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Chronique album : Chris Isaak - Beyond The Sun, par Philippe
Vendredi 22 novembre 2024 : 6714 concerts, 27230 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Chris Isaak : "Beyond The Sun"
Eh bien, pourquoi ne pas s'équiper de bons musiciens et reprendre simplement les perles d'un des catalogues les plus étincelants du rock'n'roll des années 50-60, les disques Sun, ceux du fameux studio de Memphis de Sam Phillips ? Pensez-donc, avec des interprètes comme Elvis Presley, Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, Roy Orbison, on joue sur du velours... Même s'il est établi qu'on aura jamais le charisme du premier, le magnétisme du deuxième, la présence scénique du troisième ou le songwriting du dernier. N'en demandons pas trop à ce brave Chris, déjà que son Wicked Game est pompé par tout un tas de jeunes malpoli(e)s actuellement, de The XX à Lana del Rey...
Alors c'est sûr, le Chris Isaak sait y faire pour roucouler à l'oreille de la rombière redneck, en goguette au diner de Holbrook, Arizona, qui fait boîte de nuit le samedi après-midi (How's the world treating you), avec sa voix traînante aux inflexions country... S'il imite très bien Elvis, s'il est même son imitateur n°1 (heureusement, car il y a vraiment beaucoup de titres d'Elvis, à vue de nez environ 1 sur 2 !), ses versions de Johnny Cash ne valent pas la fraîcheur de l'interprétation de Joaquin Phoenix pour Walk the Line... Et l'on restera définitivement plus fan de la version mythique de sensualité gluante de Treat me like a fool par Nicolas Cage (si vous ne voyez pas de quoi il est question, arrêtez ici la lecture, merci).
Bien sûr, les reprises du King sont parfois gentiment pétaradantes (I'm gonna sit right down and cry over you). Bien sûr, il arrive que ça décolle un peu (Miss Pearl de Jimmy Wages, découverte à l'occasion), qu'on soit amusé par la reprise (Oh Pretty Woman, dont on ne présente plus l'auteur), qu'on découvre une grande chanson grâce à lui - même si l'original est supérieur (Your True Love du grand Carl Perkins)... La plupart ne sont quand même que des décalques sans panache des originales (au hasard, Bonnie B de Jerry Lee Lewis), agréables à l'oreille mais pas du tout risquées, novatrices, marquantes.
Alors au final, il reste surtout une impression de juke-box rutilant des sixties, objet avec lequel on arrête assez vite de s'amuser après avoir fait le tour de ses 26 titres... A moins de le mettre en fond sonore pour travailler, lire, ou rêvasser. Sans rancune Chris, si d'aventure vous revenez bientôt sur le Vieux Continent, nous viendrons bien volontiers vous voir en live où vous semblez excellent et nettement moins enduit de naphtaline !
(2012)
Critique écrite le 07 mars 2012 par Philippe
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