Accueil Chronique album : Last Train - Weathering, par Philippe
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Critique d'album

Last Train : "Weathering"

Last Train :

Pop - Rock

Critique écrite le 23 mai 2017 par Philippe

Après un EP remarqué en 2016, après une longue attente mais aussi une longue tournée, que Concertandco a croisé à plusieurs reprises depuis 2015 (la dernière fois pour nous, à domicile aux Eurockéennes pour un concert d'anthologie), voici enfin venir le disque Weathering, des jeunes et ô combien cool Last Train from Mulhouse, France. Aussi cool que leur son rock est dur, rentre-dedans et punchy. Pas du rock pour minettes, non, ou alors des minettes bagarreuses, roteuses de bières et chaussées de Dr Martens (...qui ont toujours été nos préférées, au final). Le premier titre donne le ton en sonnant garage agressif de type Black Rebel Motorcycle Club, voix reverbée incluse. C'était déjà pas du petit-lait mais voici Never Seen the Light, où des coups de ceinturon s'ajoutent aux coups de poing et à un riff porteur - on est plutôt chez Lords of Altamont !
Original ? Non, juste musclé, efficace et catchy - on sait déjà que l'album va marcher sur ses deux pieds et sur une solide base de blues bien assimilé - et bien défoncé à coups de boutoir. Si on peut alors penser qu'un album entier de la même trempe va être l'équivalent épuisant des 12 rounds du Foreman/Ali de 1974, arrive à point nommé Jane, longue balade prenante aux accents guitare-batterie zeppeliniens. Où l'on confirme que la voix du chanteur, éraillée pile ce qu'il faut (c'est-à-dire à mort et dans le rouge la plupart du temps), a également de quoi retenir l'attention - en terme de référence, il a aussi de faux airs de Billy Corgan sur la très efficace Between Wounds... qu'on préfèrera (chacun ses goûts) à l'influence d'Oasis, nettement perceptible sur Sunday Morning Son...
Autre tropisme inévitable pour du rock lourd (cf les Rival Sons, dans un style proche), Last Train cède évidemment à la tentation du riff metal sur la bien nommée Fire - il nous semblait bien avoir headbangué quelque part pendant leurs concerts ! A noter aussi, une incursion également très efficace en territoire discoïde avec Way Out (qui garde tout de même 95 % d'ADN rock...) et planqué en fin d'album, leur déjà "ancien" premier hit pour happy few (qui figurait sur leur EP), Cold Fever, de nature à faire bondir des chaussures partout où il y a des flaques de bières, de la boue et de l'herbe écrasée. La terminale ballade Weathering, assez magistrale, montre déjà une maturité de vieux briscards dans son dosage de couplets délicats et de refrains béton...
Premier album très réussi donc, reste à digérer la somme de toutes ces influences (généralement bénéfiques) pour trouver l'étroit chemin vers un son et un style propre au groupe, et reconnaissable ? C'est jouable. Pour citer un certain chroniqueur très en joie, voire un peu ému à la fin de leur performance de juillet dernier : "Une petite intuition nous dit qu'ils sauront saisir leur chance, justement, de monter dans le 'dernier train' de ceux qui pourront encore vivre de leur musique : on a vu très distinctement qu'ils ont la flamme, celle des die-hard du rock, qui brille au fond de l'oeil..." Pas mieux. Il n'y a plus qu'à espérer que le fameux convoi ne sera pas à l'image de celui du Last Train to Busan, hanté par des zombies affamés et dont n'émergent au final [attention spoiler] que deux rescapées... S'agissant manifestement d'amis d'enfance, on peut espérer qu'ils sauront néanmoins se porter les uns les autres, vers les sommets auxquels ils aspirent à juste titre.
(Cold Fame Records, 2017)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 23 mai 2017 par Philippe
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