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Chronique album : David Lynch - Crazy Clown Time, par Philippe
Dimanche 29 décembre 2024 : 6936 concerts, 27256 chroniques de concert, 5421 critiques d'album.
Critique d'album
David Lynch : "Crazy Clown Time"
On y trouve, comme dans sa filmographie, à boire et à manger : il semble que personne de censé ne pourrait aimer tout à la fois sur ce disque, tout comme personne ne peut aimer tous ses films sauf à être fétichiste de son nom ! A notre goût par exemple, la plupart des titres électro-pop semble à la limite de la potacherie : Good Day Today et Stone's gone Up, à voix vocodée, gardant certes un semblant de mélodie, amusantes mais vaguement irritantes... Et pire encore, Strange & Unproductive thinking, 7 minutes 30 de réflexions en voix robotique, mais monocordes et interminables sur la méditation (... une autre marotte du Maître).
Les parties les plus travaillées sont sans doute celles en blues poisseux - qui colle a priori bien mieux à son univers visuel, comme So Glad chantés d'une voix aigre rappelant celles de Daniel Johnston. Ou bien, l'étonnante Football Game - on croirait entendre le fantôme de Link Wray à la guitare sur 3 accords réverbés à mort, et celui de Mark Linkous - avec la bouche pleine tout au long du morceau ! Ou encore I know, à l'orgue et aux guitares malades et terriblement ... cinématographiques. Autre réussite, la chanson-titre Crazy Clown Time, comme un grand cirque sous substance psychotrope, avec voix de fausset et gémissements féminins, qui rappelle ses univers les plus étranges (Mulholland Dr., Lost Highway...)
D'autres titres s'avèrent languides et répétitifs, donc partiellement intéressantes : Noah's Ark, glauquissime, The Night Bell with Lightning où il ne se passe pas grand-chose à part un solo de pedal steel : on voudrait bien la compléter de l'image de western déglingué qui va avec... Tout comme She Rise Up, qui (nous) évoque la découverte d'une scène de crime - "Qui a tué Laura Palmer ?"
Pas de quoi crier au génie de David Lynch dans cette autre discipline qu'est la musique... Mais une belle collection de titres, parfois un peu longs (tout comme le disque lui-même, qui aurait gagné à éliminer les derniers titres). On aurait aimé davantage du beat rock urgent de Pinky's Dream (avec Karen O), hélas unique en entrée d'album, comme le nez rouge vif d'un clown fou. Reste que derrière ce faux-nez trompeur, le disque est porteur d'une demi-douzaine de belles ambiances dépressives, pour broyer du noir, rendre encore plus glauque un dimanche pluvieux, ou un trajet de nuit en transports en commun...
(2011)
Critique écrite le 10 décembre 2011 par Philippe
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