Accueil Chronique album : Martin Mey - Taking Off, par Lartsenic
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Critique d'album

Martin Mey : "Taking Off"

Martin Mey :

Pop - Rock

Critique écrite le 27 janvier 2015 par Lartsenic

One Time Too Many donne l'impulsion, signe d'un nouveau départ. La section rythmique s'est enrichie, emmenée par Laurent Tamagno: musclée, ronde, forte. Elle ancre l'album en de belles profondeurs. Au constat/ras-le-bol d'un rythme frénétique s'impose le besoin de se "débrancher/déprogrammer", vaste sujet qui nous touche tous, je suppose. Seed Song, par opposition, vient souligner le lent procès de la nature à donner corps à nos envies, tendre plainte à deux voix lancée vers le ciel, au lignes de piano raffinées. Une boucle lancinante ouvre Running Child, obsessionnelle, à la Radiohead. On y hume le parfum d'une innocence perdue, la nostalgie tendre d'une communion avec la nature et la sérénité de jeux d'enfants solitaires; solitude qui confine plus tard... comme dans Loner/Prisoner où apparaissent des cuivres, où le rythme s'accélère avec l'envie d'un partage (d'âmes?). Des "visages illuminés", signaux chargés d'espoir, viennent modifier les limites de la prison, éveillant de nouveaux désirs, puissants. Dans Lost In Tape#1,  le synthé a la douceur de certains instants de Ravel, il  fait aussi penser à Vangelis (La petite fille de la mer in L'apocalypse des animaux). J'y vois une ritournelle gracieuse dans un cirque virtuel. Puis c'est à coup de main claquée dans Apart que le cercle, protecteur du mauvais sort, se dessine. S'ensuit le magnifique duo avec Paulette Wright, It Just Happens, où les vibratos célestes de l'une épousent les basses de l'autre évoquant la magie poétique de certaines rencontres, point d'orgue lumineux de l'album. En contrepoint, Live cristallise tous les points forts musicaux et vocaux de Martin: étant tout à la fois cri intériorisé par les échos qui s'y propagent et puissante exhortation à vivre avec un grand V. Comme une promesse faite à soi-même, Never Go Down se déroule avec l'intuition et le battement de coeur pour guides: le sentiment de pouvoir prévaut.Elephant, plus folk est ma chanson préférée. Elle nous renvoie au Petit Prince de St Exupéry, faisant monter les larmes, les sourires, les frissons, et surtout inspirant une énorme tendresse pour cette humanité parfois malhabile qui nous caractérise. Elle convoque aussi le sentiment d'avoir grandi trop vite, l'aliénation. Sentiment sur lequel il décide de conclure. L'inquiétant Recognize accentue la sensation d'une lutte intérieure perpétuelle, titanesque.
Au travers de son bel album, Martin Mey évoque avec force et finesse les thèmes de la perte et de la séparation. Créer du lien, accepter qu'il se défasse, tel est notre lot. C'est le refus de la fin, naturelle, l'origine de tous les maux... L'angoisse, la peur affrontées, convoquées ici, viennent nuancer les éclats de lumières, leur offrir du relief. Martin est parvenu à créer un univers de pop électro élégante, généreuse et habitée. L'Enfant-Rêve est devenu prince, souhaitons-lui de merveilleux voyages parmi les étoiles.

2014 (Martin Mey - IN/EX Music - Differ Ant)

Vignette Lartsenic

 Critique écrite le 27 janvier 2015 par Lartsenic
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