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Chronique album : Melody Gardot - My One & Only Thrill, par Philippe
Jeudi 21 novembre 2024 : 6751 concerts, 27229 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Melody Gardot : "My One & Only Thrill"
Cet orchestre contribue d'ailleurs notablement à l'intérêt de ce disque, étant donné que la voix suave de Melody Gardot ressemble a priori à pas mal d'autres déjà entendues. Mais attention, elle n'est pas sans intérêt ! Au moins ne se veut-elle pas une pâle copie d'Amy Winehouse (comme cette pauvre Duffy), Amy qu'elle effleure avec classe de son ton un peu railleur, sur la soul plutôt swing de Who will comfort me. Et puis elle sait insuffler une tension érotique dans ses chansons, comme Your Heart is as black as mine, où elle dialogue d'une voix fêlée avec une trompette en sourdine, et dont le refrain évoque Marylin Monroe susurrant d'un air coquin "But my heart... belongs... to Dad-dy !".
Le pic tragique survient sur Our Love is easy, sublime chanson d'amour et véritable requiem jazz, d'une élégance suffocante, où le timbre fêlé et grave de la chanteuse doit certainement vous foutre une chair de poule de tous les diables sur scène... Une telle maturité, une telle sensualité à cet âge-là aurait probablement fait exploser André Manoukian en direct, tel un batteur de Spinal Tap, s'il l'eut entendue dans son télé-crochet... Autre climax, l'étrange My One and Only Thrill, célébration amoureuse plutôt apaisée au couplet, qui vire à l'étrange et au flippant sur des ponts de violoncelle destabilisants, qui évoquent le thriller, genre usurpation d'identité ou schyzophrénie. Il serait très étonnant que cette chanson terriblement cinégénique ne finisse pas sur une B.O.F. prochainement !
Et puis à d'autres moments, le disque revendique une certaine légèreté mélancolique. Certes la bossa d'If the Stars were mine s'écoute comme une agréable variante de la fille d'Ipanema - pourtant elle et ses onomatopées, vous squattent inexplicablement et plutôt agréablement le cortex pendant un long moment (d'autant que le disque se finit sur une deuxième version plus orchestrale). La filiation à Judy Garland est confirmée par un Over the Rainbow tropical et dépaysant (baton de pluie, tam tam et oiseaux exotiques...). L'inoffensive Les Etoiles, en français balbutiant, reste pour sa part anecdotique même si elle doit constituer un comble d'exotisme par delà l'Atlantique. Au final un disque de jazz chanté où se côtoient plusieurs titres splendides, malgré la méfiance initiale : cette jeune fille est promise à un bel avenir et nous irons volontiers nous liquéfier à son contact en live dès que possible...
(2009)
PS 2010 : En effet, le charme agit en concert...
Critique écrite le 26 mai 2009 par Philippe
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