la fin de Bodies où il se livre en studio à on-ne-sait-quelles agapes avec une créature lascive et gémissante...
Certes cet album, restant sur le fil du rasoir entre profession de foi en mode gospel, titres dansants en soul festive, et crooning humide tout en déclarations cochonnes, n'atteint pas la pureté et la perfection des arrangements de sa challenger femelle, Amy Winehouse. Il souffre en effet de quelques fioritures vocales et effets sonores modernes inutiles, de quelques titres mineurs, et surtout il n'a pas de morceau équivalent au pic d'intensité tragique Back to Black, lui qui avait pourtant commis la poignante Who's gonna save my soul : la belle No one's gonna love you n'est pas tout à fait à la hauteur...
Pour autant, Cee-Lo Green avec The Lady Killer apporte une preuve éclatante que la soul music mâle, endeuillée récemment de la disparition de plusieurs de ses grandes figures du 20 ième siècle, n'a pas dit son dernier mot. Si une émulation se forme dans le couple infernal qu'il forme avec la diva punk (on n'ose imaginer ce que donnerait un duo entre eux, croisons les doigts), nous serons en de bonnes mains.
(2010)
Critique écrite le 15 janvier 2011 par Philippe
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