Critique d'album
Têtes Raides : "L'an Demain"
Un signe aurait du nous inquiéter : au lieu des anciennes pochettes magnifiques et indestructibles signées des "Chats Pelés", au lieu du bonhomme griffonné en rouge sang sur Fragile (votre dernier disque intéressant en date, et déjà lui-même précédé de plusieurs efforts inégaux), ce présent disque ne propose plus qu'un portrait de votre minois ! Ce qui personnifie inhabituellement - et désagréablement - une musique qui avait pourtant toujours fonctionné jusque là sur un bel esprit collectif, et qu'on avait (et qu'on aura encore, espérons-le) plaisir à retrouver à chacun de vos passages sur scène...
Après un L'an Demain épuré, qui rappelle vos plus riches heures poétiques, après une Fulgurance encore assez percutante, il reste quoi ? Pratiquement plus rien : un ensemble de chansons déjà mille fois écrites et entendues chez vous, voire chez les autres... Cette déprimante Emma, limite cucul et que ne peut pas sauver le timbre éraillé de Jeanne Moreau, ce Marteau-Piqueur éculé, ce J'm'en fous dont le rythme pogo ne rappelle que douloureusement ses ancètres autrement plus barrés, et qui figuraient déjà sur Not Dead but Bien Raides (en 1989 !), ce Gérard poussif et bâclé, ce So Free assez horripilant, etc, etc.
A la limite, on peut défendre avec vous cette forteresse que vous appelez Angata, pour son engagement qui prolonge votre ancien "Avis de KO social", et pour quelques jolis mots (la "démocrature", pas mal !). Mais ça ne suffira certes pas à sauver cet ample et assez désolant ratage : entendons-nous bien, si un quatuor d'étudiants avaient sorti ce disque, on aurait salué leur effort en soulignant une parenté importante avec votre musique. Par contre, il est inacceptable que 20 ans d'un parcours musical richissime, et émaillé de chansons poignantes (dont certaines que l'auteur de ces lignes peut encore chanter par coeur, au siècle d'après) puissent encore, sauf obligation contractuelle avec votre maison de disques, sauf arriérés d'impôts devenus urgents, aboutir à pareille banalité que Pas à Pas, ou à un tel air de déjà-vu que Je Voudrais. Merde, quoi, non !
Certes, tant d'années à sortir des disques avec une régularité d'horloge, peuvent vous essouffler la toquante à la longue. Partis du punk-musette que vous aviez vous-même enfantés, le monde vous sait gré d'avoir ensuite réinventé la chanson française alors sérieusement sclérosée, tout en ayant ferraillé sur scène aux côtés de Mano Negra et Noir Désir dans les temps glorieux, et d'avoir finalement inventé un style flamboyant, toujours imité et jamais égalé qu'on a appelé "néo-réaliste". Encore faudrait-il ne pas en être aussi, à la longue, les fossoyeurs. On viendra sûrement vous revoir en concert, mais seulement après avoir réussi à vous pardonner cette frasque déplorable.
(2011)
Critique écrite le 26 avril 2011 par Philippe
Envoyer un message à Philippe
Les Têtes Raides : les chroniques d'albums
Les Têtes Raides : Fragile par Céline
22/01/2006
Depuis des années, les Têtes Raides accompagnent mes découvertes musicales.
Ca a commencé avec Mange tes morts, quand j'étais au lycée, dans une période punk et rock alternatif français. Puis ça a été Les oiseaux, et enfin Fleur de yeux, quand je... La suite
Les Têtes Raides : 28.05.04 par Pierre Andrieu
10/12/2004
Les Têtes Raides ne sont vraiment pas avares en albums, en tournées... et en disques live. Au premier abord, celui-ci, sobrement intitulé 28.05.04, paraît un peu dispensable après l'excellent dvd enregistré au théâtre des Bouffes du Nord, à Paris.... La suite
Les Têtes Raides : L'IDENTITé par Aurélien K
20/04/2004
Ce morceau est l'un de mes titres préféré tout groupe confondu. En effet l'intervention de Bertrand Cantat est remarquable tant sa voix se marie aux sons des tetes raides , c'est simple je ne m'en lasse jamais. C'est donc un titre que je conseille... La suite
Les Têtes Raides : QU'EST-CE QU'ON S'FAIT CHIER ! par Pierre Andrieu
20/03/2004
Ceux que les Têtes Raides faisaient chier sur disque ou sur scène avant cet album ne changeront pas d'avis... Les autres continueront à apprécier la sombre drôlerie des textes, l'instrumentation chanson rock fanfare, la voix grave de Christian... La suite