Critique d'album
Franz Ferdinand : "You Could Have It So Much Better With Ff"
Eh non, car Alex Kapranos et sa bande de premiers de la classe ont un son très propre (et ceci aux deux sens du terme). Par ailleurs contrairement à plusieurs de ces groupes moyens ou carrément nazes sur scène (les Rakes exceptés), ils n'ont plus rien à prouver en live : on a bien constaté à plusieurs reprises l'excellence totale de Franz Ferdinand, notamment lors du concert franchement épatant qui a clôturé Rock en Seine cet été. D'ailleurs la prochaine tournée devrait être du même acabit, car pas besoin d'écouter plus de trois chansons pour comprendre que la formule n'a pas varié : des tubes nom de Zeus, des tubes à ne plus savoir comment les sortir !
Citer tous les singles potentiels reviendrait plus ou moins à recopier la couverture, disons simplement que Do You Want To et You're the reason why I am leaving reprennent la pop p/funk explosive ferdinandienne où Darts of Pleasure et Take Me Out l'avaient laissé : les fans seront immédiatement charmés. Par ailleurs (et comme on dit chez Soulwax, une fois), si les disco-popissimes This Boy ou Well that was easy ne démarrent pas la fête... c'est que vous n'êtes pas à la bonne fête !...
Visiblement FF vise à présent aussi les dance-floors : il y a une chanson (par ailleurs excellente), Evil and a Heathen, qui abuse nettement de l'effet "flanger" (c-à-d l'effet de vague sur le son, très usité en boîte), à un point où c'en est presque comique... A signaler une ou deux chansons plus sombres comme Walk away où le chanteur prétend aimer le son que fait sa copine en partant (mais d'une voix colérique et finalement plutôt rageuse). Et puis une chanson très Beatles, Eleanor put your boots on, et enfin une très jolie balade presque un peu Radiohead sur les bords, Fade Together, qui suggère peut-être déjà avec mélancolie comment le groupe va disparaître... en s'effaçant.
Quoi qu'il en soit on en est pas là : l'album conclut sur un peu plus d'optimisme avec Outsiders, à la mélodie délicatement travaillée, et qui semble inviter à cultiver le plaisir de l'instant présent, sans illusions excessives (précisément ce que doivent faire les FF en ce moment en voyant la horde de roquets lancée à leurs trousses dans les charts). Bref cet album ne casse évidemment pas autant la baraque que son prédécesseur (mon Award de l'album pop-rock 2004, pour ceux que ça intéresse), le premier choc ne pouvant plus jamais être re-vécu (comme pour beaucoup de drogues puissantes paraît-il). Pour autant je ne trouve aucune bonne raison de vous dissuader de l'acheter : la hype étant retombée, il reste le groupe Franz Ferdinand et c'est bien suffisant, cette fois encore, pour enfoncer la concurrence.
(Domino Recording Co, 2005)
Critique écrite le 09 novembre 2005 par Philippe
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