Critique d'album
Daniel Darc : "Amours Suprêmes"
Dès Les Remords on reconnaît avec émotion le timbre de voix presque parlé, et les orchestrations pop élégantes de Frédéric Lo. Bien sûr il ne sait toujours pas vraiment chanter. Bien sûr J'irai au paradis, single un peu calibré France Inter, n'est pas la plus réussie, classe malgré tout dans sa façon d'égréner des morbidités sur un air joyeux.
Mais bien sûr l'essentiel est ailleurs : L.U.V., superbe duo anglophone avec Alain Bashung à la guitare gainsbourgienne, La Seule Fille sur Terre, hymne à la tendresse d'une prostituée, à laquelle semble répondre la promesse de venir la chercher au bout d'Un an et un jour...
Avec le poème musical La vie est mortelle comme avec la très jolie Serais-je perdu, toujours sur le fil ou au bord de l'auto-destruction, Daniel Darc défie encore crânement le Temps et sa salope de copine la Camarde, avec des paroles simples et sincères. Fasciné par le côté obscur, dans un album finalement plus sombre que le précédent, qui s'achevait sur une sublime déclaration de foi dans l'avenir (Psaume 23), dûe à la certitude de l'existence d'un Au-delà. Croyance qu'il semble avoir perdue depuis malgré le, comme on dit, signe ostentatoire qui orne de façon splendide son poitrail...
Environ presque rien, c'est donc tout l'espoir qu'il reste au miraculé, heureusement toujours porté par l'amour de cette femme à qui il parle tout l'album. Comme on le craignait, la deuxième injection est moins éblouissante, le plaisir est presque intact mais la descente est bien plus amère... Ne prenez pas le risque que la prochaine soit fatale et allez voir sans tarder sur scène cet artiste toujours en sursis, pendant qu'il en est encore temps. La chanson française a désespérément besoin de grands romantiques comme lui, fussent-ils auto-destructeurs, et le lui faire comprendre par notre ferveur est peut-être encore notre meilleure chance de le garder longtemps parmi nous.
(2008)
PS Post 3 concerts, juillet 2008 : L'homme n'a rien perdu de sa superbe en salle... comme en festival breton ou belfortain !
Critique écrite le 23 janvier 2008 par Philippe
Envoyer un message à Philippe
Daniel Darc : les chroniques d'albums
Frédéric Lo/Daniel Darc : Cur Sacré par Pierre Andrieu
06/03/2024
Responsable de la résurrection de Daniel Darc en 2004 avec l'album Crèvecoeur, Frédéric Lo a décidé de rendre hommage à son pote chanteur de Taxi Girl. Un artiste rare écrivant des textes bouleversants pour lequel Lo a su écrire des musiques ultra... La suite
Daniel Darc : Crève Coeur (super Deluxe Edition) par Philippe
17/06/2015
Ah, le salaud. Ça lui a pas suffi de mourir, de venir grossir la liste et presque de la compléter, et de nous laisser seuls avec les médiocres : Voilà qu'il nous en remet une couche, de regrets qui vont droit au coeur. Avouons qu'on avait vraiment... La suite
Daniel Darc : Chapelle Sixteen par Philippe
13/11/2013
Legs post-mortem et très généreux de l'infortuné Daniel Darc, l'album Chapelle Sixteen est un témoignage enregistré in extremis, avant la mort qu'il redoutait chaque jour au réveil, et qui a fini par le rattraper. Fort heureusement, l'ensemble des... La suite
Daniel Darc : La Taille De Mon âme par Philippe Voss.
18/11/2011
Darc plus profond, plus sensible, plus humain, plus sincère que jamais.
"La taille de mon âme" sorti le 8 Novembre dernier est le nouvel album pour Daniel Darc. Plus de trente ans de carrière pour cet artiste somme toute encore trop peu connu du... La suite