Accueil Chronique album : Narrow Terence - Narco Corridos, par Chlorophil
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Critique d'album

Narrow Terence : "Narco Corridos"

Narrow Terence :

Pop - Rock

Critique écrite le 14 mars 2010 par Chlorophil

Attention talent ! On vous avait déjà prévenu dans ces pages : Narrow Terence est un groupe talentueux. Sur scène, ils excellent, ils expriment totalement ce talent, que ce soit seuls où lors de leurs nombreuses collaborations (EZ3kiel, Mansfield TYA, Calexico ou Moriarty). Malgré cela, Leur premier album avait pu décevoir : un peu trop léché, un peu trop lisse, et surtout privé de l'énergie folle qui émane d'eux sur scène. Malgré de bonne chansons, malgré de très belles mélodies, Low Voice Conversation laissait en effet l'auditeur sur sa faim, en particulier celui qui, comme moi est époustouflés à chacune de leurs apparitions dans une salle de concert. Heureusement pour nous, non contents d'être talentueux, les membres de Narrow Terence sont aussi perpétuellement à la recherche du progrès. Et du progrès, il y en a eu depuis leurs premiers concerts, depuis ce
premier album. Les frères Puaux (Antoine au chant à la guitare et à la batterie, et Nicolas à a guitare et au chant) et leur presque demi-soeur (Christelle Lassort au violon) reviennent cette fois avec un album plus que réussi. Dés la première écoute, Narco Corridos attrape l'auditeur, l'assoit et ne le lâche plus. L'ouverture avec le titre éponyme pose le décor et annonce que les références seront, consciemment ou pas, plus cinématographiques (Tim Burton, Jim Jarmush, Sergio Leone, Wim Wenders) que musicales (Nick Cave, Tom Waits, Ennio Morricone). L'instrumental Narco Corridos, mélange de surf music et de klezmer est une "road song", comme il y a des road movies. Elle nous emporte du sud ouest américain vers le fin fond des Balkans, du blues et du rock gras vers les mélodies subtiles et les berceuses dansantes... A ce morceau inaugural, il manque des voix. Celle d'Antoine qui semble sortir d'outre tombe nous invite sur le deuxième titre à un Dinner, une comptine faussement naïve. Sur le morceau suivant, celle de Nicolas, bien que plus douce, raconte pourtant une histoire sortie d'une cave en enfer (Cave in Hell), qui parle de trahison, de mensonge, de sang et de crime, mais aussi d'espoir. Ces deux titres finissent de camper l'ambiance, et je pourrais presque arrêter là cette chronique. Mais Narco Corridos a un autre pouvoir : celui de happer l'auditeur, celui de faire qu'on monte le son à mesure que le ton de l'album hausse. La musique de Narrow Terence nous prend par la main (How she Ruined my Day / Love Battle), dans ses bras (Camilla's Tune / The Man Who Thinks), et nous soulève pour mieux nous perdre (le magnifique diptyque Wet Dead Horses + Bottom Bitch). Des morceaux oniriques savamment déstructurés, des complaintes énergiques, la présence du violon justement dosée et des guitares saturées, une rythmique qui assèche la gorge et fait palpiter le coeur, des cuivres (Thomas Quinart, Cyril Solnais et Gaël Riteau), des claviers et des percussions subtils (Stéphane Badiaud de EZ3kiel, Thomas Pirot de Nelson), le tout enrobé d'un SON superbe qui, loin de faire injure à la folle énergie scénique de ce groupe, ne fait que la sublimer. Narco Corridos est enfin l'album à la hauteur du talent de Narrow Terence, et c'est une des meilleures nouvelles musicales de ce début d'année.

(22 Mars 2010).
Vignette Chlorophil

 Critique écrite le 14 mars 2010 par Chlorophil
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