Accueil Chronique album : Fatals Picards - Pamplemousse Mécanique, par Philippe
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Critique d'album

Fatals Picards : "Pamplemousse Mécanique"

Fatals Picards :

Pop - Rock

Critique écrite le 03 avril 2007 par Philippe

Voilà enfin un disque qui excelle dans un genre trop peu pratiqué en chanson : la Méchanceté, la drôle, celle qui fait mouche ! Ce Pamplemousse Mécanique est l'oeuvre des Fatals Picards. Leur qualification improbable pour l'Eurovision (au détriment des Wampas) avait bien éveillé l'intérêt même avec une chanson moyenne... L'affaire commence encore ici par une charge un peu balourde contre le baroudeur d'opérette Lavilliers. Mais la presque punk Sécurité de l'Emploi tord délicieusement le cou aux préjugés sur l'Education Nationale, se moquant sans vergogne de la nullité des adolescents et de la bêtise de leurs parents : une vraie réussite ! Autre charge efficace et cruelle, contre le Djembé man, immonde personnage relou que nous sommes nombreux à avoir toujours haï - sans jamais réussir à nous en moquer aussi bien !
Il y a aussi une balade hilarante Seul et Célibataire, celle d'un mec largué qui aligne des comparaisons sublimes qu'on aimerait pouvoir toutes citer, et des vignettes d'un Bénabar qui aurait acheté des couilles : on y décrit le fameux facho endimanché qu'on a tous eu comme voisin un jour (Au mariage de ma soeur), ou la prolétaire Française des Jeux que le Loto maintient dans une merde noire... Il y a même du Delerm qu'auraient détourné les Malpolis : la très drôle Mon Père était tellement de Gauche !
Et puis il y a des chansons bêtes et méchantes : le ska des Dictateurs (ou comment composer une équipe de foot ou un camp de vacances avec) ; Moi je vis chez Amélie qui se moque du monde éthéré de cette pauvresse de Poulain ; Cure Toujours qui ridiculise le malheureux gothique ado que beaucoup ont été (sur un air mi-Indochine, mi-Inconnus) ; ou encore Je viens d'ici, profession de foi de joyeux néo-ruraux (genre Tryo) qui finissent par virer chasseurs chauvins.
Et soudain retentit Commandante et là c'est juste ... grandiose : la première, vraie et bonne parodie de Noir Désir ! Certes Luke avait bien essayé - involontairement hélas, mais ici c'est terriblement bien senti dans les textes (vaguement abscons comme les originaux), dans la musique ou le chant, avec refrains en espagnol et choeurs d'enfants évidemment ! Plus que tirer sur l'ambulance, les Fatals Picards remettent donc ce grand groupe à la place qu'il n'aurait jamais du quitter, et puis qui aime bien, châtie bien ! A côté, Monter le Pantalon plus facile, fait quand même sourire aux dépens de Zebda (même si Ma Ville des Malpolis était mieux torchée).
Plus trash et ô combien salutaire, Et puis Merde, je vote à droite, qui annonce avec un cynisme glacé l'ère violente et élitiste promise par Sarkozy. Au premier degré par contre, on trouve une reprise punk de Partenaire particulier, simple et jouissive, qui manquait en effet à notre répertoire spécial pogos régressifs. Et puis en fin d'album, les FP ne reculent devant aucun sacrifice, bien décidés à bourrer la galette : 27 minutes de déconnades, chansons plus ou moins écrites ou débiles (mention spéciale au Punk à Chien), entrecoupée des aventures cocasses de (comme on dit par ici) Dark Vador. Cet album tire donc à vue, mais visant juste, sur toute la chanson française, avec une aisance déconcertante : presque de quoi réconcilier Luz avec Delerm !
Alors reprenons tous ensemble : "Seuls les Fatals... Picards ! peuvent gagner l'Eurovision-hon !!"
(2007)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 03 avril 2007 par Philippe
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