Accueil Chronique album : Daniel Darc - La Taille De Mon âme, par Philippe Voss.
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Critique d'album

Daniel Darc : "La Taille De Mon âme"

Daniel Darc :

Pop - Rock

Critique écrite le 18 novembre 2011 par Philippe Voss.

Darc plus profond, plus sensible, plus humain, plus sincère que jamais.
"La taille de mon âme" sorti le 8 Novembre dernier est le nouvel album pour Daniel Darc. Plus de trente ans de carrière pour cet artiste somme toute encore trop peu connu du public, et pourtant l'un des tous meilleurs artistes français après Gainsbourg et Bashung.
Peu d'albums, pour une si longue carrière, mais combien de titres inoubliables, inusables : "Mannequin", "Cherchez le garçon", "Musée Tong" (remarquable album Sappuku !), "Pars sans te retourner", "Toutes les filles sont parties", "Je me souviens je me rappelle"...
Avec et sans Taxi Girl, impossible de ne pas voir en Daniel Darc, une plume, des mots qui claquent, un poésie immense, des arrangements typés, un son à part sur la scène Pop-Rock. Je ne le cache pas j'ai un faible pour l'œuvre de Daniel Darc.
Personnage tourmenté, désespéré, sensible, fragile, timide, généreux, Daniel, alterne depuis ses débuts, périodes sombres et moins sombres et nous a habitués à longs temps morts sans publications. Puis il y eut 2005, la rencontre de Daniel Darc - Frédéric Lo. Un album, un album sublime "Crève Cœur", album de la consécration, des victoires de la musique, album révélation de l'année. Il y eu aussi un second album avec Frédéric Lo "Amours Suprêmes", un album moins médiatisé, et pourtant, un épisode somptueux, l'album parfait, dense complexe. Un disque dans lequel rien n'est à jeter, à écouter, à réécouter au fil des ans et une mention toute particulière pour l'envoutant "La seule fille sur terre", sa grand-mère, les camps de concentration "Elle a tatoué sur le bras un poignard, une croix". On aime, on n'aime pas, mais il faut l'avouer, à chaque nouvel album, la qualité des productions de Darc est toujours positionnée largement au dessus des productions du moment.
Novembre 2011, pour son nouvel album, Frédéric Lo n'est plus de la partie, remplacé par Laurent Marimbert (Christophe, Philippe Katerine, Emmanuelle Seigner et d'autres). Certains titres de ce nouvel album avaient été dévoilés au public parisien lors du concert du Palace en février dernier (concert à ranger côté Darc sombre).
Histoires de vie, d'amour, du temps qui passe, des amis disparus, racontées, parlées chantées avec une touchante sincérité "La taille de mon âme" rencontre un succès critique quasi-unanime. L'album est principalement remarquable et comporte aussi quelques faiblesses.
S'il ne fait aucun doute que les paroles de cet album sont plus poétiques, plus humaines, plus sensibles, plus somptueuses que jamais, très proches du meilleur de Gainsbourg ; d'un point de vue purement musical, certains titres (peu heureusement) se montrent un ton légèrement en dessous de ce à quoi nous a habitué Daniel Darc ces dernières années.
L'album commence d'ailleurs assez mal avec "Ira", titre insipide, tiède, ennuyeux. Il ne faut surtout pas arrêter l'écoute à cet instant car dès le second titre le contraste est saisissant "C'est moi le printemps" 1er single de l'album, ritournelle simple et magique. Piano, claviers somptueusement "Darckiens". France Inter adore, bien sûr.
L'émotion qui nous avait jusque là envahis n'est rien par rapport à celle que produit le titre suivant, "La taille de mon âme", valse sur fond d'extraits sonores issus du film "Les enfants du paradis", véritable splendeur, "Si tu savais mes cris rien, si tu savais mes jours rien, si tu savais mes nuits rien, si tu savais mes rêves rien, si tu savais mes joies rien, et si seulement tu savais la taille de mon âme...". On en a le souffle coupé. On chancelle.
L'écoute continue, Darc est maintenant magistral. Avec "C'était mieux avant", nous sommes revenus au temps de Taxi Girl époque "Seppuku", mais ici, les textes sont encore plus aboutis que par le passé (début des années 80), "Crade est Darc, Elvis versa un poison qui le réanima, et depuis comme Marvel, comme un mutant crade est Darc, de temps en temps Darc est crade à chaque instant... C'était bien mieux avant - elle dit ça lentement - moi je sais que le temps - n'attends personne pourtant - c'est vrai de temps en temps - je me dis si seulement..."
La suite de l'album est parfois un ton en dessous mais reste toujours d'un très bon niveau.
Quelques jolis titres, bien écrits, mais musicalement fades, menant parfois même à l'ennui. "Ana" qui résonne comme en echo au "Manon" de Gainsbourg. "Seul sous la lune", paroles magnifiques, mais choix musical discutable (pourquoi ne pas avoir retenu l'option claviers/synthés à la Darc et tempo nerveux qui aurait transcendé ce titre dont le potentiel est évident dès la première écoute). "Vers l'infini" joli titre rendu ennuyeux par un traitement "lounge bar", on s'endort avec l'impression d'écouter une soupe tiède concoctée par l'inégal Benjamin Biolay pour Henry Salvador. "Les filles aiment les tatouages", on attend que le titre s'envole, le titre se termine, rien ne se passe.
Et pour le reste : "Les vœux de bonne année", Gainsbourg, encore, toujours, tant mieux. Cette fois-ci, c'est du Gainsbourg époque "L'homme à la tête de chou". Un hommage très certainement, car on le titre prodigue une impression de déjà entendu. "My Baby Left Me" toujours aussi incroyablement Gainsbougrien, quasi-parodique, époque BB initials. "Quelqu'un qui n'a pas besoin de moi" magnifique - Gainsbgourien toujours (mais un peu faible musicalement).
L'album se termine sur un majestueux "Sois sanctifié". L'émotion est de retour !
Bilan global, bravo Daniel, ton talent est immense, "La taille de mon âme" est un grand album, à écouter en boucle à condition zapper 3 ou 4 titres.
Dommage, pour ces quelques titres, ils donnent le sentiment qu'avec cet album, Daniel Darc est passé tout près de ce que l'on aurait pu considerer comme un album majeur dans le paysage de la chanson et du rock français. On a envie de dire, "mais bon sang pourquoi Frédéric Lo n'a-t'il pas collaboré à cet album ?" Mais au fond celà ne nous regarde pas.
Reste que cet album est a ne rater sous aucun prétexte, à écouter, écouter encore et encore. Daniel, continue à nous offrir des albums comme celui-ci !

 Critique écrite le 18 novembre 2011 par Philippe Voss.
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