Accueil Chronique album : Cliff Martinez (+ V/a) - Drive (Bande Originale Du Film), par Philippe
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Critique d'album

Cliff Martinez (+ V/a) : "Drive (Bande Originale Du Film)"

Cliff Martinez (+ V/a) :

Pop - Rock

Critique écrite le 16 octobre 2011 par Philippe

Il y a un cercle très restreint de compositeurs de musiques de films anglo-saxons que chacun peut citer de tête (historiquement, surtout des John : Barry, Williams, Carpenter, et plus récemment Danny Elfman ou Angelo Badalamenti...) ; pas facile d'y rentrer ! Il se pourrait cependant qu'on finisse par retenir le nom de Cliff Martinez, suite à son travail sur le sublime Drive, thriller ultra-stylisé, splendide et haletant. On s'abstiendra d'en dire trop de l'histoire de ce Getaway driver en apparence impassible, furtif comme un fantôme dans les rues de Los Angeles, et qui va se mettre en danger en tombant amoureux de sa voisine mariée à un petit truand. Film qui affiche au casting un personnage de Mad Men et un de Breaking Bad, soit les meilleures séries actuelles, et Ron Perlman en guest de Sons of Anarchy en prime, excusez du peu...
On avait déjà été époustouflé par la bande originale poisseuse, étrange et fascinante de Solaris (en 2002), qui était pour beaucoup dans l'angoisse sourde ressentie à bord de l'étrange vaisseau médiumnique où errait George Clooney : on vient d'apprendre que c'était du même Cliff Martinez ! Or ici aussi, la bande originale de Drive suit, enrobe, voire enrichit magnifiquement l'intrigue. Avec d'abord une mise en place kitsch et pourtant émouvante (comme ce titre rose bonbon, et l'inoubliable veste-scorpion du héros) : l'introductive Nightcall (très Air-like) et le début de la romance (A Real Hero & A Human Being, outrageusement 80's), et enfin une sorte de love song Bond-ienne et romantique (Oh My Love)...
Mais on entre dans le vif du sujet avec la première car chase, et un titre électro haletant de Chromatics, avec une note de basse obsédante rappelant les plus grands titres de John Carpenter : Tick of the Clock, soit les 5 minutes que donne le héros aux gens qu'il transporte pour finir leur braquage. Puis on s'enfonce peu à peu dans l'étrangeté de nappes électro douces et flippantes (Rubber Head), de mélodies très éthérées (I Drive), au fur et à mesure que le personnage perd pied avec son train-train sécurisé pour s'aventurer en terre inconnue, notamment en acceptant un convoyage manifestement plus foireux que d'habitude.
On retrouve alors pleinement l'ambiance angoissante et le suspense croissant (Kick Your Teeth, splendide, puis la fascinante Where's the Deluxe Version), suivi de plusieurs titres lents et anxiogènes : la violence du héros va se déchaîner, son côté noir se révéler et... rester. Il n'aura aucune pitié, aucune limite, cf la bien-nommée Hammer, qui rappelle comme plusieurs autres morceaux l'inspiration de l'inoubliable Blade Runner de Vangelis, influence assumée et revendiquée par Cliff Martinez !
Oasis de 1'31" dans cette deuxième partie très noire, la scène de l'ascenseur (demandez aux gens qui ont vu le film, si elle ne les a pas émuEs presque aux larmes), illustrée par le magnifique Wrong Floor... enchaînée par un reflux de noirceur définitif : Skull Crushing, autre titre qui permet de bien se repérer dans le film (!), et dont la fin en électro fantômatique suggère rien de moins qu'un passage, après cette scène, au-delà du point de non-retour...
Le finale très meurtrier de Drive commence sur une plage de L.A., en pleine nuit (On a Beach), toujours sans espoir de salut tandis que le héros va au bout de sa détermination et de sa logique... héroïque. Et pourtant à 4'58"... mais là, il faut voir le film pour comprendre l'émotion ressentie à réentendre sa musique. Oui, à la réflexion, il faut sans doute déjà avoir vécu l'expérience Drive, pour apprécier au mieux cette bulle musicale de Cliff Martinez qui fascine durablement, se terminant sur l'électro chic et choc de Bride of Deluxe, en forme d'indice : ce titre suggère une piste de ce qui pourrait, peut-être, se passer après le générique de fin... Bande originale de film de l'année, no fuckin'doubt !
(2011)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 16 octobre 2011 par Philippe
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