Critique d'album
Nirvana : "Live At Reading"
Grâce au génie mélodique de Kurt Cobain, à son sens imparable de la pop song punk et à la puissance de feu du couple Krist Novoselic/Dave Grohl, les tubes de Nirvana sont sur toutes les lèvres en 1992. Porte parole malgré lui d'une génération en manque d'idoles sincères et respectables, le mari de Courtney Love (qui aura droit à Reading à un poignant "We Love You Courtney !" hurlé par le public, à la demande - touchante - de Kurt) prend de plein fouet la célébrité, le succès colossal et les excès de la presse à scandale. Il a toujours voulu être célèbre mais il n'est pas prêt à en payer le prix fort à vie. Pour se foutre de la gueule des journalistes des tabloïds rock (qui l'annoncent déjà mort ou malade... ), il se pointe en fauteuil roulant poussé par un roadie sur la scène du festival anglais. Puis, il fait mine de se lever et d'entonner The Rose, la scie chantée par de Bette Midler, puis s'écroule, "pour de faux". Affublé d'une perruque blonde et d'une sorte de blouse blanche ressemblant à une camisole, Cobain se relève ensuite pour livrer une performance live qui restera comme l'un des plus mémorables de celles données dans le grand cirque du rock 'n roll. Toujours sur le fil du rasoir au niveau du chant, volontairement borderline sur les solos et avec un volume de distorsion hyper punk, le leader de Nirvana provoque une déflagration sonique sur tous les titres, qu'ils soient extraits du premier album du groupe, Bleach, du multiplatiné Nevermind, d'In Untero, le chant du cygne - encore en gestation à l'époque - ou inédits, comme la reprise de Fang, l'excellent The Money Will Roll Right In. En 2009, rien n'as pris une ride, l'émotion et l'énergie sont intactes, la puissance tubesque des compositions est incroyable et le parti pris "power trio punk" fonctionne à merveille. En tête d'affiche d'une journée où Nick Cave & The Bad Seeds, Mudhoney, Teenage Fanclub, L7, Beastie Boys, Pavement, Screaming Trees et The Melvins (soient le who's who du punk 'n grunge hip hop rock) se sont succédés sur la grande scène, la lame de fond nirvanesque emporte tout sur son passage. Pas encore totalement désespéré, même si son regard semble déjà ailleurs, Kurt Cobain chante comme un ange déchiré dont les cordes vocales sont en papier de verre, tout en n'omettant pas de martyriser admirablement sa six cordes tandis que Dave Grohl mitraille sa batterie comme un kamikaze sonique (quel batteur ! c'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui cf Them Crooked Vultures) et que Krist Novoselic délivre d'énormes lignes de basse hyper basiques et catchy. Clairement, Nirvana magnifie son répertoire sur scène : du premier titre, Breed, au final punk bruitiste sur Territorial Pissings (suivi par une belle destruction du matériel), en passant par Lithium, Come As You Are, Polly, Smells Like Teen Spirit, Drain You ou encore Love Buzz, Spank Thru, In Bloom et Aneurysm, le trio défonce tout, fait hurler le public comme jamais et laisse une empreinte indélébile dans les oreilles et les yeux. La performance du concert de Reading est si bien filmée et sonorisée, qu'on s'y croirait presque : on ressent parfaitement chaque riff, chaque rythmique, chaque hurlement, chaque mélodie...
Comme le formidable danseur - devenu un ami du groupe après sa prestation sur scène l'année précédente à Reading, avant que la popularité du groupe n'explose - invité sur scène sur de nombreux titres, on a très envie de danser comme un dingue en regardant l'étendue des dégâts provoqués par ce concert ultime. Ne croyez pas les profs de guitare bas du front, les fans de rock aseptisé et les incurables sourdingues ou exégètes culs serrés qui disent que Nirvana est un groupe pas assez bon techniquement et réservé exclusivement aux adolescents : s'il massacre très brièvement et volontairement More Than A Feeling, Star Spangled Banner (l'hymne américain) ou Smoke On the Water, c'est pour mieux se concentrer sur ses titres géniaux réunissant en leur sein le meilleur de Black Sabbath, The Stooges, The Beatles, Led Zeppelin, Pixies, Sonics, Vaselines, Leadbelly, The Melvins, Thugs et Sonic Youth, tout en restant 100% originaux. N'en déplaise à certains, cette musique à la fois accrocheuse, extrémiste, cathartique et torturée est plus que jamais inspirante et vivante au 21ème siècle. Puisse cet excellent dvd live faire briller la flamme du punk rock 'n roll, tout en permettant aux cohortes de fans ou de novices d'atteindre le nirvana...
Liens : www.hereisnirvana.com, www.myspace.com/nirvana, www.facebook.com/Nirvana, www.twitter.com/hereisnirvana.
Novembre 2009 (David Geffen - Universal)
Critique écrite le 28 novembre 2009 par Pierre Andrieu
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