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Chronique album : Fantomas (Mike Patton) - Delirium Cordia, par Philippe
Mardi 26 novembre 2024 : 6343 concerts, 27234 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Fantomas (Mike Patton) : "Delirium Cordia"
En mettant l'album dans la platine je m'attendais à peu près à tout et ça n'a pas loupé : 74 minutes... 1 seule plage (sachant que j'ai déjà eu un disque avec ces chiffres inversés, du même auteur) ! Après un début en chants choraux presque rassurants, à la cinquième minute on est déjà tombé dans le borborygme inquiétant. Ensuite et tout au long de cet inquiétant (et disons-là, éprouvant) voyage sonique, on traversera des ambiances vaudou, des manoirs anglais hantés, des plaines battues par des bises glaciales, les décors de Texas Chainsaw Massacre comme ceux de Resident Evil, bref l'ambiance générale est assez sombre... comme ces images de chirurgie qui décorent le livert.
Le tout à coup de triturages de sons étranges, de guitares défigurées, de notes de pianos, de sifflements, de souffles d'instruments à vent, de bruit blanc, de carillons flippants, de cris et autres bruits de bouche (Björk a d'ailleurs invité Mike Patton sur son dernier album pour ce talent particulier). L'un des principes de base, pour ainsi dire le seul auquel se raccrocher, est hélas que jamais une ambiance ne reste assez longtemps pour qu'on puisse s'y habituer (c'est comme chez Mr Bungle par exemple). Un seul exemple : ce qui ressemble à un début de morceau trash électro, qui monte, qui monte et s'annonce excellent, est zappé sans pitié par les musiciens (à t= 28'37" précisément) pour tomber sur deux notes de piano répétées et un battement de coeur.
Ce trip gothico-expérimental se finit par vingt minutes de craquements de vinyle ininterrompus et cinq secondes à hurler de rage (mais à ce moment-là vous aurez en principe déjà perdu connaissance ou fait une crise d'épilepsie). On l'aura compris, ce groupe ne s'adresse qu'à une minorité de gens, ceux qui veulent tout connaître et tout essayer. Mais attention, pour les autres qui se rassureront en le qualifiant fourbement de "taré" : il n'est pas exclu que Mike Patton ait simplement... 30 ans d'avance sur ce que nous (ou nos enfants) écouterons tous un jour.
(Ipecac/Caroline, 2004).
Critique écrite le 17 janvier 2006 par Philippe
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