Accueil Chronique album : January Sons - Ocean Of Days, par Lb Photographie
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Critique d'album

January Sons : "Ocean Of Days"

January Sons :

Pop - Rock / Indie

Critique écrite le 03 mai 2022 par Lb Photographie

La scène indé est en émoi depuis qu'Arcade Fire a commencé à égayer un quotidien morose avec The Lightning I, II puis Unconditional I (Lookout Kid), les premiers morceaux annonciateurs d'un album à venir et la fin d'un sevrage qui aura duré plus de 4 ans. Hasard du calendrier, c'est aussi le moment qu'ont choisi les January Sons, trio marseillais d'indie folk pour sortir leur nouvel EP, Ocean of Days. Un timing compliqué si les deux formations jouaient dans la même catégorie. Mais on n'en est pas là. Pas encore. Parce que si l'inspiration arcadienne se faisait sentir sur leur premier 6 titres, la faute sans doute à des arrangements de cordes omniprésents, les influences sont ici parfaitement digérées et la scène indé aurait tort de se priver de cette découverte. Formé en 2016 autour d'Hervé et Julien (chants lead, guitares et synthés) et jetés dans le grand bain à l'occasion de la première partie de Temperance Movement, January Sons est vite devenu un trio, Mathieu (percussions) venant les rejoindre dans une configuration qui ne bougera plus. Un premier EP, The Arrogance Of Youth, est enregistré en 2018 mais ne sortira qu'en 2020. Leur deuxième confirme tout le bien que l'on pensait de ce groupe à l'identité affirmée et qui poursuit un parcours musical revendiquant tout à la fois le goût d'une esthétique néo-romantique, de voix marquantes et de l'importance des mélodies. Passez ces ingrédients au shaker d'une énergie rock portée par une configuration originale sans basse ni cymbales et vous obtiendrez un cocktail détonnant aux saveurs douces-amères. Pour cette nouvelle production exit donc les cordes qui venaient arranger chaque morceau de The Arrogance Of Youth. De l'aveu même du groupe l'opportunité s'était présentée au moment de l'enregistrement et il avait été difficile de résister à la tentation. Elle a fait place à l'envie de proposer autre chose pour ces six nouveaux morceaux. Et notamment d'évoluer vers une sensibilité qu'Hervé qualifie de New Wave, même si l'introduction de nappes de synthés ne suffit pas à l'évidence à les ranger dans la mouvance et le revival post-punk actuel. Et puis le Covid est passé par là avec ses contraintes de temps et d'organisation qui les ont conduits à travailler différemment. Il a fallu écrire et composer chacun de son côté avant de mettre en commun et confronter les idées. Comme l'explique le groupe, c'était le challenge de la soirée pizza : on se retrouve, on partage un morceau et à la fin on doit sortir avec une chanson. Le résultat est là. Les morceaux semblent à l'os, la volonté d'épure est évidente. Le souhait de sonner un peu différemment aussi, même si on retrouve les ingrédients d'une recette réussie, avec des refrains catchy et des arrangements aux petits oignons, bien que plus discrets. La plage de synthé qui ouvre le premier titre Joan of Arc l'illustre parfaitement, jusqu'à l'arrivée des guitares puis des percussions qui viennent donner toute sa force au morceau. Le reste de l'album n'est pas en reste, avec des chœurs ou de la mandoline pour seuls autres ajouts. Le pari réussi d'une formule originale est l'autre force du groupe. Le souhait de ne pas devenir un énième power trio guitare / basse / batterie les a conduit à imaginer cette formule sans section rythmique classique. Leur souhait ? Obtenir une scission entre musique folk et côté tribal au sens très percussif, sans s'embêter avec des cymbales. Cette contrainte a conduit à la créativité. Le pari, a priori osé, tient toutes ses promesses. En fait de batterie, Mathieu assure donc des percussions et Hervé ou Julien jouent tour à tour des rythmiques guitare convaincantes qui compensent sans qu'on s'en étonne cette absence. Cette formule plus intimiste est appuyée par deux voix lead, Julien et Hervé interprétant chacun leur tour les paroles des morceaux qu'ils ont écrits. La mise en avant du chant constitue l'essence du groupe, sa raison d'être. Elle se vérifie sur l'EP mais plus encore en live où le groupe peut alors déployer une véritable énergie rock, moins présente dans l'enregistrement. Surtout, comme pour leur 1er EP on retrouve dans chacun des morceaux écrits en anglais cet équilibre entre une structure harmonique évidente - un air qui reste dans la tête -, et une dimension plus mainstream qui pousse à croire qu'ils pourraient facilement être repris en chœur par le public de Coldplay ! One second time at a time, le single, en est le parfait exemple. On y retrouve la formule qui fait l'originalité du groupe, une montée tout en puissance et un refrain accrocheur qui ne demande qu'à être repris par la foule. Si le créneau du groupe de stade n'était pas déjà pris on leur recommanderait presque de se dépêcher de postuler, ils sont taillés pour ça. Les January Sons ont conscience de cette ligne étroite qui sépare l'indé de la prod plus commerciale (U2 au hasard...) mais la revendiquent également, citant ici Arcade Fire (faut-il croire au hasard ?) et REM, qui réussissent à avoir une intégrité artistique tout en proposant quelque chose qui soit accessible à tout le monde. L'avenir nous dira ce que le sort réserve à ce groupe qui réussit à tirer son épingle du jeu et mérite dès à présent que l'on s'y attarde, comme Rolling Stone, qui a placé leur single dans sa playlist hebdomadaire. Non, décidemment, le hasard n'a rien à faire ici !

Vignette Lb Photographie

 Critique écrite le 03 mai 2022 par Lb Photographie
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