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Chronique album : Cliff Martinez (+ V/a) - Drive (Bande Originale Du Film), par Philippe
Dimanche 24 novembre 2024 : 6409 concerts, 27231 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Cliff Martinez (+ V/a) : "Drive (Bande Originale Du Film)"
On avait déjà été époustouflé par la bande originale poisseuse, étrange et fascinante de Solaris (en 2002), qui était pour beaucoup dans l'angoisse sourde ressentie à bord de l'étrange vaisseau médiumnique où errait George Clooney : on vient d'apprendre que c'était du même Cliff Martinez ! Or ici aussi, la bande originale de Drive suit, enrobe, voire enrichit magnifiquement l'intrigue. Avec d'abord une mise en place kitsch et pourtant émouvante (comme ce titre rose bonbon, et l'inoubliable veste-scorpion du héros) : l'introductive Nightcall (très Air-like) et le début de la romance (A Real Hero & A Human Being, outrageusement 80's), et enfin une sorte de love song Bond-ienne et romantique (Oh My Love)...
Mais on entre dans le vif du sujet avec la première car chase, et un titre électro haletant de Chromatics, avec une note de basse obsédante rappelant les plus grands titres de John Carpenter : Tick of the Clock, soit les 5 minutes que donne le héros aux gens qu'il transporte pour finir leur braquage. Puis on s'enfonce peu à peu dans l'étrangeté de nappes électro douces et flippantes (Rubber Head), de mélodies très éthérées (I Drive), au fur et à mesure que le personnage perd pied avec son train-train sécurisé pour s'aventurer en terre inconnue, notamment en acceptant un convoyage manifestement plus foireux que d'habitude.
On retrouve alors pleinement l'ambiance angoissante et le suspense croissant (Kick Your Teeth, splendide, puis la fascinante Where's the Deluxe Version), suivi de plusieurs titres lents et anxiogènes : la violence du héros va se déchaîner, son côté noir se révéler et... rester. Il n'aura aucune pitié, aucune limite, cf la bien-nommée Hammer, qui rappelle comme plusieurs autres morceaux l'inspiration de l'inoubliable Blade Runner de Vangelis, influence assumée et revendiquée par Cliff Martinez !
Oasis de 1'31" dans cette deuxième partie très noire, la scène de l'ascenseur (demandez aux gens qui ont vu le film, si elle ne les a pas émuEs presque aux larmes), illustrée par le magnifique Wrong Floor... enchaînée par un reflux de noirceur définitif : Skull Crushing, autre titre qui permet de bien se repérer dans le film (!), et dont la fin en électro fantômatique suggère rien de moins qu'un passage, après cette scène, au-delà du point de non-retour...
Le finale très meurtrier de Drive commence sur une plage de L.A., en pleine nuit (On a Beach), toujours sans espoir de salut tandis que le héros va au bout de sa détermination et de sa logique... héroïque. Et pourtant à 4'58"... mais là, il faut voir le film pour comprendre l'émotion ressentie à réentendre sa musique. Oui, à la réflexion, il faut sans doute déjà avoir vécu l'expérience Drive, pour apprécier au mieux cette bulle musicale de Cliff Martinez qui fascine durablement, se terminant sur l'électro chic et choc de Bride of Deluxe, en forme d'indice : ce titre suggère une piste de ce qui pourrait, peut-être, se passer après le générique de fin... Bande originale de film de l'année, no fuckin'doubt !
(2011)
Critique écrite le 16 octobre 2011 par Philippe
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