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Chronique album : Dum Dum Boys - Play All Your Favorite Songs, par Phil2guy
Mardi 26 novembre 2024 : 6351 concerts, 27234 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Dum Dum Boys : "Play All Your Favorite Songs"
Et trois ans après leur avant dernier album, le bien nommé Electrified, ils s'adonnent cette fois-ci à l'exercice, souvent périlleux, de l'album de reprises avec ce Play all your favorite Songs ; les Dum Dum Boys se sont fait plaisir en jouant et enregistrant certaines de leurs chansons préférées sous prétexte que ce sont aussi les nôtres (comme le titre l'indique). Pour ceux qui les ont déjà vus sur scène, les niçois sont habitués à ce genre d'exercice, mais font toujours le choix de reprendre des titres un peu oubliés ou inattendus. S'ils reprennent, par exemple, les Stooges en concert, ça sera un titre moins souvent entendu comme Ann plutôt que de faire le choix un rien convenu (mais de bon goût, nous sommes d'accord) du sempiternel I Wanna Be your Dog .
Et on sent bien qu'ils ont pris un malin plaisir à choisir des chansons de musiciens souvent déviants, représentatives de leur Panthéon personnel (ou non), et qu'ils interprètent pour la plupart avec la furie qui leur est propre mais toujours avec panache.
Cet album démarre donc en beauté avec une explosive reprise de Rock On de Gary Glitter (avec le saxophone de rigueur) qui sonne comme du Suicide glam rock, suivie d'une version électro de l'excellent Face on the Factory floor de Kim Fowley. Ces deux reprises, qui n'ont rien à envier aux originales, sont révélatrices du goût prononcé des Dum Dum Boys pour les outsiders ou autres rockers cintrés. L'interprétation de In My Dream de Screaming Jay Hawkins et la version psychotique et méconnaissable, mais réjouissante, du Havana Moon de Chuck Berry montrent également l'attachement du groupe au rythm'n'blues et au rock'n'roll originel. Un de mes titres préférés de l'album, Dirty Dirty du Crazy Horse (sans Neil Young) se trouve transformé en perle soul façon Stax passé à la sauce électro (et pourrait d'ailleurs tout a fait figurer sur un album d'XYZ, l'excellent " side-project " électro-garage-soul que le guitariste Memphis Mao mène avec Ian Svenonius, le chanteur de The Make-Up et Chain & the Gang). Un peu d'accalmie et, osons le dire, de douceur, s'ensuivent avec une élégante version du Casanova de Roxy Music qui donne l'impression d'être jouée par les Jesus & Mary Chain dans leurs moments les plus calmes. Et quand il s'agit de reprendre Lost Johnny du défunt Lemmy, ça sera dans une version plus proche de celle d'Hawkwind, plus lysergique, que celle de Motörhead, plus brute.
L'inattendu et les effets de surprise semblent les mots d'ordre de cet album : la face B (car cet objet n'est sorti pour l'instant qu'en vinyle) s'ouvre en effet sur une très bonne version gorgée de guitares fuzz du Can you feel it des Jackson Five. Plus étonnant encore, le groupe fait sonner Just Can't get enough de Depeche Mode comme si le Velvet Underground était en train de jouer au Max Kansas City. On s'attend encore moins à ce que les Dum Dum Boys reprennent du John Lennon, mais ils viennent nous rappeler l'existence d'un des titres les plus sauvages du Plastic Ono Band, Well well well, dont ils restituent toute la hargne pré-punk (on se doute quand même bien qu'ils n'auraient pas été du genre à jouer le lénifiant Imagine.)
L'album s'achève avec une version au ralenti de Circuit Breaker des Pastels (les américains, à ne pas confondre avec leurs homonymes écossais), chanson que l'on trouve sur une compilation de l'excellente série garage Back From the Grave, une manière pour les Dum Dum Boys de revendiquer haut et fort leur attachement à ce genre.
Tous ces titres donnent donc un panel assez large de leurs influences et de leurs (bons) goûts. Les niçois ont pondu là un album de reprises jouissif et parfait pour égayer nos soirées et qui donne réellement envie de danser frénétiquement après avoir ingurgité quelques boissons alcoolisées, car ce Play all your favorite Songs renoue avec l'essence même du rock'n'roll en combinant joyeusement énergie primitive, rythmes endiablés et sens de la fête.
2019 (Mono-Tone Records)
Critique écrite le 25 mai 2020 par Phil2guy
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