Critique d'album
Jack White : "Lazaretto (Ultra LP)"
Hé, c'est que Jack White, depuis qu'il a ouvert le Third Man Records Store de Nashville, n'a même plus le temps de faire des concerts de tueur, tant il s'amuse comme un petit fou : sa petite entreprise, pas prête de connaître la crise, lui permet de maîtriser tout le processus de création, du studio d'enregistrement à la boutique de vente ! Il s'amuse ainsi régulièrement à y sortir ses disques et ceux des autres sur des formats dingos (78 trs/min, ou même en 1 tr/3 min), à enregistrer les copains en une prise (exemple : The Kills Live @ Third Man Records, c'est une bombe !)... Plus récemment, il s'est illustré sur le Record Store Day 2014, en réalisant le World Fastest Record (soit un 45 tours enregistré, pressé et vendu en moins de 4 heures !), ou encore en créant un Record booth (sorte de cabine de téléphonique où l'on peut s'enregistrer et repartir avec son propre disque, comme aux premiers temps du blues), inaugurée par Neil Young lui-même. Bref, Jack White et ses sbires à chapeau ont voulu créer le vinyle ultime, celui qui contiendrait toutes les chicanes possibles, et c'est ce Lazaretto Ultra LP !
Bien sûr, la performance technique comporte pour partie des gadgets qui n'amuseront que les nerds, genre peseurs de vieux disques : deux finitions de surface différentes (mat et brillant), une tranche carrée très rare, un hologramme d'ange qui s'affiche sur la face A (et qui demande quand même un petit effort de visualisation...) Mais il y a aussi des éléments impactant directement la musique : un locked groove à la fin de chaque face (soit un sillon infini mais pour une fois, pas vide et silencieux, comme les précédents dont le principal intérêt était de vous permettre d'oublier votre platine branchée et tournante, en partant en vacances ...). Mieux, la face A se lit de l'intérieur vers l'extérieur - détenteurs de platines à bouton start : vous êtes faits comme des rats, il faut monter en gamme, vous remercierez Jack plus tard ! - des petits titres rigolos gravés sur les 2 étiquettes centrales (dont l'un en 78 tours...), et une amusante double introduction sur la face B, acoustique ou électrique, selon le sillon dans lequel tombe aléatoirement votre aiguille. Et enfin, last but not least : pas la moindre compression du son, ça vous décoffre brut dans la tronche, vous êtes comme dans le studio !
Au final, ce très cool objet (la pochette et le livret intérieur sont magnifiques comme toujours, et il en tombe évidemment un code de téléchargement !) est donc un peu comme une voiture de James Bond : joli et anodin en apparence (évidemment, pas la moindre mention de tout ça, ni sur la pochette ni dedans...), et bourré de technologies sophistiquées en réalité. Comme disait l'autre : "Totalement inutile, donc parfaitement indispensable !". Un totally-must-have pour tout geek (au sens initial et noble du terme) qui se respecte : allez donc harceler votre disquaire, justement, il s'ennuie un peu en ce moment !
(Third Man Records, 2014)
Critique écrite le 23 juillet 2014 par Philippe
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