My Own Private Alaska : "Amen"
Non, My Own Private Alaska n'est pas la suite du film de Gus Van Sant. Peut-être est-ce une façon de prévenir les auditeurs que ce groupe arrive là où on ne l'attend pas ? À l'image de la pochette qui laisse apparaître des touches de piano, les morceaux que l'on découvre ne sont ni blancs, ni noirs et ont vécus. Certains ont eu une première vie sur un EP qui porte le nom du groupe. Ensuite ils ont été remaniés car ils sont passés entre les mains de Ross Robinson qui nous sert de guide en terra incognita. Loin des grosses pointures que sont Sepultura, The Cure ou Machine Head, le producteur a fait le choix artistique de se pencher sur un projet atypique puisque l'opposition entre la douceur du piano et la violence du chant marque le renouveau d'un genre musical. Exit : la basse et la guitare saturée que l'on a l'habitude de retrouver dans de nombreux groupes d'hardcore screamo. Ici, seul le jeu de batterie que l'on pourrait qualifier de rock est capable d'opérer des allers-retours entre le côté classique des compositions et les cris poussés par un chanteur qui démarre souvent ses morceaux avec un peu de spoken word mais se laisse vite porter par la mélancolie du piano qui l'incite à hurler. Il ne sera donc pas facile de tendre l'oreille sur 11 morceaux de cet acabit si l'on se plait à tout catégoriser.
Chronique initialement rédigée pour le magazine le Tafeur n° 35