Accueil
Chronique album : Florent Lelong - Color Therapy, par Edouard Mahut
Lundi 23 décembre 2024 : 6830 concerts, 27255 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Florent Lelong est un de ces tout jeunes artistes. Après un premier album et un succès d'estime avec Electro Libre, l'essai devait être transformé par une nouvelle production, fort de son expérience acquise à manier le filtre et l'oscillateur. On ne l'attendait sûrement pas à pareille fête avec son nouvel opus, COLOR THERAPY.
Mais qu'est-ce que c'est que Florent Lelong ? De l'électro seventies qui ferait de l'il aux canons de la pop actuelle ? Pas nécessairement. Bien loin de singer papy Jarre, c'est toute une autre approche de la musique qui se retrouve dans Color Therapy. Une façon de la concevoir bien spécifique, perdue de vue depuis les années 80 et l'arrivée du méchant synthé numérique.
C'est ainsi que, armé de ces machines de guerre, l'artiste triture les sons de base, tel la palette du peintre, d'où "Color therapy", les sculpte à travers ses filtres, puis les mets en scène. Une passerelle entre tout les arts, voilà le cur de l'album. Il suffisait d'y penser.
En ressort un album-concept assez décalé, poétique. Un équilibre instable entre petites bombes électro-pop et nappes planantes. C'est aussi le pari du tout instrumental. Pas une parole dans cet album. Une tare me direz-vous ? A vrai dire, bien malin celui qui aurait pu placer des lyrics au milieu de ce déluge de sons. Ce ne serait pas rendre justice au travail assez remarquable effectué par l'artiste sur les sonorités. La mélodie y est donc omniprésente. Entêtante, entraînante, certains diront désuette, naïve, mais comme toutes ces musiques qui vous trottent dans la tête et qui ne vous lâchent pas de la journée. Celles que l'on aime fredonner pour un oui pour un non. Et vous adorez fredonner ces mélodies colorées. Une suite de notes imparable, simples et tout simplement efficaces. Et comme tout ce qui est bon, on a tendance à en abuser.
Un compromis difficile à trouver entre l'exigence sonore et l'efficacité. Color Therapy pêche peut-être par sa propension à vouloir toucher le plus grand nombre, certains trouveront leur compte dans les mélodies pop acidulées, d'autres planeront plus haut que leur sofa. Sans n'être qu'un simple pot-pourri de 13 titres amassés pendant les sessions, ce qui est loin d'être le cas tant le soin accordé à la construction de l'album, tel un roman, est flagrante, le tout apparaît plus comme un album-photo, plutôt qu'un album-concept des grandes heures avec une unité aussi bien sonore que musicale. Mais combien d'albums à l'heure actuelle peuvent s'en vanter ?
Voici donc un album, trop différent pour rentrer dans le mainstream, mais trop soucieux du public pour tomber dans l'élitisme. Serait-ce la recette miracle ?
Critique écrite le 03 mai 2010 par Edouard Mahut