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Chronique album : Kylesa - Static Tensions, par Philippe
Jeudi 26 décembre 2024 : 6828 concerts, 27255 chroniques de concert, 5421 critiques d'album.
Critique d'album
Kylesa : "Static Tensions"
Le premier mérite du présent style musical est d'avoir renoncé à la surenchère du look méchant, le look étant ici totalement "no-" : tout juste une petite barbe par-ci, un petit tatouage par-là : un mec d'aspect dangereux par groupe, c'est bien suffisant non ? On se souvient qu'Helmet, il y a quinze ans, avait été le premier à renoncer à vouloir faire peur visuellement - mais uniquement pour, après vous avoir mis en confiance, mieux vous défoncer la gueule à coup de riffs barbelés. D'ailleurs ici, c'est la fille (car il y en a une, on l'entend parfois ...) qui a l'air la plus tatouée de tous !
Il est vrai aussi, malgré l'appellation, que la filiation de Kylesa est bien plus à chercher côté noisy/stoner que côté metal, dont on n'utilise ici malgré l'appellation, que certains réglages (voix hurlée, guitare distordues etc) mais pour jouer des chansons complexes et construites ! Par exemple les batteries tribales et les riffs sous-accordés de Perception évoquent les early Queens of the Stone Age (qui sont, rappelons-le en passant aux ignares, le meilleur groupe du monde depuis le 21ième siècle).
Par ailleurs le groupe Kylesa a aussi renoncé à la double grosse caisse pour prendre, c'est quand même plus pratique et un poil moins physique, deux batteurs en même temps - on les entend distinctement se répondre dès le début de Scapegoat, raffut introductif phénoménal qu'on croirait joué par les défunts Ministry et néanmoins, parmi les plus violents du disque - autrement dit, si vous y survivez, le plus dur est fait ! Car passé l'aride mais courte Insomnia for Months, personne ne pourra nier ensuite la musicalité et la complexité de morceaux comme le formidable Unknown Awareness, le Toolesque Running Red, ou le simplement apocalyptique Only One, toutes choses incomparablement plus riches qu'un titre standard en power chord de, mettons, Slayer ou Deftones.
L'intention artistique lorgnerait bien plus du côté de l'incorruptible Maynard James Keenan de Tool (cf To Walk Alone), en un peu moins bavard : 42 minutes en tout, Static Tensions est plus digeste que le géant mais interminable 10 000 Days de ce dernier ! Bref, Kylesa, ou comment se niquer les cervicales sur de la musique in-tel-li-gen-te. Bon évidemment les oreilles qui ne veulent pas se laisser avertir ne feront pas la différence, d'ailleurs leurs propriétaires n'ont pas lu au delà du mot "metal"... Pour les autres, rendez-vous est pris aux Eurockéennes pour une expérience à n'en pas douter mystique, terrifiante et psychotrope à la fois !
(2009)
PS : jouissifs sur scène en effet !
Critique écrite le 26 mai 2009 par Philippe
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