Accueil Chronique album : Hell's Kitchen - Dress To Dig, par Philippe
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Critique d'album

Hell's Kitchen : "Dress To Dig"

Hell's Kitchen :

Jazz - Blues

Critique écrite le 23 septembre 2011 par Philippe

Vous connaissiez Hell's Kitchen comme le nom d'un quartier chaud de New York filmé par Sergio Leone ? Ou peut-être comme celui d'une émission culinaire animée par un grand blond caractériel ? Rencontrez donc Hell's Kitchen, le trio de blues suisse, et son déjà 5ième album (parait-il) : Dress to Dig ! Quoi de mieux qu'un titre appelé A Good End pour ouvrir un album, et From the Start pour le refermer ? Cela affiche en tout cas un sens de l'humour certain, tout comme ce titre d'album - "Habille-toi pour creuser !" - le duo hilarant Tuco/Blondin (de Sergio Leone, encore !) ne semble pas loin ... "Moi, j'ai un flingue, toi, tu creuses !"
Rien d'étonnant donc que d'apprendre que les drums (au son effectivement bizarre) seraient joués exclusivement sur des instruments contondants (cf le tambour de machine à laver qu'on aperçoit sur la couverture !), et la contrebasse éventuellement sur contrebassine. Et si la guitare est bien grasse comme il faut, c'est seulement du son : pas une note de frime de trop, c'est du blues minimal, raclé jusqu'à l'os, totalement "déclaptonisé", disent-ils !
Quant à la voix du chanteur, qui semble à l'origine à la fois imprécise et touchante, dans le genre de Micah P. Hinson (My heart's beating to slow), elle peut aussi se faire hargneuse (style Tom Waits énervé), traînante (style Seasick Steve mal réveillé), voire miaulante comme celle... d'un travelo échappé des Monty Python : en tout cas très variée, donc !
La tonalité générale du disque est assez pépère, voire lente (non, pas de blagues sur les helvètes, merci) : dans le genre on retient instantanément cet étrange blues glandeur en français (Vilain Docteur - une sombre histoire de dealer véreux, d'après ce qu'on croit y comprendre...). A peine plus énervé, The Helper est le genre de blues qu'écouterait, mettons, le Big Lebowski en allant au bowling, tandis que My heart's beating to slow ou Born Lover vont à la vitesse moyenne d'un "train express régional" blues du type, The Legendary Tigerman... Bien sûr, d'autres ont un rythme plus enlevé (Wait ou Right Away sont presque aussi "speed" que du Black Keys, c'est dire !)
Mais il n'y a grosso modo que 3 chansons véloces : les énervées From the Start et Teachers et l'explosive You don't give up. Celles-là sont du genre de blues qui vous flanque la transe dans la tête et rend le public complètement dingue : nul doute que leur répertoire doit en avoir d'autres comme ça... Mais quoi qu'il en soit, on écouterait aussi volontiers leurs ballades flemmardes couché dans le pré en broutant de l'herbe, que leurs petits brûlots en sautant à pieds joints, trempé(e) de sueur dans une fosse enfumée. Hell's Kitchen réussit donc sur tout le spectre des fréquences ! Amateurs de blues, c'est pour vous, dépaysement garanti au pays des toquantes, qui sont ici presque totalement déglinguées...
(2011)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 23 septembre 2011 par Philippe
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