Emilie Simon : "La Marche de L'Empereur (bandeoriginale)"
La vue de la bande-annonce de ce film sur les manchots m'avait plongé dans la surprise puis la transe... mais oui, cette musique qu'on entendait était bien tirée de Flowers, le premier et superbe album d'Emilie Simon (2003) ! De superbes images d'oiseaux s'ébattant sur la banquise sur lesquelles on avait plaqué l'intro de Lise, une de ses plus belles chansons au niveau de l'arrangement, mon épiderme n'y avait pas résisté : chair de poule !... Comme d'habitude, la bande originale de ce film est déjà dans les bacs, et ce avant la sortie du film (28.01.2005). Habituellement cela m'agace prodigieusement, mais pour ce cas précis, c'est plutôt un grand bonheur : tout un vrai nouvel album d'Emilie Simon, quand bien souvent les artistes se 'reposent' en faisant des bandes-son baclées (je pense notamment à la bien nommée BOF de Michel Vaillant par Archive). Ici il n'y a qu'une seule chanson, To the dancers on the ice, qui est un remix de "To the dancers in the rain", tout le reste est neuf. Ce changement de titre l'annonce : quand l'album précédent parlait de douceur nostalgique, et aussi de pluie, les titres ici annoncent qu'il sera bien plutôt question de pas sur la glace et de bébés manchots (et non pas pingouins, Emilie enfin, ce n'est pas le même continent !). L'ensemble est composé de musiques, tantôt intimistes, tantôt tirant vers le symphonique (avec un poil de pompier pour The Voyage, le seul passage un peu lourd de l'album !). On y retrouve la petite voix douce et envoutante qui avait charmé l'oreille, les arrangements électro très soignés et délicats de miss Simon. Il y a également un seul petit passage rock avec Song on the storm, quand le premier album s'autorisait un détour par une reprise de I wanna be your dog. Mais surtout, il y a des passages doux et rassurants, comme des moments angoissants et dissonants, qui laissent imaginer que la vie d'un manchot empereur n'est pas de tout repos. Cela ne fait que renforcer l'envie de découvrir ce film : si le commentaire a le bon goût de ne pas être plan-plan comme ça peut arriver sur les documentaires animaliers, cela promet un grand moment de bonheur ! Certains passages en nappes voscales superposées, ainsi que l'usage modéré de sons électro, mélangés à de vrais instruments à corde (violons, harpes), font penser aux travaux de Björk. Bon sang mais c'est bien sûr, voilà à qui l'on va pouvoir comparer notre Emilie nationale : à Björk. Elle est aussi belle, a une aussi jolie voix et elle est aussi créative, alors pourquoi on s'en priverait d'abord ? En conclusion, espérons qu'un film réussi donnera envie au public de s'intéresser à Emilie Simon ; dans le cas contraire les amoureux transis que nous sommes se consoleront avec ce nouvel et superbe album. En attendant que la demoiselle repasse enchanter les salles du sud-est qui l'attendent désespérément depuis des mois !
2005 (Barclay)