Critique d'album
Eiffel : "A Tout Moment (2009)"
Les premières notes en slide et l'intro arpégée à la guitare acoustique imposent immédiatement l'atmosphère sombre et sans grand espoir dans lequel l'auditeur sera plongé au cours des 12 morceaux. Cet album est terriblement noir, tout en accords mineurs, porté par un chant tantôt retenu, tantôt exalté. Ce sont tout d'abord les ambiances qui interpellent, qui prennent aux tripes. Relativement simples, elles n'en deviennent que plus palpables. Un soin particulier a également été apporté à la batterie, qui revêt régulièrement la forme d'un tambour de régiment, d'un appel aux troupes pour se donner du courage et avancer. Les mélodies sont également très entêtantes voire hypnotiques.
Pour ce qui est des paroles, Romain Humeau exorcise ses démons, crache son mépris, son dégoût du monde qui l'entoure, de notre société actuelle. Le rejet des immigrés et des étrangers au sens large, le conformisme imposé et subi, la survie à tout prix sans aucun espoir d'amélioration, le règne de l'argent et de la société de consommation, l'impossibilité d'entretenir des relations épanouissantes : tout y passe. Eiffel est en colère, exècre le monde tel qu'il est et le fait savoir. La grande force de cet album est de réussir à embellir ces descriptions acérées avec une prose extrêmement travaillée. Ce n'est pas un hasard si un texte de François Villon, précurseur des poètes maudits, constitue les paroles de "Mort j'appelle". Ce morceau colle parfaitement au reste de l'album, défouloir d'un artiste torturé. Oscillant entre résignation et révolte, la voix d'Humeau fait passer une très large palette d'émotions, véritable miroir de nos réactions face à la dureté du monde.
Cet état des lieux de la société actuelle selon Eiffel est éprouvant car on en prend plein les oreilles pendant près d'une heure. Dans le même temps, du dégoût de cette société, transpire l'amour des hommes et l'aspiration à un monde où l'humain retrouverait sa place centrale. On sent bien le groupe remonté et en route pour répandre la bonne parole.
Dos au mur, lâché par sa maison de disques, le groupe a su utiliser cette colère pour façonner son disque, avec ses tripes, sans aucune concession. En réalisant l'album qui fait sens à ses yeux, sans avoir à se préoccuper de son accueil, il a sans doute fourni son effort le plus personnel et introspectif. Particulièrement soigné et parfaitement dosé tant au niveau des paroles que de la musique et des arrangements, l'ensemble respire l'universalité et la sincérité.
En ces temps où chacun joue un rôle pour coller au monde qui l'entoure, on ne peut que saluer le message délivré par le groupe avec son cur. Eiffel a réalisé un grand disque, son disque, et la tournée entamée il y a quelques mois prolonge le plaisir, concert après concert.
Critique écrite le 16 mars 2010 par Cabask
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