Accueil Chronique album : Nick Cave / Warren Ellis - The Proposition (Bande Originale), par Philippe
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Critique d'album

Nick Cave / Warren Ellis : "The Proposition (Bande Originale)"

Nick Cave / Warren Ellis :

Pop - Rock

Critique écrite le 22 janvier 2010 par Philippe

Il y a plusieurs façons de bâcler la musique d'un film, même pour certains grands maîtres. Les plus courantes sont au pire, de faire appel à l'un des 3 ou 4 tâcherons qui en pondent 50 par an (tels Scorsese, Eastwood, Coppola après le Parrain...), au mieux de réaliser de simples compils érudites mais fainéantes (tels Tarantino, Jarmusch, Aronofski...). Et puis de temps en temps quelqu'un prend la chose au sérieux et fait illustrer son film d'une musique inédite, composée par des artistes - et non par des musiciens. Créant ainsi un nouvel opus dont les thèmes les plus marquants peuvent alors vous obséder pendant des jours, avec les images associées par le cerveau : l'illustration musicale peut même dans certains cas faire un chef d'oeuvre d'un film qui aurait pu n'être qu'une réussite (chacun sait qui a illustré Il était une fois dans l'Ouest, The Virgin Suicides ou La Marche de l'Empereur...).
Eh bien c'est aussi le cas de The Proposition, par Nick Cave & Warren Ellis. Dont il faut signaler d'entrée que Nick Cave, artiste complet, en a également écrit l'histoire, tandis que les cordes de Warren Ellis jouent le premier rôle dans la musique. Western australien crépusculaire, sauvage et magique, dont le plus simple pour ne pas trop en dire est de le qualifier, sans chichis, de PUTAIN de chef d'oeuvre, esthétiquement sublime, joué par des acteurs en état de grâce. Au fait, à moins d'être parisien, vous pouvez le télécharger tranquille, il a été hyper mal distribué en France...
Premier aspect fascinant après l'introduction sur l'air traditionnel There is a Happy Land : des pistes qui reviennent de façon cycliques tout au long de l'histoire, à peine modifiées d'une fois à l'autre. Correspondant à des actions qui se répètent au long de l'histoire : négociation sous la menace d'une arme, chevauchée échevelée, contemplation de coucher de soleil, scènes sanglantes... The Proposition, titre en trois parties, pose et maintient ainsi grâce à quelques notes simples et sinistres de violoncelle, posées sur un fond fiévreux et floydien, l'ambiance mortifère qui plane tout au long du film, dans un pays littéralement sans foi ni loi - chaque fin étant, mais à peine, égayée par quelques notes chantées et apaisées.
The Rider, en 4 parties, est un poème chanté (et magnifique), qui peut aussi s'entendre comme un chant aborigène si l'on n'en retient que la fascinante prosodie. Le deuxième de la série est soudain zébré de guitares en larsen, et de vociférations inquiétantes qui augurent du projet Grinderman. Ce cycle est conclu par The Rider Song, chanson plus apaisée sur le mode crooner auquel s'adonne parfois Nick Cave (époque Nocturama), avec toutefois un violon country apporté en bonus par son collègue barbu... Mais le thème peut-être le plus obsessionnel du film, celui qui risque vraiment de vous vriller le cerveau - 2 violons entremêlés jouant des arpèges sur trois notes de piano, arrive vers la fin Martha's Dream, avant d'être doublé de cimbales sur Queenie's Suite...
Et puis des titres correspondant à des scènes uniques et isolés en style, et dont les deux pistoleros semblent ne pas avoir su quoi faire. Ils se finissent donc par un "thing" péjoratif : The moan Thing (le truc en murmure), The Gun Thing (le truc au flingue), etc. C'est les plus bruitistes donc, pas les moins intéressants ! Enfin, il y a des titres isolés comme Down to the Valley ou Clean Hands, Dirty Hands qui conclut : de vraies Murder Ballads à l'ancienne.
Mr Cave, offrant par cette musique inoubliable, un film majeur à son ami John Hillcoat, recrée à sa façon la regrettée et jamais remplacée symbiose western Leone/Morricone et prouve ainsi, dans une projet ayant précédé de peu le très réussi Dig! Lazarus! Dig!, qu'il est un artiste prolifique, généreux et décidément indispensable.
(2005)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 22 janvier 2010 par Philippe
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