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Chronique album : Katel - Elégie, par Catherine Deylac
Lundi 23 décembre 2024 : 6830 concerts, 27255 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Voûtes ouvre sur une dispersion. Une voix lead devient légion, se propage dans le vide. Multiples voix qui n'en sont en fait qu'une, celles-ci se répondent, se lient, se délient. On éprouve les distances incommensurables entre le Moi et l'Autre ; or la voûte céleste les relie. L'une d'elles fait envisager une vie sans ciel, sans elle, sans ailes. L'autre fait de l'aimé son tout, son ciel. Abordant la thématique de l'hiver de l'âme, elle l'approfondira dans Danse sur le lac de Constance et Saisons. Les interprétations de ce texte sont multiples, il était visiblement question ici d'ouvrir le "champ des possibles", le véritable domaine de cet album. Cyclones démarre comme la promenade d'une indolente et se transforme en tempête émotionnelle. On reconnait à peine la voix de Katel qui avance sans masque (arraché par le vent ?), connectée au sentiment de détresse. Symbole des changements à venir, le vent balaie tout : les boucles sonores et les churs reprennent le mouvement ascensionnel des cercles excentriques du tourbillon. C'est l'un de mes titres préférés de l'album, avec Hors-Foule. A l'aphélie vient rompre le ton. Une jeune femme se livre au chantage affectif, versant nord de la femme amoureuse qui ne sait retenir l'être aimé. Au large interroge l'horizon, l'au-delà. Des pizzicatos s'invitent, les accords modulent tel le déroulement infini d'une lame... On remarquera que le terme "vide" apparaitra pour la troisième fois. Île de solitude ou lac gelé dans Danse sur le lac de Constance, les métaphores sont nombreuses pour dessiner l'âme séparée du corps. L'intro du titre me fait penser par l'emploi du piano à la musique répétitive du pianiste minimaliste allemand Hauschka, mais aussi à l'audacieux Lee Is Free des Sonic Youth. A la fin du morceau pointe l'espoir de voir âme et corps réunis... Ce que confirme ensuite Hors-Foule : par un appel d'air vivifiant, l'âme se relie à sa part animale, prête à reprendre son envol. Le temps est suspendu, notons au passage l'emploi de l'impératif : ils sont nombreux dans cet album, en dresser la liste mentale vous permettra de choisir si cette élégie est une exhortation ou une prière. Le désir impérieux parvient à s'imposer, synonyme de retour à la Vie. Saisons évoquera le confinement avec sa petite mélodie à la Morricone qui reste plantée dans le crâne. Le piano viendra ensuite enfoncer le clou avec Echos, plus classique et grave, sans lourdeur toutefois. De l'ombre surgit en contrepoint de Hors-Foule, ce morceau illustrera le désir d'échapper à un réel par trop pesant. Elégie clôt cette magnifique déclaration d'amour faite à la vie elle-même.
Ce nouveau chapitre marque donc la reprise d'un dialogue, d'un questionnement sur les aspirations les plus profondes de chacun. Il fait état de l'éternel combat en nous entre le feu et la glace et conclut sur les trois plus beaux mots de la terre. Courez l'acheter.
8 avril 2016 AT(h)OME
Critique écrite le 10 avril 2016 par Catherine Deylac
Katel : les chroniques d'albums
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