Critique d'album
Pj Harvey : "White Chalk"
Et cela au moment où elle a rencontré un instrument aussi sensible qu'elle et jamais fréquenté auparavant, choc frontal qui a donné un son radicalement différent de ses derniers albums un peu mineurs : un piano ! Et pas un Steinway, non, juste un piano normal, à peine accordé... et qui a engendré cette presque nouvelle voix, incroyablement claire, pour dialoguer en autistes tout l'album, à peine agrémenté d'accompagnements discrets et de choeurs fantômatiques.
"Dear Darkness, won't you cover me again ?", supplie-t-elle d'une voix pleine de larmes, dans la plus belle chanson piano-voix entendue depuis celles d'Antony & the Johnsons... A mille lieux de ses performances rocailleuses et tonitruantes, sa voix étonnante dans les aigüs, et qui se marie à de magnifiques arabesques de notes, vole comme un oiseau sur Grow Grow Grow.
De ses habituels instruments à cordes, guère, à part un tout petit peu de guitares sur White Chalk, ou plutôt un banjo qui paraît joué par Sufjan Stevens lui-même sur cet air folk doux, à l'harmonica presque gai, comparé au reste. Tout comme Silence, court et magique moment d'une résilience possible que l'extraordinaire songwriter folk aurait pu composer...
Mais le reste du temps, le spleen l'emporte : elle s'excuse de la vacuité de sa vie auprès d'un amant parti depuis longtemps (Broken Harp), ou bien parle de solitude à sa grand-mère morte sur un air déglingué (To talk to you)... Elle consacre aussi une chanson de pop hantée à l'instrument, The Piano, qui rappelle son époque bénie de To Bring you My love, avant de parler d'un mystérieux départ qui fait froid dans le dos (Before Departure).
Et surtout, on reste personnellement hanté par l'image qui nous a saisi à la fin de la terrible et culminante The Mountain : celle d'une lourde porte en bois se refermant sur ce spectre blanc, poussant des hurlements de folle désespérée, ne comprenant pas qu'il est parti depuis longtemps sur le territoire des morts... Bref, l'expérience intime et bouleversante d'un concept-album, une demi-heure à peine et onze chansons toutes indispensables, un disque en tous points formidable et incontestablement l'un des plus beaux de ce siècle.
(2007)
Critique écrite le 02 octobre 2007 par Philippe
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