Accueil Chronique album : Kate Tempest - Let Them Eat Chaos, par Stéphane Pinguet
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Critique d'album

Kate Tempest : "Let Them Eat Chaos"

Kate Tempest :

Soul Funk Rap / Hip Hop

Critique écrite le 25 octobre 2016 par Stéphane Pinguet

Let Them Eat Chaos n'est que son deuxième album solo et déjà la Britannique Kate Tempest - jeune rouquine à l'allure innocente et ancienne membre de Sound of Rum - ne cesse de briller ! Un disque qui, sans révolutionner les codes du genre, apporte un vent de fraîcheur à la scène Hip-Hop anglaise. C'est malheureusement beaucoup trop rare pour qu'on passe à coté. Il y a certes un paquet de chanteuses populaires dans le monde, mais peu ont réellement quelque chose à dire dans leurs chansons. Kate Tempest n'appartient justement pas à cette famille d'artistes. Elle prend la musique comme un art de vivre mais surtout, comme un moyen de faire passer un message ou d'éveiller les consciences. Avant d'être rappeuse, elle est avant tout poétesse, et ce n'est pas la nouvelle collection de titres qui forme Let Them Eat Chaos qui nous fera dire le contraire. "Picture of Vacuum" ouvre l'album sous forme d'un Slam, avant qu'une discrète instrumentation rejoigne le phrasé de la jeune artiste, ajoutant une certaine tension au poids de ses mots. L'instru' signé Dan Carey, rappelle par bien des égards les productions Ninja Tune, on pense notamment à Dels sur son album Gob (Big Dada, 2011) -label sur lequel Tempest a justement sorti son premier effort-, à la collab' de Dan Le Sac avec Scroobius Pip voire au maître du genre, Roots Manuva. Sa voix ramène, elle, au phrasé de la Londonienne Speech Debelle, rappeuse beaucoup trop discrète depuis quelques années. Alors qu'il y a deux ans, Everybody Down abordait le thème de l'amour à travers les yeux de divers personnages fictifs, Let Them Eat Chaos en reprend le style et la forme, tout en changeant le fond ; traitant cette fois-ci du déclin de notre société avec une maturité et un sens du verbe toujours impeccables. Sur "Europe is Lost", titre qui résume à lui seul l'ambiance de l'album, Tempest tire le constat d'un peuple individualiste, plus intéressé par la presse à scandales, à son apparence ou à se saouler plutôt qu'à se qui se passe réellement autour de lui ; ce qui l'emmène à nous demander "...and you wonder why kids want to die for religion ?" Nommée pour son précédent album au Mercury Prize, Kate Tempest démontre avec Let Them Eat Chaos -un nouveau brûlot aussi beau qu'engagé- qu'en plus de mériter amplement le prestigieux prix, elle impose définitivement son nom comme l'une des grandes artistes anglaises de sa génération.





Liens : www.facebook.com/katetempest, www.katetempest.co.uk, twitter.com/katetempest, www.instagram.com/katetempestofficial, soundcloud.com/katetempest.

Chronique initialement postée sur www.slowshow.fr.

2016 (Fiction)

 Critique écrite le 25 octobre 2016 par Stéphane Pinguet