Critique d'album
Mercury Rev : "Snowflake Midnight / Strange Attractor"
Or ici tout semble balancé joyeusement cul par dessus tête ! Parmi les rares points de repère, la voix haut perchée du leader et son amour jamais démenti, quasi enfantin, pour les flocons de neige, les papillons, les jeunes filles et les fleurs - rappelons que Johathan Donahue est le seul chanteur qui puisse battre des ailes en chantant sans avoir l'air ridicule. Et toujours, il est vrai, des envolées d'un lyrisme totalement premier degré et charmant.
Par contre, plus trace de ces mélodies académiques et splendides, idéales pour des rêves éveillés et endormis. Mais des rythmiques speed, des ruptures et des ponts étranges avec rires d'enfants énigmatiques (Butterfly's wing), qui semblent exprimer, en plus des psychotropes habituels, la prise en supplément d'amphétamines par le groupe : des passages déchaînés (Senses on fire), un groupe par moments totalement lysergique voire atone (October sunshine), par moments totalement ailleurs et énigmatique (Faraway from cars), rebondissant sans crier gare dans de la trip hop lourde ou de l'électro déglingué (Runaway Raindrop)...
Cette nouvelle formule fantasque et un peu bizarre donne pourtant de vrais morceaux de bravoure, comme Dream of a young girl as a flower, soudain bouleversante et chair-de-poulesque. Et un peu partout, des passages d'abord horripilants et qu'on finit par attendre, comme celui des rires d'enfants... La première écoute est ingrate, on l'a dit. Et pourtant c'est sur la persévérance, comme souvent dans ces cas-là, que l'auditeur s'apercevra être tombé sous le charme de cette oeuvre étrange, bancale et attachante.
People are so unpredictable ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité, messieurs, surtout sur un morceau aussi étrange ! Pour le coup personne ne pouvait prévoir une telle évolution ! A la limite ce diptyque ne rappelle que vaguement leurs tous premiers albums (également un peu abscons de prime abord), sans qu'on puisse dire si c'est délibéré.
Reconnaissons en tout cas à Mercury Rev un certain courage - avec leurs recettes éprouvées, il auraient pu sortir encore plusieurs disques beaux, mélodieux et tous pareils, et tourner paisiblement pour relever les compteurs : il y a ici une prise de risque totale qu'il convient de saluer. En 2008 chez les paysagistes du rock, un cycle semble s'achever : Mogwaï se répète, Sigur Ros lorgne vers la pop, et Mercury Rev laisse tout le monde en plan en accomplissant sa révolution copernicienne. Il ne vous reste plus qu'à choisir votre camp !
(2008)
Critique écrite le 02 décembre 2008 par Philippe
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