Critique d'album
Head Cat (Motörhead-Stray Cats : "Walk The Walk, Talk The Talk"
Eh bien, jeunes et vieux, restez calme et buvez frais : The Head Cat est là ! Quoi ? Encore un boys band de perdreaux de l'année avec un nom en "The" ? Mais, que nenni ! Ouvrez donc le boitier, retirez le CD et voyez qui vous mate d'un air glacial. D'accord, le premier ne vous est pas familier : Danny B Harvey, légende (surtout dans son pays) du rockabilly. Par contre à droite, c'est bien Slim Jim Phantom, la grande chose maigre et impressionnante qui tabasse debout les fûts des Stray Cats depuis 30 ans. Et au milieu, le chapeau, la clope et la verrue, mais oui, c'est bien Son Altesse Lemmy Kilmister lui-même !
Mais sans sa mythique basse Rickenbacker, sans ce batteur chevelu et sans ses propres hurlements, soit l'assourdissant vacarme de son Motörhead habituel, pour un assez jouissif side-project qui, pour son altesse Lemmy 1er, est quasiment un album de musique de chambre ! Pour autant, ne pas s'y tromper, son intention n'est pas de retenter, comme dans ce quelque peu foireux Whorehouse Blues qu'il a longtemps joué sur scène, de jouer tranquillement ou pire, lentement : il s'agit bien ici d'interpréter, le plus souvent possible à fond la caisse, de grands standards de rock'n'roll, avec une forte connotation rockabilly. Seules exceptions, 2 chansons sont des originales de The Head Cat : American beat qui ouvre le disque, rock'n'roll simple et de bon goût, affichant de belles intentions belliqueuses, et The eagles flies on friday, un blues minimal et classieux.
Pour le reste, en route pour 30 superbes minutes de rock'n'roll circus : réjouissante Say Mama (par le grand Gene Vincent) ; explosive Bad Boy (un des premiers succès des Beatles avec son célèbre "Now Junior, behave yourself !" ) ; puissante Shakin All'Over (crée par Johnny Kidd et popularisée en France par Vince Taylor) ; pétaradante Let it Rock (de l'immense Chuck Berry, bien sûr !) ; une grande version de Something Else (d'Eddie Cochran, et pour les francophones purs et durs : "Cette fille-là, mon vieux, elle est terrible !", ça vous parle ?) ; une version blues plaisante de Trying to get to you (d'Elvis the Pelvis) ; une reprise un peu trop calme de You can't do that (des Beatles encore : ceux qui ont vu le formidable Lemmy The Movie connaissent l'amour du bonhomme pour les kids de Liverpool) ; une forcément pianistique version d'It'll be Me (de Jerry Lee Lewis) ; et pour finir un Crossroads déjà piqué avant eux par des milliers de musiciens au grand Robert Johnson lui-même, et qui sonne presque comme du Motörhead unplugged !
A vrai dire The Head Cat n'en est pas à son coup d'essai : un premier album appelé Fools Paradize était sorti il y a 5 ans mais avait été fraîchement accueilli : interprétation un peu baclée, playlist un peu hasardeuse et trop chargée en Buddy Holly, enregistrement un peu trop "pub rock"... Mais cette fois-ci c'est du sérieux : l'album est cohérent, bien joué et bien produit ! Et plus, c'est agréable à noter : les chansons reprises ne sont jamais les plus grandes "tartes à la crème" de leurs auteurs (sinon par exemple, ils auraient pris C'm'on Ev'rybody pour Eddie, Johhny B Goode pour Chuck, etc, etc...). Bref, vieux et jeunes réjouissez-vous : le rock'n'roll éternel ne mourra jamais, et ce disque peut rejoindre sans problème votre section "classic rock" qu'il illuminera de son enthousiasme quasiment juvénile !
(Niji Records, 2011 - en vente par exemple chez Sabre Tooth Records, Marseille)
Critique écrite le 07 août 2011 par Philippe
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