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Chronique album : Joe Strummer (The Clash) - The Future Is Unwritten, par Philippe
Vendredi 22 novembre 2024 : 6714 concerts, 27231 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Joe Strummer (The Clash) : "The Future Is Unwritten"
Ce film de Julian Temple retrace la vie et l'oeuvre d'un des pères fondateurs du punk-rock et du rock engagé en général : John Graham Mellor, aka Joe Strummer. Suivant grosso modo le déroulé de sa vie, le cinéaste alterne les archives avec des témoignages, selon l'idée maligne du feu de camp (qu'affectionnait Joe Strummer) : c'est le dispositif unique d'interview utilisé, y compris pour des guest stars étonnantes comme Johnny Depp ou Jim Jarmusch... De plus, et c'est appréciable, une valeur égale est accordée au témoignage du premier guitariste des 101ers (son premier groupe "sérieux"), à une obscure ex-petite amie de Strummer, ou encore à ces stars hollywoodiennes - seul compte ce que chacune ou chacun peut apporter à l'histoire ! Il y a aussi quelques montages malins, quand le cinéaste n'a pas d'images pour illustrer la biographie (dessins animés, images d'époques etc), et la voix off de Strummer qui se raconte lui-même à plusieurs reprises.
Pas particulièrement hagiographique, le cinéaste montre Joe Strummer dans tous ses aspects, donc aussi les moins reluisants : quand on cite la longue liste et les procédés peu glorieux utilisés pour virer sans ménagements tous les musicos successifs de ses différents groupes (il en décompte lui-même 48 en tout dont ... les 3 du Clash, quand même, excusez du peu !) Ou quand il se transforme en punk hautain après avoir formé les Clash, et ne reconnait plus du jour au lendemain ses amis de squatt hippies... C'est d'ailleurs une des idées fortes du film : montrer que Strummer était bien plus un hippie (avec toute l'idéologie qui va avec) qu'un punk, qu'il est devenu presque par opportunisme après avoir découvert les Sex Pistols sur scène !
Mais on y voit aussi et surtout, le Joe Strummer généreux et affable, engagé viscéralement à babord toutes, mauvaise conscience des années Thatcher (London Calling) et citoyen du monde (Sandinista)... Et évidemment, quoique beaucoup moins que dans le mythique rockumentaire Rude boy, la bête de scène survoltée et fébrile qui a dirigé le navire Clash de main de maître sur toutes les scènes du monde, pendant une bonne décennie de tournée...
Du groupe, on recueille d'ailleurs de longues plages d'entretien avec Topper Headon et Mick Jones (qui n'ont pas de rancoeur malgré des relations pétaradantes avec le leader et même les copines qu'il leur a piquées !) et par contre, dommage : très peu de mots de Paul Simonon (un "Yeah" et c'est tout !) alors que c'est le seul qu'on ait approché en vrai (il officie actuellement dans The Good, The Bad & the Queen). Fâcherie prolongée post mortem, mésentente avec le cinéaste, ou caractère taciturne et pudique du célèbre fracasseur de basse ? L'histoire ne le dit pas, mais sa version des faits manque cruellement pour comprendre la fin du plus mythique groupe de punk-rock de tous les temps...
Quoi qu'il en soit, cette vie hors du commun méritait d'être racontée, et l'hommage est sincère, vibrant et exhaustif. Cette vie qui s'est hélas finie précocement, juste après une reformation accidentelle (à un concert caritatif en plus, joli symbole) avec Mick Jones. Mais on s'en sort bien, puisque John Graham Mellor a été emporté par une stupide malformation cardiaque et jamais détectée qui aurait aussi bien pu le tuer à 15 ans... Rest in Peace, Punk-Rock Warlord !
(2007)
Critique écrite le 26 juillet 2007 par Philippe
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