Critique d'album
Metallica : "Through The Never"
Bref Metallica, l'un des, allez, 5 plus grands groupes du monde en activité, est toujours là et ses membres (3 sur 4 sont d'origine, quand même !) avaient bien le droit de se faire un petit cadeau d'anniversaire pour leurs trente balais passés à mouliner comme des bêtes, sur cordes et sur peaux. Ce qui fut fait avec ce film, Metallica - Through The Never, permettant principalement aux fans de vivre un concert du groupe capté en 3D, tournoyant de quelques centimètres des guitares à quelques mètres au dessus d'une scène splendide, au coeur de l'action, et avec des effets spéciaux de malades...
Expérience à moitié familière donc (pratiquement tous leurs fans de plus de 15 ans les ont déjà vus en concert un jour !) et à moitié inédite et jouissive, de par les cadrages et vertiges inattendus, le son surround tuant, ainsi que par l'histoire annexe au concert - un jeune roadie part à la recherche d'un sac dont le groupe a besoin, et se retrouve dans une ville à feu et à sang. On ne commentera pas plus avant cette partie, principalement illustrative mais mal comprise par la plupart des plumitifs, puisque non linéaire (à ce sujet, on aurait bien aimé lire leur chronique de Pink Floyd - The Wall à sa sortie...).
Bref, l'auditeur généralement déjà au jus, retrouve ici sur la bande originale, une setlist aux petits oignons, démarrant comme il se doit par la chair de poule de The Ecstasy of Gold d'Ennio Morricone et le riff resté insurpassé en thrash metal de Creeping death (1984...). Mais ne finissant pas hélas, comme elle devrait selon la tradition, par Seek and Destroy. Hey, c'est qu'un film durant 1 heure 30 ne peut mécaniquement pas faire tenir un concert de Metallica complet, qui dure généralement 2 heures, et qu'aucune chanson n'est coupée ici !...
Aucun problème non plus n'est escamoté, des vrais imprévus (problème de micro sur Ride The Lightning, une Battery achevée en roue libre et des pains divers ici où là) aux faux accidents - la fameuse scène de la panne où la moitié de la scène s'écroule, une "blague" que les "3+1" Horsemen font depuis 20 ans environ, mais qui fait toujours son petit effet. Prétexte à une session "garage" où le groupe éructe, comme au premier jour, son Hit the Lights introductif, celui qui commençait leur premier LP, "Tuez-les Tous".... Tout ceci après avoir évidemment revisité tous les passages absolument obligatoires sans lesquels le public les scalperait à la sortie (For Whom the Bell Tolls, One, Master of Puppets (constituant le climax du concert à notre goût), Nothing Else Matters etc), et inclus les "néo-classiques" mais bien assimilées The Memory Remains et Cyanide.
On écoute ça comme on feuilletterait un album aimé et déjà maintes fois relu, à moins d'être au casque et très fort, auquel cas on se retrouve bien évidemment, et comme toujours, agité comme un poulet branché sur gégène ... Les plus ronchons - ceux qui ne sont pas vraiment fans, quoi ! - remarqueront ce que les autres arriveront à zapper : un chanteur à la fois un peu plus précis et à la fois globalement moins puissant qu'autrefois, un guitariste soliste qui n'a plus tout à fait sa régularité métronomique (ni sa créativité d'origine), un batteur qui s'emballe parfois sans qu'on sache très bien où il va atterrir - généralement sur les épaules heureusement rembourrées du bassiste quadrumane et hyper régulier, lui...
C'est que le fan de metal fait, en ce moment-même et pour la première fois, l'expérience de (se) voir vieillir (avec) ses groupes, ce qui implique d'accepter leurs changements, pas forcément en pire, mais pas toujours en mieux... Mais bon, demandez donc à un fan des Rolling Stones ce qu'il pense du jeu devenu largement auto-parodique de ses vieilles dames favorites, et de leurs prestations parfois proches du pitoyable (NB : jugement modifié en 2018 !)... Il s'en cogne ! Il les aime !
Pour nous c'est pareil avec Metallica (avec 20 ans de moins quand même, nos 4 gaillards sont quand même encore largement plus affûtés !) : on les suivra fidèlement, où ils iront et s'il le faut "A travers le Jamais"... Metalheads petits et grands, faites comme nous, continuez à chevaucher l'éclair, et ne vous privez pas de ce concert, joyeusement animé par le chanteur comme d'habitude, et donc éminemment plaisant à écouter !
(2013)
Critique écrite le 06 novembre 2013 par Philippe
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